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Les oubliés de 2024
A l'image de la décennie ouverte depuis quelques années, 2024 est une année riche en sorties tant et si bien qu'il est impossible pour notre rédaction de traiter l'ensemble de ce qui tombe dans nos oreilles. Petit rattrapage de fin d'année avec des chroniques rapides d'albums parfois incontournables.
Karfagen - Messages from Afar: Second Nature - Rock progressif - Ukraine - 01/24
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L'hyperactif Antony Kalugin parvient à surmonter les temps périlleux que connaissent son pays (l'Ukraine) en redoublant d'efforts pour développer les discographies de ses différents projets (solo, Sunchild) parmi lesquels Karfagen demeure la pièce maîtresse. En écho avec le neuvième album du groupe (Messages from Afar: First Contact, 2017) et avec Messages from Afar – The Division and Illusion of Time de Sunchild (2018), cet album magnifiquement illustré (as usual) ne dépareille pas avec la tradition symphonique progressive dans laquelle s'inscrit le musicien. Les aspérités jazzy et le fond clairement néo-prog' croisent parfois le fer avec des détours metalliques ("Bond of Love") mais risquent aussi de tomber dans la redite voire le kitsch, malgré tout le talent du compositeur qu'on aura connu plus inspiré.
Moon Wizard - Sirens - Stoner/Doom - US - 01/24
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Troisième album pour les Américains de Moon Wizard qui affichent ici un Stoner/Doom très mélodique, parfois planant, et volontiers retro dans son approche. Les guitares sont lourdes et les riffs relevés, mais les refrains ne manquent jamais de saisir l'auditeur par les trippes ("Meteor", "Mothership") et de petits tubes potentiels pointent leur nez au cours de l'opus ("Magnolia", "Sunday"), si bien que le résultat est très convaincant - il n'est pas dit que nous n'en parlions pas de façon détaillée dans les mois qui viennent.
Albion – Lakesongs of Elbid - Metal celtique progressif - UK - 01/24
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C'est un choix risquer que de mêler metal progressif (parfois symphonique) et folk celtique, tant la chute vers le kitsch bon marché et faussement cinématographique menace au moindre faux pas. Albion pourtant réussit le pari de maintenir une flamme épique allumée tout au long d'un album très dense sans jamais faillir à sa mission. On chevauche au son des paroles de "Pagan Spirit", on rêve aux notes de "Llyn y Fan Fawr (Sister Lake)", on s'enivre des refrains de "Barrett’s Privateers – A Tribute to Stan Rogers" et on prend les chemins périlleux vers les batailles glorieuses avec "Arthurian Overture". S'il y a du Dan Ar Braz chez Albion, il y a aussi du Wilderun et du Blind Guardian, mais surtout, beaucoup de talent.
Slift - Ilion - Stoner psychédélique - France - 01/24
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Le plus prometteur des groupes français de stoner psychédélique était attendu au tournant au moment de sortir son deuxième opus, successeur au très apprécié Ummon (2020). Pari relevé et remporté, tant les Toulousains offrent à nouveau un album remarquable, brillamment défendu sur scène un peu plus tard dans l'année. Si l'album est très long, c'est surtout parce que les pièces s'étendent sur de nombreuses minutes sans tomber dans le piège, risqué pour qui s'adonne à ce genre musical, du ronronnement interminable. Ainsi, les excellents "Ilion" ou "The Words That Have Never Been Heard", offrent des digressions subtiles et progressives, enrichies par les sons analogiques qui agrémentent l'opus. Incontournable.
Sprints - Letter To Self - Post Punk - Irlande - 01/24
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Cela fait un petit moment que Karla Chubb, Sam McCann et Jack Callan sillonnent les routes pour se construire une petite réputation en compagnie des plus grands (IDLES, Pixies). Concrétisation cette année avec un premier album qui se hissera probablement sans mal parmi les plus belles réussites post-punk/garage de l'année, malgré une sortie prématurée tout début janvier. Son originalité repose sur la voix capricieuse de sa chanteuse, soufflant à son aise le chaud et le froid et s'imposant sans mal au dessus d'une base rock solide faisant la part belle aux grosses lignes de guitares. Bien que l'on note une certaine redondance dans la structure des titres (couplets enlevés montant en puissance pour déboucher sur un refrain électrique), le tout reste solide pour un premier cru et ne fait qu'alimenter notre impatience de voir le groupe évoluer. Un nouveau single explorant des sonorités plus sombres a d'ailleurs été dévoilé en Septembre ("Feast").
