Rock en Seine 2016

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  Introduction
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• Vendredi 26 Août: Des débuts chaotiques
• Samedi 27 Août: En net progrès
• Dimanche 28 Août: la journée de la folie
• Conclusion

Samedi 27 Août: En net progrès

On efface et on recommence: c'est reparti pour un tour en ce samedi caniculaire. Une particularité de la programmation de ce Rock en Seine 2016 que la programmation n'offre aucun temps mort. Le festivalier est en permanence plongé dans un magma de sons, ce qui n'est pas évident à gérer lorsque la fatigue liée à la chaleur s'ajoute à celle causée par le bruit. Mais tels sont les aléas des festivals et c'est en âme et conscience que nous bravons la météo pour aller applaudir nos héros. Après tout, d'habitude on patauge dans des torrents de boue... 

Casseurs Flowters: le premier sans-faute du week-end

Raphaëlle

Commençons par un rappel qui va sonner comme une évidence aux plus jeunes. En 2016, il est possible que dans un même cerveau humain, à peu près normal, cohabitent une passion pour les déboires d'Orelsan et une autre pour le rock. C'est comme ça qu'on a été élevé par MTV puis Youtube: écoute de tout et fais ton choix, sans avoir à choisir de famille. Ainsi, l'immense majorité des festivaliers connaît Orelsan, adore son groupe Casseurs Flowters avec son pote Gringe et trépigne d'impatience à l'idée de voir ses héros sur la scène d'un festival majeur, fut-ce de rock. On se demande dans ces conditions pourquoi les organisateurs n'ont pas pris le risque de les programmer sur la grande scène. Cela aurait permis de profiter du concert sans être écrabouillé dans une foule compacte et enthousiaste. 

Les rappeurs semblent très à l'aise, même s'ils ont peut-être un peu chaud malgré les brumisateurs. Gringe abandonne même son bonnet, c'est dire ! Ils déroulent le fil de leurs chansons relatant leurs échecs les uns après les autres, scandant des punchlines devenues cultes et reprises par une bonne partie de la foule en délire.

Ça bouge dans tous les sens sur "Ils sont Cools" et "Fais les backs", on a la gorge un peu nouée sur "Inachevées", on s'époumone sur "La Terre est Ronde", on se défoule sur "La mort du CD"...

Malgré le soleil qui donne sur la grande scène et leurs habits noirs (faut dire qu'ils sont pas bien malins non plus), les deux acolytes aidés d'Ablaye ne se ménagent pas. Ils se dépensent encore plus que nous, ce qui nous aide à ne pas nous poser trop de questions et à les suivre dans la danse. Au bout d'une heure, on est crevés mais réjouis d'avoir assisté à un concert plein d'énergie. 

Erwan

Quoi, on parle de rap sur Albumrock ? Et d’Orelsan en plus, même pas d’un vrai rappeur. Pfff n’importe quoi.

Et pourtant les copains, on va le faire. Profitant de la légitimité que le festival Rock en Seine (tout est dans le titre, c’est du rock on vous dit) donne aux Casseurs Flowteurs, mais nous appuyant également sur une valeur indiscutable : le concert d’Orelsan et Gringe était l’un des meilleurs du week-end.

Les casseurs Flowteurs, c’est avant tout une histoire de potes. Si Oreslsan est le nom que vous connaissez sans doute le plus, grâce à un background déjà bien fourni en solo, son compère Gringe n’a jamais été loin, apparaissant sur quelques titres par-ci par-là. Tout comme DJ Skread, ou le pote Claude (le plombier gênant, pour les plus connaisseurs). Avec les Casseurs Flowteurs, toute la petite équipe est mise en avant avec pour aboutissement du projet un film sorti en 2015 qui retrace le parcours d’Orelsan et Gringe et leurs débuts dans la cité totalement gangsta de Caen.

Orelsan, ce rappeur "grand public", titre qui fait doucement sourire quand on se rappelle de l’étiquette qu’on lui collait il y a quelques années, réussi le tour de force de réunir une foule immense au milieu d’un festival rock où les gens se déplacent en théorie plus pour Iggy Pop ou Foals que pour lui. Quelques curieux oui, des gens qui traînent devant la scène de la cascade entre Wolfmother et Grand Blanc/Bring Me The Horizon. Mais surtout des jeunes et un peu moins jeunes, pas forcément amateurs de rap mais chez qui les Casseurs Flowteurs font sonner quelque chose de particulier.

