
Dirty Honey
Dirty Honey
Produit par Nick DiDia
1- California Dreamin / 2- The Wire / 3- Tied Up / 4- Take My Hand / 5- Gypsy / 6- No Warning / 7- The Morning / 8- Another Last Time


Il y a des albums comme ça qui sonnent comme une évidence. Dirty Honey, commis par le groupe du même nom, est de ceux-là. Un disque de pur hard rock, de ceux qui ont d’emblée tout pigé, tout intégré, tout restitué. Un disque si bon qu’il pourrait presque déjà faire de l’ombre à ses illustres aînés, Aerosmith et les Guns N’ Roses en tête. Et malgré la profusion de formations intéressantes officiant dans ce créneau revival heavy fort encombré, notez que ce n’est pas chose si courante.
Il aura fallu peu ou prou trois ans aux natifs de L.A. pour sortir du lot et taper dans l’œil de leurs aînés, Slash tout d’abord, puis Myles Kennedy et ses Alter Bridge et, par effet ricochet, les Gunners eux-mêmes, chacun s’étant fait un fort de les embarquer en première partie de tournée. Il faut dire que les Dirty Honey ont tout pour eux : un chanteur pugnace au grain de voix rappelant tout à la fois celui de Steven Tyler et d’Axl Rose - en moins poil à gratter, un guitariste qui sait trousser des riffs bluesy aux petits oignons, un batteur costaud et impliqué, et surtout un bassiste à l’ancienne qui assaisonne les compositions de lignes variées et insaisissables. Une formule d’autant plus gagnante que la mélodie suit et que l’attitude s’avère irréprochable. Que dire de plus ?
Une seule chose : foncez écouter Dirty Honey. On n’avait plus autant pris notre pied depuis l’apparition des Rival Sons, même si les jeunots emmenés par le fringant Marc Labelle au micro se montrent sensiblement plus académiques et proches de leurs modèles d’antan que l’équipe de Jay Buchanan. La science du riff se révèle imparable - on vous met au défi d’en trouver un plus définitif que celui de “California Dreamin”, entraînant, cogné, balancé, du bonheur à l’état brut. John Notto maîtrise au poil sa six-cordes et nous gratifie de soli maîtrisés, pas flambeurs, juste de copieux morceaux de bravoure tout entiers au service de l’esquif. Les titres s’enchaînent, usant d’un même mid tempo chaloupé gorgé de blues et de stupre. Ils répondent au nom de “The Wire”, “Take My Hand”, “No Warning”, et tous fonctionnent d’enfer. Pas loin de la fin, “The Morning” rajoute un petit côté boogie pas déplaisant à l’ensemble. Ailleurs les angelins s’acoquinent avec des choeurs féminins (“Tied Up”, clin d’œil sans doute au hit d’Izzy Stradlin sur le Use Your Illusion I, ou encore la power ballad très Aerosmith FM “Another Last Time”) ou haussent le tempo avec un égal bonheur sur “Gypsy” ; ne pas s’arrêter au cliché du nom du titre en lui-même : le morceau fait preuve d’une redoutable efficacité. On insiste, mais Justin Smolian se pose comme un bassiste de tout premier plan : le mix lui rend hommage, et on reste pantois devant tant d’inventivité, de variété et de musicalité, au point qu’une écoute de l’album toute entière centrée sur la basse pourrait sans souci s’envisager.
Rien à ajouter : Dirty Honey des Dirty Honey est une franche réussite, un disque aussi furieusement classique que joyeusement inattaquable. Manque encore un chouïa de maturité, un soupçon de verve mélodique, un ou deux tubes qui tuent, et on tiendra peut-être enfin un tenant du revival 70’s capable de tutoyer voire, soyons fous, de surpasser ses maîtres. Mais ne crions pas victoire trop tôt car nombreux sont ceux à avoir prétendu à la couronne, or on sait ce que sont devenus les The Parlor Mob, Airbourne, Kadavar et autres The Answer après des débuts tout aussi prometteurs et par la suite incapables de confirmer les attentes (certes démesurées) placées en eux. Souhaitons toute la réussite possible à Dirty Honey, et reconnaissons tout de même qu’ils prennent ici un fort beau départ.