Kula Shaker - Natural Magick - Rock - UK - 01/24
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Alors que cette année célèbre le 30ème anniversaire de la pierre angulaire de la déferlante britpop (1), Kula Shaker, arrivé quelques années plus tard dans la course (2), peut prétendre aujourd'hui au titre de groupe le plus constant de la vague anglaise des nineties (3). Sept albums plus tard, la formule reste inchangée : un rock influencé par les années 60 et 70 teinté de psychédélisme tendance raga (4). Bien qu’il ne nous ait toujours pas sorti de mauvais album, on perçoit un déclin dans la qualité des compositions depuis 1st Congregational Church of Eternal Love (And Free Hugs) paru il y a deux ans, et Natural Magick est le disque qui nous enthousiasme le moins dans sa discographie. On trouve néanmoins quelques pépites dans l’album. Le titre éponyme est une décharge de rock groovy au refrain imparable. Le diptyque "Idontwannapaymytaxes"/"F-bombs" nous fait passer en quelques minutes du rock rageur au mid-tempo groovy rappé. Les chansons raga rock ne déçoivent pas ("Happy birthday", "Chura liya (you stole my heart)") et cette dernière opère même une inattendue fusion avec la musique tex-mex.
(1) Definitely Maybe de Oasis
(2) Leur premier album est sorti en 1996
(3) Tous les autres ont soit splitté, soit connu des passages à vide, ou soit évolué vers d’autres sonorités
(4) Le raga rock s’inspire des musiques indiennes
Declan Mc Kenna - What Happened to the Beach ? - UK - 02/24
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Après le succès planétaire (prolongé par les tendances Tik Tok) de "Brazil" Declan fait un burn-out de prime jeunesse, et va se retirer un temps en Californie, et en ressort avec une rondelle genre Playschool, Play Doh. "Tout se joue à l’âge Playschool", qui se souvient de ce slogan, personne, mais en tous cas, cet album au titre teinté de scepticisme climatique est un Playground pour Declan. En sortent beaucoup d’expérimentations telles "Elevator Hum" qui ratisse vers la world music de Bombay Bicycle Club, et "WOBBLE" vers la ludothèque de Sir Macca. C’est des fois un peu trop risqué, et confondant, mais il y a quand même un petit titre immédiat avec "Nothing Works" qui relève l’ensemble car n’oublions pas que Declan n’est rien d’autre qu’un (brillant) farfadet sautillant. Vivement la suite. Et vivement pas la retraite anticipé (à vingt-cinq ans ce serait quand même dommage).
Turbulence - B1nary Dream - Metal prog - Liban - 03/24
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S’il y a bien une scène qui s’est démarquée en 2024 par sa diversité internationale, c’est à n’en pas douter celle du metal progressif ! Alors que nos précédentes chroniques nous ont emmenées en Inde (Screetus), puis en Chine (OU), ce dossier est l’occasion de faire un détour par le Liban et de vous faire l’éloge du troisième opus de Turbulence. Malgré des influences évidentes à aller chercher du côté des cadors du genre (Dream Theater et Haken pour ne citer qu'eux), cet album intitulé B1nary Dream parvient à se distinguer, brassant bien plus large qu’il n’y paraît avec ses rythmiques syncopées parsemées de sonorités orientales. Si les passages chantés s’avèrent particulièrement réussis (avec une gestion de l’émotion rappelant une formation comme TEMIC), c’est surtout les phases instrumentales qui constituent la véritable attraction de l’album ; de longues sections de metal prog décomplexées durant lesquelles on ne s’ennuie pas une seconde, et qui malgré quelques passages un peu alambiqués ne sombrent jamais dans l’excès ("Manifestations", assez dément dans son genre). Un morceau comme "B1nary Dream" s’avère à ce titre particulièrement savoureux, avec sa touche de folklore justement dosée et son improbable panel de sonorités. Un très bel album, qui n’invente rien, mais qui révèle au grand jour une formation qui a de sérieux arguments à faire valoir !