Car c’est là la force de ce duo d’ados de 20 ans approchant de la trentaine. Savoir saisir la température d’une époque, d’une génération, mettre en musique les angoisses les plus ridicules de ceux qui oscillent éternellement entre la fin de l’adolescence et les responsabilités du vrai monde sans trouver une place.

Orel et Gringe entrent triomphalement sur "Fais les Back", morceau de leur premier album qui résume parfaitement leur complicité, chacun terminant la phrase de l’autre. On peut remercier pour une fois la régie, qui parvient à régler deux voix correctement simultanément pour la première fois du week-end. Les deux artistes ont avec eux un DJ et leurs titres sonnent grosso modo exactement de la même façon qu’en studio, à l’exception de "Si Facile" pour lequel le guitariste à l’origine du morceau les rejoins sur scène, et de "Xavier", interprété par Claude, sur lequel le DJ sample l’instru de "Nightcall" de Kavinsky. L’autre grosse différence avec les morceaux sur disque est la qualité du chant d’Orelsan, qui a développé avec les Casseurs un goût pour les refrains chantés. Orelsan chante faux, complètement faux, et ce n’est de toute façon pas pour ses qualités au chant qu’on vient le voir, mais Orelsan sait aussi en rire ("J’écris des trucs vrais, mais j’les chante un peu faux").

Le set oscille entre les morceaux faits pour bondir et détruire des objets innocents aux alentours ("La Mort Du Disque", titre au clip extrêmement drôle pendant lequel le groupe balance des disques en plastique dans tous les sens pour les détruire, est le moment le plus électrique de la journée de samedi) et les morceaux plus profonds, plus touchants aussi, comme "Inachevé" qui conclut leur dernier album et le film dont il est tiré. Gringe et Orel terminent le morceau a capella, un choix fort qui donne des frissons.

On peut reprocher aux Casseurs Flowteurs de rapper l’échec au moment où tout leur réussit. Difficile de donner un sens à des paroles comme celles d’"Inachevé", "Si Facile" et "A L’heure Où J’me Couche" quand on fait flamber l’une des plus grandes scènes d’Île de France. C’est là qu’entre en jeu la fiction, puisque si la plupart des titres sont autobiographiques, tout est romancé (les deux albums partent du même postulat, postulat qui s’est transformé en film l’an dernier), et c’est également là que les morceaux font écho dans le cœur des gens non pas pour ce qu’ils racontent des artistes, ou même vraiment de la vie, mais pour ce qu’ils racontent de nous. Les Casseurs Flowteurs nous quittent sur "Bloqué", qui a inspiré le programme court de Canal + du même nom, et qui est un peu plus en scène que les autres morceaux puisque chacun des deux rappeurs se fige une fois son couplet terminé. Les applaudissements sont intenses, les Casseurs Flowteurs ont parfaitement réussis leur pari : nous rendre un peu tous ado en ce samedi après-midi.

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Le futur du bac français.

Bring Me The Horizooooooon, l'espoir brisé

Erwan

"BRING ME THE HORIZOOOOOOON" A en croire les groupies entassées devant la scène, c’est ainsi qu’il faut appeler la formation d’émo-core britannique portée par le personnage qu’est devenu Oli Sykes en quelques années. Pourtant premier constat, contrairement aux Casseurs Flowteurs, Bring Me The Horizooooooon n’attire pas tant de monde que ça. Preuve que la moins crédible des formations hardcore reste encore un groupe de niche.

Entrer sur "Happy Song" était le meilleur choix pour Bring Me. Le titre est le vrai point de départ de leur dernier album (rattrapant de justesse le triste "Doomed") et balance d’un coup un riff puissant et efficace tout en scandant le nom de l’album. Le break de fin de "Happy Song" est parfait pour montrer les muscles, comme un peu plus loin "The House Of Wolfes" et "Can You Feel My Heart".

