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New Order : trente-cinq ans de règne sur les dancefloors


Collectif, le 08/10/2015

Brotherhood


Septembre 1986


De façon assez étrange, Brotherhood est l'album du New Order des 80's qui a le moins marqué les esprits. Alors certes, personne ne s'aventure trop à en dire du mal, mais il ne semble pas avoir l'aura dansante d'un Technique, ou les effets galvanisants d'un Low-Life. La seule véritable chose dont on se souvient – hors mis, évidemment, cette pochette Saville-esque toute épurée avec fond d'alliage métallique – est ce single fulgurant qu'est "Bizarre Love Triangle". Si son identité n'est pas aussi claire que celle des petits copains, c'est qu'elle est un peu trouble. Et c'est fait exprès. L'album est cliniquement divisé en deux parties à peu près égales. La première : les prémices d'un New Order pop à guitares encore engoncées dans un post-punk blafard, la seconde : une mise en lumière sur des essais electro et house qui deviendront par la suite le terreau du Madchester à venir. Mais outre cette distinction de genre, cette division tranche entre les deux visages du groupe. Le premier, sobre, appliqué, efficace et le second fourre-tout, sans limite et décomplexé.


Dès le premier morceau, l'excellent "Paradise", Sumner se noie littéralement sous un déluge de guitares tranchantes qui ne lui laissent aucune chance. Sa voix est insuffisante, son chant gauche, et ses suppliques pour la belle Jolene (celle de Dolly Parton ?) résonnent à peine. Et le tout confère au morceau une urgence phénoménale, un rythme infernal taillé sur les lacunes béantes du Barney et la basse rebondie de Hook. Dans toute son incapacité à se faire entendre, comme le naufragé pris dans le tourbillon, Sumner bourrine une nostalgie de l'instant qui fait la marque des meilleurs tubes de New Order. Celle qui fait serrer les cœurs en plein milieu du dancefloor. S'il semble avoir repris un peu d'assurance sur "Weirdo" ou "Way Of Life", les guitares de Gillian Gilbert le recouvrent encore comme un nouveau-né un poil fragile. Outre l'ardeur furibonde du refrain de "Broken Promise", ou Sumner se lâche pour l'un des titres les plus épiques de leur discographie, ce sont bien les guitares qui font l'écho très métallique de cette première partie. Des mélodies souvent simples, des paroles parfois niaises et un empilage de sons acérés, c'est du New Order qui navigue du pop au rock avec précision et talent. Les types savent très bien ce qu'ils font et s'amusent à brouiller les pistes.


Puis débarquent les premières notes de ce volcan qu'est "Bizarre Love Triangle". Très vite les machines ont repris le pouvoir et multiplient leurs sons pour prendre toute la place laissée vacante par les guitares. Sumner claque sa voix de petit garçon dans le refrain et le tour est déjà joué, le morceau est envoûtant, parfaitement calibré pour faire danser les demoiselles le soir et pour pleurer en cachette dans son lit le matin venu. Cet espère de riff au synthé qui fait office de pont et qui catapulte un refrain inoubliable drivé par un Hooky de gala, c'est la sève du New Order de la fin 80. C'est beau et c'est funky et c'est débridé. Mais c'est pas aussi fun et à côté de la plaque que "Every Little Counts", balade un peu kitsch et délicieusement foirée par un Sumner au bord du fou rire. Dès la seconde phrase il s'esclaffe "I think you are a pig, you should be in a zoo". Alors on ne sait pas si son rire est dû à l’imbécillité de la phrase, ou s'il se rend compte qu'il n'y a pas de cochons dans les zoos, mais le fait est qu'il va se battre pendant quatre minutes contre lui-même à partir de ce moment. Si la chanson progresse petit à petit, avec l'ajout de nouveaux instruments à la base rythmique originelle, Sumner peine lui à trouver sa voix de tête et son sérieux. Le titre peut donc être pris de deux façons différentes. Soit il ruine l'ambiance de cette fin d'album, soit il la magnifie. Évidemment, ils auraient pu glisser une version de la chanson sans les rires, mais c'est cette version pourrie jusqu'à l'os que New Order nous offre. Juste une occasion magnifique de nous dire à quel point ils ne se prennent pas au sérieux. Et puis "State Of The Nation" conclut Brotherhood avec force et fracas, mélodies martiales, batterie mise en avant et un Sumner qui a recouvré tout ses esprits. Le jour et la nuit.


Brotherhood déroute donc autant qu'il enchante. Un album sans vraie colonne vertébrale, qui se démembre tout seul et qui s'en va manger à tout les râteliers. Reste un charme hors du commun, que New Order ne retrouvera que par intermittences et une marque indélébile sur les années 80 et 90. Brotherhood est l'incarnation de New Order, le solide et le bordel ; le solaire et le sombre. Mais c'est aussi et surtout une collection de tubes en puissance sans commune mesure dans leur discographie. 


Kévin

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