Karkara - All is Dust - Rock psyché - France - 03/24
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Nouvelle sensation stoner / psyché tout droit sortie de l’incroyable vivier toulousain - la ville du sud-ouest renforçant au passage son statut de "terre du fuzz" -, Karkara franchit un nouveau palier dans son ascension grâce à un troisième album qui devrait ravir les amateurs de musiques évolutives et de concepts ambitieux. All is Dust se présente en effet comme une véritable épopée post-apocalyptique que l’on imagine aisément quelque part entre la frénésie d’un Mad Max et l’aspect contemplatif de Dune. Pendant plus de 40 minutes, le groupe tisse une trame narrative en 6 chapitres (et tout autant de morceaux), portée par des riffs hypnotiques et une orchestration minutieuse, où chaque transition vient intensifier l’immersion. La production dense et la richesse des textures sonores (dont quelques effets retrofuturistes qui cohabitent avec de savoureuses partitions de cuivres) renforcent l’atmosphère cinématographique de l’ensemble, nous transportant d’un bout à l’autre d’une œuvre faite de poussière et de mirages.
Silveroller - At Dawn - Rock revival - UK - 03/24
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Peut-être que certain d'entre vous avaient découvert le jeune prodige du blues-rock Aaron Keylock et se demandaient ce qu'il était devenu depuis son unique album publié en 2017 ? Eh bien le musicien essayait de former un groupe, chose faite avec Silveroller qui propose cette année son premier EP de retro rock ultra référencé, qui leur permet de tourner avec DeWolff - choix judicieux. Le résultat est plutôt bien fait, mais manque cruellement de personnalité, ce qui est un peu regrettable à une époque où ce style revient en force et où il faut à tout prix se démarquer. Essai à transformer.
Yard Act - Where's My Utopia? - Post Punk - UK - 03/24
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Les Yard Act ont pris tout le monde de court avec ce second opus dévoilant une facette bien plus multiforme que leur réussi mais finalement assez conventionnel coup d'essai. La gouaille du spoken words de James Smith se met ici au service d'une musique plus colorée, explorant groove, électro, hip-hop et autres artifices du plus bel effet (la narration très réussie de "Blackpool Illuminations"). Cet assemblage fantasque de plusieurs univers ne se fait pas sans évoquer Gorillaz, et laisse entrevoir toute une flopée d'excitantes possibilités d'évolution pour le groupe.
Thomas de Pourquery - Let the Monster Fall - Art Pop - France - 03/24
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Le saxophoniste de jazz sort un premier album en tant que chanteur pop qui lorgne beaucoup vers le passé : new wave, disco, son de basse gainsbourien. On n’est pas vraiment convaincu par la démarche qui manque de personnalité. Il faut dire que, sans un être un mauvais chanteur, il n’a pas une voix faite pour porter des tubes pop. Le fond est atteint avec "Soleil" en duo avec Clara Ysé qu’il aurait peut-être mieux fait de proposer à Clara Luciani. On n’arrive pas pour autant à expédier le disque au placard des sorties ratées sur lesquelles on ne reviendra pas, on sent tout de même une créativité et des qualités qui nous pousse à le réécouter. Et on fait bien puisque la première impression était trompeuse. Une majorité de titres développe en fait une pop bien plus expérimentale et aventureuse, où montées crescendo, dissonances et ambiances lugubres rendent le voyage passionnant. La chanson "Carry on" fait la synthèse entre les directions à priori antinomiques suivies par cet album, et on la qualifierait de pépite art-pop si Pourquery ne s’y était pas essayé (comme tant d’autres avant lui) à l’auto-tune façon R’n’B.
Guenna – Peak of Jin’Arrah - Stoner progressif - Suède - 04/24
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En matière de rock progressif, la Suède fait figure d'une grande originalité depuis les années 1990 quand le pays faisait figure de tête de proue du renouveau du genre à l'échelle internationale. Il en est toujours de nos jours, où les nouveaux venus Guenna proposent un mélange aussi surprenant qu'intelligent de stoner (parfois très Heavy) et de rock progressif (à la Yes ou Opeth). "Wizery", "Bongsai" ou "Dark Descent" se distinguent au sein d'un opus très réussi, qui divague parfois vers le jazz ou le folk sans jamais perdre sa boussole. Une nouvelle production de choix pour The Sign Records, un label encore une fois très recommandable.