Mais si les musiciens s’en sortent bien, les rythmiques cognent comme il faut et les effets électro dont le groupe raffole de plus en plus sonnent correctement, Bring Me se heurte au même problème qu’à chacune de ses représentations : Oli Sykes ne sait simplement pas chanter. Lui qui à l’origine évolue dans un registre guttural, en chantant presque exclusivement en scream, s’est mis à beaucoup plus chanter sur les titres les plus récents du groupe. Ce qui en soi est très cohérent avec la façon dont le groupe a évolué, et qui est loin d’être raté sur CD. En témoignent les supers "Throne" et "True Friends" sur leur dernier disque. Mais en live, Oli ne chante quasiment jamais juste, au point d’être parfois en semi-playback. Difficile alors d’apprécier ces titres pourtant bien fichus.

Cherchant sans doute à faire plaisir à ses nouveaux fans, Bring Me prendra le temps d’un interlude entièrement pop avec "Follow You" pour ensuite terminer avec "Throne" et "Drown". Si certains mettaient encore en doute les changements radicaux dans la musique du groupe, Bring Me n’a interprété ce samedi aucun titre d’avant 2013, laissant de côté ses 4 premiers albums, et avec eux ses meilleurs titres. Finalement, Bring Me The Hooooooorizon a été égal à lui-même. Gênant quand on connait son potentiel, mais un minimum agréable avec ses morceaux les plus proches de ce qu’ils étaient vraiment avant de se perdre, à savoir un groupe de hardcore de qualité.

Grand Blanc: efficace

Raphaëlle

Et c'est parti pour le cinquième live report de Grand Blanc sur Albumrock (à moins que ça ne soit le sixième?)! A peine le temps de se trouver une place dans l'herbe, à l'ombre, et le concert de Grand Blanc commence. Le contraste est total après la fausse insouciance des rappeurs précédents, puisque Grand Blanc rafraichit l'atmosphère avec la vaporeuse "Degré Zéro". Je ferme les yeux, emportée par leurs rimes "dans la nuit noire,noire/Le cœur comme un frigo/Il n'y a plus rien à boire/Dans mon cœur, comme un frigo/Passion normale, degré zéro". Le début est plutôt calme, avec le mélancolique "Summer Summer" et le distant "l'Amour Fou", deux titres qui figurent sur leur album Mémoire Vive sorti en Mars dernier.

Le groupe fait preuve de beaucoup de décontraction face à la foule, ce qui est d'autant plus appréciable que je les ai vus stressés dans une salle de 200 personnes il y a deux ans. Benoit prend régulièrement la parole pour dire des choses avec un humour ("on vous aime, vous êtes beaux") qui ne masque pas totalement leur émotion d'être là, à Rock en Seine, programmés comme des stars à 18h50, entre les Casseurs Flowters et la Femme. Le son est plus rugueux que d'habitude, pimpé par des riffs de guitare bien sentis et (enfin!) une vraie batterie. Comme d'habitude, leur bande de potes s'est rassemblée devant la scène et c'est en totale osmose avec eux que Benoit souhaite un joyeux anniversaire, puis leur lance des bombes à eau aidé par Camille (démarche d'autant plus appréciable qu'il fait toujours aussi chaud).

Le groupe passe la vitesse supérieure en dégainant coup sur coup ses quatre titres les plus redoutables: le robotique "Bosphore" (tiré d'un kebab à Metz!), l'étourdissant "Désir désert", le protéiné "Verticool" et surtout, l'irremplaçable "Samedi la Nuit". Ce dernier conclut le set en beauté dans un déferlement  cathartique. En sortant, les quatre musiciens se tombent spontanément dans les bras.

La Femme: toujours aussi barré

Raphaëlle

Retour triomphal pour la Femme qui reprend les choses là où ils les avaient laissés (la scène de la Cascade en 2014), quelques titres égrénés pendant l'été plus tard. Comme d'habitude avec eux, le spectacle est avant tout visuel, avec les musiciens alignés derrière leurs claviers et au look pour le moins improbable. Je tente la sieste stratégique en m'asseyant sur les pentes à l'ombre mais malheureusement, le brouhaha qui provient de la scène est encore fort et j'ai du mal à récupérer. Je remarque quand même les costumes bariolés des chanteurs, l'alignement impressionnant de synthés et surtout la décontraction totale du groupe. Comme toujours, on ne sait jamais si la Femme ne se fiche pas un peu de nous, surtout avec cette fameuse sortie pour introduire leur titre "Mycose": "Alors, qui parmi vous dans la foule a des mycoses? Levez la main!". Globalement, le concert est très entrainant car le groupe intercale ses tubes du précédent album Psycho Tropical Berlin entre deux nouveautés.

Erwan

Enchaîner Grand Blanc et La Femme aurait peut-être rendu le temps long, tant les deux groupes approchent la musique et la scène de la même façon. Mais en sortant de la petite déception Bring Me The Hooooooorizon, la prestation de La Femme ne pourra qu’avoir des effets bénéfiques sur notre santé. Comme cette bière entre nos doigts.

"Sphinx", quel délicieux morceau. Totalement psyché, envoûtant, construit à la perfection et porteur du nouvel album de La Femme, une ouverture parfaite pour la grosse heure que nous allons passer avec le phénomène français de l’année. La voix de Clémence Quélennec prend un timbre plus lyrique, moins apathique que sur le single sorti quelques mois plus tôt. Marlon Magnée, vêtu de vert et les cheveux teints, se charge d’interagir avec le public pour que les morceaux s’enchaînent avec quelques "merci", quelques "vous êtes chauds ?", attirant la lumière un peu plus que les autres alors que Clémence Quélennec esquisse quelques pas de danse derrière son clavier. "Où Va Le Monde", l’autre single annonciateur de leur nouvel album, arrive lui aussi très vite et installe cette ambiance de dépression alcoolisée, à la fois errante et dansante, qui transpire des morceaux de La Femme, comme un peu plus loin l’excellent nouveau morceau "Elle Ne T’aime Pas" et le maintenant très connu "Nous Etions Deux".

On découvre une semaine avant la sortie de Mystère le titre "Mycose", bizarrerie qu’on a du mal à vraiment apprécier malgré quelques phrases solos sympathiques au keytar, mélange bâtard de piano et de guitare. "Tatiana", autre nouveau morceau que La Femme nous dévoile, fonctionne beaucoup mieux. Les six musiciens, et particulièrement Marlon Magnée, semblent avoir besoin de se rassurer sur la façon dont le public s’amuse alors qu’on approche de la moitié du show, multipliant les appels pour faire crier la foule. "Si Un Jour" vient faire remonter un peu la température et surtout raviver la flamme psychédélique. En enchaînant "Elle Ne T’aime Pas" et "Nous Etions Deux", Marlon se détend, tombe la veste et va même se jeter dans le public.

"Sur La Planche" annonce la fin d’une heure qu’on a quand même senti un peu passer, la musique de La Femme devenant peut-être un peu redondante avec le temps, à moins que ce soit la chaleur qui nous assomme. La Femme nous quitte sur "Anti-taxi" en mettant un beau boxon, nous réveillant après avoir bien profité d’une fin d’après-midi moite pour poser son univers loufoque sur Rock En Seine. Après une ascension spectaculaire, La Femme semble nager un peu dans son costume de nouvelle tête d’affiche française. Mais la soirée du 27 janvier au Zénith de Paris pourrait être la date d’un tournant pour un groupe de toute façon appelé à faire de grandes choses.

Le rock viril des femmes de L7

Raphaëlle

La queue devant les food trucks sera l'occasion d'apprécier ce groupe culte, venu d'outre-Atlantique avec un seul principe: nous montrer que les femmes savent faire du rock aussi bien que les hommes. On peut penser que l'ensemble manque un peu de finesse mais la chanteuse fait preuve d'une gouaille tordante, façon Girl power, et leur musique envoie un sacré coup de fouet. Qui aurait crû que la caution rock de la soirée viendrait des femmes?

Sigur Ros et son opéra progressif venu du nord

Erwan

Pour soigner les coups de chaleur, quoi de mieux que du rock progressif minimaliste islandais ? Rien.

Le théâtre offert par la scène de la cascade une fois la nuit tombée est parfait pour Sigur Ros. On retrouve enfin un peu de fraîcheur, l’occasion de s’asseoir dans l’herbe sèche pour profiter du spectacle d’assez loin. Une vue d’ensemble qui rend immédiatement le spectacle plus saisissant, tant le groupe accompagne sa musique d’un jeu de lumières et d’une réalisation originale et travaillée. Sigur Ros est même le seul groupe à utiliser de façon artistique les deux écrans géants de part et d’autre de la scène.

Difficile de décrire de façon technique la prestation de Sigur Ros tant on ne semble pas assister à un concert traditionnel mais plutôt à une immense pièce musicale contemplative s’étirant sur plus d’une heure. Comme à son habitude, Jonsi caresse sa guitare à l’archer, laissant couler ses pointes de voix aiguë dans le torrent de "Sæglópur".