Praying Mantis - Defiance - Heavy Metal - UK - 04/24
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Vétérans de la NWOBHM dont l'essentiel de la carrière se déroula à partir des années 2000, Praying Mantis affiche un dynamisme qui semble inarrêtable depuis le milieu des années 2010. Il faut apprécier le style Heavy AOR du combo pour pénétrer dans ce douzième opus, c'est-à-dire riche en synthés, en midtempo emphatiques et en refrains sirupeux - c'est loin d'être notre cas, mais nous souhaitions rappeler l'activité de ce combo toujours culte bien que très kitsch. A noter, une reprise de Rainbow ("I Surrender"), très justement choisie au regard du registre du groupe.
High on Fire - Cometh the Storm - Sludge - US- 04/24
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Ce nouvel album d'High on Fire, Cometh the Storm, fait suite au silence discographique assez long du groupe (six ans tout de même), et permet d'inaugurer l'arrivée de Coady Willis à la batterie. Le registre est celui d'un Stoner/Sludge rentre-dedans voire brutal, mais parfois intelligemment complexifié par des fioritures et variations de très bon goût : intermède orientale ("Lambsbread", "Karanlik Yol"), percussions belliqueuses ("Cometh the Storm"), lignes épiques ("Hunting Shadows"), allongement des compositions ("Darker Fleece"). Révolutionnaire ? Non, mais bien agréable.
English Teacher - This Could Be Texas - Indie Rock - UK - 04/24
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Alors que nous assistons à un essor assez impressionnant de jeunes pousses Britanniques, English Teacher a su se démarquer à la vitesse de l'éclair. Raflant dès leur coup d'essai le Mercury Prize au nez et à la barbe d’autres Beth Gibbons et Charli XCX, le quatuor de Leeds n'a pas fait dans la demi mesure avec ce This Could Be Texas affichant plus de 50 minutes. Il ne s’agira ici pas (peu) de post-punk (“R&B” et “The World’s Biggest Paving Slab” s’en rapproche quand même drôlement), puisque la charismatique Lily Fontaine et ses trois compères semblent avoir jeté leur dévolu sur un indie rock protéiforme à la croisée des chemins entre mélancolie, spoken words et soubresauts électriques. Rappelant par moments la récente évolution baroque des Black Country New Road, la voix hypnotique et versatile de la chanteuse nous guide au travers de ce délicat patchwork aux influences multiples, allant jusqu’à se laisser apprécier dans son plus simple appareil sur le touchant “You Blister My Paint”.
Karfagen - Land of Chameleons - Rock progressif - Ukraine - 05/24
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Alors que le premier album du groupe sorti cette année laissait l'auditeur sur sa faim, Land of Chameleons voit revenir Karfagen à un niveau beaucoup plus satisfaisant. Dans le dédale de l'œuvre de Kalugin, ce nouvel opus renvoie à son album Chameleon Shapeshifter publié en 2021. Le registre néo-progressif électrique et symphonique domine cette nouvelle production ("Land of Chameleons", "Into the Kaleidoscope") qui ne dépareille pas vraiment de la discographie du combo, mais la composition se rapproche presque de celle d'Echoes from Within the Dragon Island (2019), sans aucun doute le meilleur Karfagen à ce jour. Coup de cœur pour le sublime instrumental "Journey to a Shrine" qui est un des plus beaux titres de son répertoire.
Sykofant - Sykofant - Heavy prog' - Norvège - 05/24
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Comme toujours, c'est de Norvège que les nouveaux bourgeons du rock progressif continuent d'éclore pour offrir des fleurs aussi toutes aussi splendides les unes que les autres. Ici, le quatuor Sykofant, composé de musiciens issus de la scène Thrash, épouse la ligne retro-progressive typique du pays (Wobbler, Jordsjo, Arabs in Aspic) pour la mêler aux registres metalliques variés (Opeth, Mastodon, influences revendiquées, même si le résultat est davantage heavy-prog') et néo-progressifs (Pendragon surtout). "Monuments of Old" et "Strangers" convaincront les plus sceptiques qu'il est nécessaire de se pencher sur cette nouvelle pousse prometteuse et pleine de surprises.
Liar Thief Bandit - Icon - Action rock - Suède - 05/24
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Depuis que les Hellacopters en ont assumé la paternité, l'action-rock a fait des émules en Suède, donnant naissance à Grande Royale ou Liar Thief Bandit dont nous avons cessé de vanter les mérites. Leur quatrième album ne fait qu'enfoncer le clou tant le trio déborde d'énergie et de bon sens quand il s'agit d'écrire des riffs imparables et des mélodies saisissantes. Les amoureux des Hellacopters hurleront de joie à l'écoute de "Death Pioneer'" (un banger), "Retaliation", "Red out of the Blue", "Can't Slow Me Down", "Residence Sorrow" et "Icon", pour ne citer que les meilleurs titres du bien nommé Icon.