Même les titres les plus minimalistes comme "Vaka" et "E-Bow" prennent une dimension folle, une ampleur incontrôlable au milieu de ce courant d’énergie envoyé par l’intensité des basses, la finesse du chant et le volume des mélodies de clavier et de guitare. La formation islandaise se comporte finalement comme un orchestre de musique classique.

La prestation de Sigur Ros est sans doute la plus belle de ce samedi tant le travail sur l’atmosphère a été important. Difficile pourtant de trouver des forces après une telle échappée pour se diriger vers un tout autre genre d’ambiance : Massive Attack.

Massive Attack fait battre les coeurs et remuer les consciences

Erwan

Massive Attack a réussi l’exploit de surpasser la majesté de Sigur Ros en terme de performance en clôture de ce samedi à Rock en Seine. Pourtant, contrairement à Sigur Ros, Massive Attack n’a pas réellement cherché à proposer quelque chose de beau. Le show des Britanniques a plutôt tourné autour d’une ambiance angoissante, oppressante et pleine de questions existentielles.

La scène s’illumine de grandes phrases blanches au sens relativement obscur, maladroitement profondes, du style "A quoi sert la vie ?", "A quoi sert de mourir ?", "Que faisons-nous ici ?", "Servir le bien commun", en français dans le texte. Il est environ 23h et les musiciens de la formation dont le retour aura été un des événements de l’année se mettent en place, avec au micro Horace Andy, chanteur jamaïcain pratiquant le reggae qui a régulièrement travaillé avec Massive Attack dans le passé. Le groupe entame alors le majestueux "Hymn Of The Big Wheel". Depuis 1991 et l’album Blue Lines, Andy n’a rien perdu de son brin de voix si atypique et c’est toute une onde de nostalgie qui parcourt le public en ce début de show. Blue Lines lance le concert, et va également le conclure quand Deborah Miller rejoindra Massive Attack pour "Safe From Harm" et "Unfinished Sympathy", de quoi contenter les fans de la première heure d’un groupe qui a changé le visage de la musique dans les années 90.

Mais parmi tous ceux qui ont rejoindre Massive Attack sur scène, le plus important arrive un titre plus tôt et s’appelle Adrian Thaws, alias Tricky. Celui qui avait quitté le projet alors qu’il balbutiait encore renoue avec ses anciens copains sur scène, après les avoir rejoints en studio récemment. C’est d’ailleurs "Take It There", nouveau morceau du groupe, que Tricky va interpréter avec Massive Attack. Un titre sombre mais plus aérien que le reste du show qui tourne quand même autour de morceaux incisifs, avec une basse toujours aussi riche et exceptionnelle. Une noirceur naturelle quand on voit que l’album le plus représenté pendant le concert est Mezzanine, album charnière dans la carrière du groupe qui avait marqué la fin de la bonne entente entre ses membres. Mais une noirceur qui tient également à la mise en scène qui se poursuit sur les écrans derrière le groupe, les phrases laissant places à des images, des photos, puis d’autres phrases, un flux continu d’informations absurdes qui semble résumer un système en faillite, une machine bloquée dans son incompréhension de l’Homme.

Massive Attack amène durant son concert quelques sujets politiques sur la table. En parlant du Brexit avec le morceau "Eurochild", morceau que les troubles britanniques ont remis au goût du jour dans la setlist du groupe. En parlant ensuite de la situation politique en France, de la droite et de la gauche, du burkini également. Ce que certains journaux politiques ont bien sûr relevé. Ces prises de position dans un monde où les artistes osent de moins en moins prendre la parole sur des sujets sensibles sont une vraie bouffée d’oxygène dans cette journée asphyxiante. Pour terminer, le groupe quitte la scène avant un rappel sur ces quelques phrases "Je suis Paris, Je suis Orlando, Je suis Bruxelles, Je suis Bagdad, Je suis Nice, Je suis Kaboul. Je suis ici. Nous Sommes Tous Dans Le Même Bateau". Au-delà de l’hommage, le message est clair. Nous sommes dans la même merde, cessons de nous diviser. Ce samedi soir à Rock en Seine, Massive Attack a fait battre les cœurs, donné des sueurs froides, et agité les consciences. Une réussite sur tous les plans.

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