Cloven Hoof - Heathen Cross - Heavy Metal - UK - 05/24
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Comme Praying Mantis, Cloven Hoof aura connu une carrière bien plus productive après l'effondrement de la NWOBHM de laquelle il avait fait partie. Figure appréciée de la deuxième vaguelette (ou de l'écume) de ce mouvement pionnier du Heavy britannique, Cloven Hoof retrouve depuis quelques années un rythme de croisière remarquable pour une formation aussi ancienne que secondaire. Musicalement, ce dixième album s'inscrit complètement dans le Heavy classique, parfois speed ou power, avec de belles idées (dont globalement des refrains efficaces et des riffs/soli mélodiques bien composés, et citons "Do What Thou Wilt" à la Deep Purple ou "Curse of the GYpsy" à la Dio), mais nous n'avons pas suffisamment suivi la discographie du combo pour juger pleinement de sa qualité au regard des autres opus les plus récents. Si le résultat est très classique, on se situe plutôt dans la partie supérieure des productions des vétérans de la scène.
Black Pyramid - The Paths Of Time Are Vast -Stoner/doom/prog - US - 05/24
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Un excellent comeback pour Black Pyramid qui n'avait plus donné de signe de vie discographique depuis plus de dix ans (Adversarial, 2013) et qui propose cette année son album le plus ambitieux dont on soulignera l'illustration magistrale de la pochette. Les amateurs de stoner/Doom psychédélique (space-rock), très Heavy et progressif trouveront ici de quoi satisfaire leur appétit insatiable. Les compositions brillent par leur complexité et par leur mise en pratique de la science du riff, culminant sur une suite en trois mouvements (du nom de l'album) pleine de surprises. Rarement un album du genre était parvenu à un résultat si convaincant.
Bill Fisher - How To Think Like a Billionaire - Pop rock retro - UK - 05/24
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Le pape de la Church of the Cosmic Skull propose un troisième album toujours aussi original après ses détours très Heavy (Mass Hypnosis and the Dark Triad, 2020) et intimistes (Hallucinations of a Higher Truth, 2021) : c'est au croisement entre Kate Bush et Peter Gabriel (sic) que l'artiste aspire à se situer avec ce pamphlet moqueur qui semble viser les mégalomanes de la trempe d'Elon Musk. Est-ce kitsch ? A-b-s-o-l-u-m-e-n-t ! Génialement kitsch même, les synthés en dégoulinent. Mais tellement bien fait, comme en témoignent ces bijoux : "Overview Effect", "Consume the Heart" (un banger), "Beast of Man". Il faut avouer qu'on détesterait si cela venait de n'importe quel autre artiste, mais avec Fisher aux commandes, le plomb se transforme bien souvent en or.
BIG SPECIAL - POSTINDUSTRIAL HOMETOWN BLUES - Punk Hop - UK - 11/24
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It's not Big, It's not Special. Et pourtant ! Le duo de Birmingham formé pendant la crise covid rafle la mise avec ce premier album haut en couleurs (malgré ce que laisse imaginer la pochette). Portant haut et fort le fleuron de l'indépendance, Big Special ne se plie pas à un style unique et brasse avec allégresse moults influences. Se servant d'un bagou hip-hop pour porter l'éloquence d'un punk émeri, les 15 titres de ce véritable amalgame stylistique vous réserve bien des surprises. Et s'il fallait en retenir qu'un, foncez sur "BLACK DOG / WHITE HORSE" et sa ligne de basse lancinante diablement efficace.
Orange Goblin - Science, Not Fiction - Stoner - UK - 07/24
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Un peu à la manière d'un nouvel album de Clutch, le retour d'Orange Goblin dans les bacs est toujours un petit événement au sein de la communauté rock/Metal, sans pour autant créer la surprise. Les productions se suivent avec une certaine constance niveau qualité, mais elles se ressemblent également. Ainsi, ce dixième album soigneusement illustré propose une variation sur la gamme du Stoner énergique à la voix rauque et saisit l'auditeur dès ses premières pistes - le déjà classique "The Fire at the Centre of the Earth Is Mine", l'action rock à claviers typé Hellacopters "(Not) Rocket Sicence", le bourrin "Ascend the Negative", l'emphatique "False Hope Diet"... Leur thématique cosmique les entraîne dans un espace à mi-chemin entre Motörhead et Hawkwind, comme s'il s'agissait de rendre hommage à Lemmy, et c'est vraiment bien fait. Du vrai et du bon gibier de concert, à consommer debout devant la scène.
Nektar – Mission to Mars - Rock progressif - International - 08/24
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Le retour aux affaires du moins germanique des groupes allemands - basé en RFA, le combo était initialement composé de musiciens anglais tandis que des Américains entourent désormais Derek "Mo" Moore - est bien ambitieux puisqu'il s'agit d'ouvrir une trilogie intergalactique qui commence sur Mars. Imaginé en pleine COVID, cette nouvelle production volontiers retro laissera aussi souvent l'auditeur sur sa faim qu'elle satisfera ses attentes : les couplets/refrains lorgnent souvent vers un hard-rock 70s plus que convenu tandis que les passages instrumentaux sont parfois très réussis (la deuxième partie de "Mission to Mars"). Le rock progressif est visité dans un registre tantôt symphonique, tantôt space-rock, Nektar renouant ici avec une de ses caractéristiques fondamentales.
Wunderhorse - Midas - Alt Rock - UK - 08/24
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Emmené par le charismatique Jacob Slater, Wunderhorse propose cette année son premier album composé collectivement, Cub ayant été mis en boite par le frontman uniquement. Cette nouvelle épopée sonore élargit considérablement le spectre déployé par le groupe, les guitares profondément garages se prêtant ici à un alt rock typiquement 90s'. L'usage régulier de la guitare acoustique révèle un potentiel mélodique assez bluffant, notamment dans ses moments les plus apaisés ("Superman" mais surtout le génial "Aeroplane" de haut de ses 8 minutes). Emmené par autres Foals, Fontaines D.C. et Pixies en tournée, la réputation de la formation ne fait qu'enfler et ne serait guère surprenant de voir flirter Wunderhorse avec les meilleurs dans les années à venir.
Tusmorke - Dawn of Oberon - Rock progressif - Norvège - 08/24
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Le plus déjanté des groupes du renouveau progressif norvégien propose derechef un album haut en couleur et ambitieux dans sa forme comme dans son fond. En effet, Dawn of Oberon s'ouvre sur une pièce de près de dix-huit minutes, une suite folk et hypnotique qui évoquera Jethro Tull, Genesis et Camel et dessinera une épopée riche en rebondissements avec un état d'esprit plus proche de Gong, desquels Tusmorke se montrera en communion sur le plan musical par la suite. Le groupe est en effet plus expérimental que sur l'album précédent, plus jazzy dans sa rythmique, mais peut-être un peu plus insaisissable et improvisateur - au point que le produit final n'est pas exempt de défauts et de longueurs.
The Flying Norsemen – The Flying Norsemen - Heavy prog' - Norvège - 09/24
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Premier album du retour aux affaires des musiciens de la formation originale d'Arabs in Aspic - soit Tommy Ingebrigtsen (guitare et thérémine), Terje Nyhus (basse) et Anders Sprauten (chant, guitare), qui affirment les liens avec leur passé à travers leur nom ("The Flying Norsemen" est un titre de l’album Strange Frame of Mind - 2010), l'esthétique de l'illustration et leur musique. Pour les amateurs de la scène progressive norvégienne actuelle, et d'Arabs in Aspic en particulier, cette nouvelle sortie aux contours space-rock et Heavy-prog' retro constituera une écoute de choix à défaut d'être d'une originalité débordante.
Satan - Songs in Crimson - Heavy Metal - UK - 09/24
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Parmi les vétérans de la NWOBHM toujours actifs, Satan se distingue ses dernières années par sa capacité à maintenir son style originel tout en offrant des albums d'une grande qualité, au point de se hisser dans la haut du panier des grands-pères metalliques (ce qui n'était pas gagné au regard de leur carrière en dents de scie). Et si Songs in Crimson possède toutes les qualités de ses quatre prédécesseurs, il marque peut-être une petite baisse d'inspiration bien que les amateurs du combo y trouveront leur compte. Verdict plutôt positif, bien qu'en demi-teinte.
Tramhaus - The First Exit - Post Punk - Pays Bas - 09/24
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Il aura fallu attendre trois ans pour enfin découvrir le premier long format de Tramhaus, quintet de Rotterdam pratiquant le post punk avec goût. Le format expéditif de The First Exit n'empêche pas l'abord des multiples déclinaisons du genre proposées ces dernières années. Ne soyez donc pas surpris de retrouver ici, intercalé entre deux brûlots punk, un mid-tempo groovy jonglant entre une classe typiquement britannique rappelant Franz Ferdinand et un chant acide emprunté à Ollie Judge de Squid ("Semiotics"). Shame saute également plus d'une fois à l'oreille lorsque le métronome se fait un brin plus dansant ("Once Again", "The Big Blowout"). C'est finalement cet aspect touche à tout qui permet à ce premier cru de s'extraire sans trop de difficultés de la corpulente masse post punk.
DEADLETTER - Hysterical Strength - Post Punk - UK - 09/2024
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Le saxophone est un allié de taille lorsque l'on souhaite ajouter une touche d'exotisme et d'originalité à ses compositions. A l'instar de Black Country, New Road ou des Viagra Boys, chez DEADLETTER, c'est sur une solide base post punk qu'accompagnés de leurs 4 compères, Zac Lawrence (chant) et Poppy Richler (saxophone) associent leurs fresques mélodiques pour construire une ensemble bougrement intelligent. Entre l'éloquence du spoken words et l'élégance du free jazz, se glisse une atmosphère délicieusement sombre qui accompagne l'auditeur au travers d'un voyage décidemment pas comme les autres.
Slomosa - Tundra Rock - Stoner - Norvège - 09/2024
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Et si la scène Stoner s’était trouvée son outsider de choc avec les jeunes Norvégiens de Slomosa (groupe formé en 2017) ? De l’avis de beaucoup de fins observateurs, leur potentiel est immense, illustré cette année avec leur excellent deuxième album “Tundra Rock”, dont le titre est tout sauf une tromperie sur la lourde marchandise. Les 4 membres ont monté le groupe en 2017 en jammant sur des morceaux de Queens Of The Stone Age, et cela s’entend ! Même volonté de proposer de vraies lignes mélodiques au milieu de compos fumantes, le meilleur exemple étant “MJ” qui pourrait être une b-side du premier album des Reines de l’âge de Pierre, et même potentiel tubesque de certains morceaux, ici “Cabin Fever”, qui a beaucoup tourné ces derniers mois. Un groupe mené par Benjamin Berdous qui a eu le bon goût de se pavaner tout l’été sur scène avec un maillot de France 98 sur le dos (floqué …Marcel Desailly).
Gurriers - Come and See - Irlande - 09/24
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Les irlandais ont décidément l’intention de conquérir le rock cette année, trèfle et harpe au vent. Voici les guerriers de la mélancolie contemporaine, les hooligans de l’ennui quotidien, j’ai nommé les Gurriers qui propulsent un post-punk noise, en mode b.a.-ba, du genre voilà-on-va-vous-montrer-comment-ça-fonctionne. Clair, net (quoiqu’avec du shoegaze sur "Come and See" et de l’incantatoire sur "Prayers") et précis, leur premier album est d’une efficacité et d’une grâce rare. C’est comme si les Idles avaient dynamité ce qu’il reste des Kasabian avec tout un tas de bruits informatiques et de sirènes (comme un écho à la Silent Alarm de Bloc Party), dilatés par des nausées soudaines ("Nausea") ou des appels à l’aide à ressentir ("Sign of the Times"). Le plus bel album d’intros et d’outros de l’année pour sûr. Et un des meilleurs albums de 2024 tout court, à écouter expressément bien sûr.
Nilüfer Yanya - My Method Actor - UK - 09/24
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On ne pouvait pas oublier Nilüfer Yanya, la jeune prodige londonienne qui parvient à transcender l’élégance retenue en une mélodie ample et diffuse. Suivant la méthode d’acting selon laquelle le comédien doit puiser dans ses émotions pour performer, elle se livre mélancoliquement (mais de façon moderne, sans le goût de naphtaline) dans My Method Actor avec des titres parfaits pour un voyage en voiture. C’est évidemment un peu cinématographique, avec le galopant et doucement saturé "Like I Say (I runaway)" ou le slowisant "Made Out Of Memory". Beaucoup de mini instruments (maracas, petits pads électroniques) qui servent des merveilleux titres ("Made Out Of Memory"), sans jamais se diriger vers le "stade pintade" (tout un livre pourrait être écrit sur cette expression All Rights Reserved). Même s’il y a de la séduction (contrôlée) là-dessous, Nilüfer s’arrête toujours au seuil de la minauderie que tant de femmes se sentent contraintes de traverser. Même si cet album est inégal et sans doute moins pertinent que le précédent, il reste un véritable cadeau à écouter.
Maxïmo Park - Stream Of Life - UK - 09/24
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Qu’est ce qu’on fait quand on n’écoute pas Manic Street Preachers, qu’on veut se sentir bien, jeune, et prétendre qu’on est toujours en 2004? On écoute Maxïmo Park (et ça rime presque)! Après un dernier album moyen en 2021 le pseudo Sherlock Holmes Paul Smith (aussi bien sapé que son homonyme) revient mettre du baume au coeur des quarantenaires avec des titres fidèles à l’identité du groupe ("I Knew That You’d Say That") tout en étant carrément rétro 2000 (avec le Good Shoes-like "Favourite Songs") et assez magistral sur "No Such Thing As A Society". L'album est sans surprise mais non sans prises de risque sensibles. Smith opère un léger pas de côté et démontre qu'il a turbiné sur sa production. Il y a des vieux groupes qui font bien de persister car leur retour n’a pas du tout le goût d’un come-back kitsch tout juste bon à chanter Noël sous le Rockefeller Center.
Second Sun - Elektriska Mardrömmar - Revival - Suède - 11/24
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Fleuron et ovni de l'underground suédois, Second Sun propose depuis quelques années un hard-rock revival parfois folk, parfois prog', chanté en langue vernaculaire et porté par un état d'esprit un peu punk (et engagé). L'auditeur français aura quelques difficultés à entrer dans leur univers DIY mais il y a vraiment de belles compositions au sein de leur discographie aux guitares jumelles bavardes. Ce quatrième opus ne fait pas exception même s'il est peut-être un peu moins inspiré et un peu plus rudimentaire que ses prédécesseurs - sur lesquels on conseillera de se reporter pour découvrir le groupe. A moins qu'"Arion Vulgaris" ne parvienne à vous convaincre ?
Warhaus - Karaoke Moon - Indie - Belgique - 11/24
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Remis de sa rupture amoureuse qui a façonné le délicat Ha Ha Heartbreak, Maarten Devoldere aka Warhaus n'a pas tardé à remettre le couvert. Karaoké Moon, son quatrième album studio, dévoile un caractère plus enjoué, baroque et ambitieux, mettant en avant des sonorités encore inexplorées. Le spoken word et la clarinette basse de "Jim Morrison", pièce maitresse de cet album, se logent ainsi durablement dans nos oreilles, tandis que les éclats électro-pop de "Zero One Code" font monter d'un cran la température. C'est l'enchainement de l'envoutant "The Winning Numbers", jouant de ses cordes sensibles et de son piano délicat avec le catchy "I Want More", que l'on se rend définitivement compte de la versatilité de l'album dans son ensemble. Finalement moins évident et plus touche à tout que les précédents disques, le cachet de celui-ci se dévoile au fil des écoutes, au travers de ce groove omniprésent emmené la voix suave de notre crooner Belge préféré. A la vue du niveau des individualités de Balthazar chacun de leur côté (Contigo de J. Bernardt tourne toujours autant ici), il nous tarde de revoir le groupe réuni autour d'un projet commun, Sand fêtera tout de même ses quatre printemps en février prochain...
Michael Kiwanuka - Small Changes - Soul - UK - 11/2024
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Le très talentueux musicien Britannique gagne sa place ici dans le money time ; grâce à “Small Changes” sorti le 22 Novembre dernier, et qui signe son grand retour discographique après un “Kiwanuka” finalement assez anodin. Le soulman prend son temps (4ème album depuis 2012) et livre un album empreint de douceur, de lignes de violons tissées dans le velours, et une production de très haute volée. Kiwanuka parvient à mêler soul et psychédélisme, sur un “Lowdown Part II” aux effluves Floydiennes du meilleur effet (et des bends que ne renierait pas Gilmour). Son meilleur album depuis Love & Hate ?