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Les femmes du rock en 2020 et 2021


Olivier S, le 08/03/2021

Les coups de cœur non chroniqués par Albumrock en 2020 et 2021 :

Les coups de cœur d'Olivier S : Brutus – Live in Ghent


Brutus, est un ovni. Tout d'abord, parce qu'il ne ressemble à aucun autre groupe, traçant sa propre voie entre un math-rock énergique, aux sonorités shoegaze et un post-hardcore mélodique, qui sait se tenir à bonne distance de toute mêlée un peu bas du front que peut constituer le genre. Ensuite, parce que le trio belge est présidé de sa chanteuse/batteuse Stefanie Mannaerts, qui revêt par cette double casquette atypique, un caractère singulier. Enfin, parce que aucun autre groupe ne réussit aussi bien que Brutus, à envelopper l'auditeur dans une contemplation aussi énergique. L'impression de flotter sur un nuage pris dans une tempête, cette contradiction si particulière entre douceur et nervosité, doit beaucoup au timbre si particulier de sa chanteuse. Une complainte mélodique au timbre doucement érayée. Une voix frêle est délicate poussée dans ses retranchements. Tout ceci participant à servir un propos chargé en émotions, qui se veut hurlé, livré brut de décoffrage, sans le moindre filtre ni retenu. C'est tout cela Brutus et bien plus encore.
Oui, la livraison 2020 est un concert, représentant les deux premiers efforts du trio, mais Brutus est avant tout une expérience live très intense et le Live in Ghent est une occasion toute trouvée pour faire connaissance avec cette irrésistible formation.

Les coups de cœur d'Olivier S : Gaupa – Ferberdröm


Voici venir l'élu, celui qui a été choisi pour rétablir l'équilibre dans la force. Le héros, capable de changer le cours des choses, de sauver le monde. On a tous en tête quelques exemples littéraires, cinématographiques ou vidéos ludiques de telles légendes. Eh bien, Gaupa pourrait être l'élu, celui capable de changer la face du stoner. Ce héros est en fait une héroïne et son pouvoir, c'est sa voix. Car oui, le timbre d'Emma Näslund est de ce calibre. Du genre désarmant, cristallin, d'une modularité lui autorisant une liberté rare. De ceux qu'on ne croise qu'une fois par décennie et par genre musical, pas plus. Dans le cas du stoner, c'est encore plus rarissime. Inévitablement, il vous évoquera celui de Bjork, mais bien vite, l'auditeur oubliera cette comparaison qui tend à se distendre, un peu plus d'ailleurs, sur Ferberdröm, le second opus du quintet Suédois. Gaupa sur ce second opus semble avoir définitivement dépassé le stade de la formation stoner agrémentée d'une chanteuse à voix. Le calibrage sonore est toujours aussi millimétré, chirurgical, mais ce qui a été peaufiné ici, c'est la danse à laquelle se livre l'instrumentale et le vocal. En affinant son groove, en sonnant plus éthérées, plus solennelles, les guitares semblent avoir appris à laisser un écrin encore plus propice aux envolées gracieuses de la chanteuse. À moins que ce soit les miaulements versatiles et impétueux d'Emma qui ne se soient finalement laissé totalement apprivoiser, las de survoler la masse sonore, sans en épouser plus intimement les moindres aspérités. Toujours est-il que le résultat est un bijou d'ambiance, chargé d'émotions viscérales. Dépassant largement le cadre du stoner, beaucoup trop étriqué pour ses aspirations, le groupe navigue dans les eaux capricieuses du progressif, teintées d'un psychédélisme un brin mystique. Huit titres et pas un riff qui ne soit mémorable, pas une ambiance qui ne tombe à plat, pas une minute qui ne comporte au moins un motif chargé en émotion. Et surtout pas un titre qui ne soit électrisant.
Une bombe à retardement qui finira bien par exploser à la face du monde.

Les coups de coeur de Mathieu : Goat Girl - On All Four


Goat Girl est un quatuor 100% féminin originaire du sud de Londres, révélé en 2018 avec un premier album éponyme rageur sorti chez Rough Trade. Directement (et peut-être trop hâtivement) classées auprès des formations post-punk émergentes, les anglaises sont revenues cette année pour briser les lignes et nous démontrer toute l'étendue de leur talent. Malgré une pochette (très réussie) des plus macabres, les filles nous proposent un son chaud et entrainant, notamment soutenu par la voix enivrante de Clotie Cream. En intégrant des éléments de pop à son rock brut originel, le groupe surprend par la diversité de son instrumentation, allant piocher dans le rock alternatif, l'électro rock ou encore le jazz, pour un ensemble débordant d’intelligence et de sensibilité. Assez complexe dans son ensemble, plusieurs écoutes seront tout de même de mise pour cerner et apprécier à sa juste valeur le potentiel artistique de ce disque et ses nombreuses subtilités.

Les coups de coeur de Mathieu : Sorry - 925


On reste du côté de Londres avec Sorry, formation active depuis 2018 justifiant d'un premier long format sorti l'an dernier. Initialement composé du duo de guitaristes Asha Lorenz / Louis O'Bryen, les deux musiciens se sont rapidement entourés d'un batteur et d'un bassiste dans le but d'enrichir et de faire grandir leur identité musicale. On fait ici face à une musique hybride alliant rugosité d'un son garage aux accents grunges à quelques extravagances plus modernes allant piocher allègrement dans le hip-hop et l'électro. La production soignée, met particulièrement bien en valeur la voix d'Asha, dont le parallèle avec Alison Mosshart des Kills semble inévitable. On soulignera tout de même un certain côté "touche à tout" un peu trop prononcé, amputant ainsi le tout d'une certaine cohérence. Rien de bien rédhibitoire cependant pour apprécier à sa juste valeur le premier disque d'une formation montante de la scène britannique.

Les coups de coeur de Mathilde: Nilufer Yanya - Feeling Lucky


Repérée à 19 ans pour sa reprise de "Hey" des Pixies, Nilufer est une londonienne hyper douée, à la modernité toute actuelle, et déjà considérée comme "une étoile montante de la scène rock britannique". Elle a sorti 3 EP: Small Crimes, Plant Feet et Do You Like Pain? et un album enfin parfait Miss Universe en 2019. D'origine turque mais se considérant londonienne avant toute chose, Nilufer a la grâce et l'attitude de ne pas y toucher, tout en abordant les sujets avec sincérité. Et avec du saxo apporté par sa comparse Jazzi Bobbi.


Alors que les voix féminines sont (encouragées à être) majoritairement gonflées de volume et de manières, elle est ici brute et, par dessus le marché (damn!) accompagnée de saxo type baryton pour un résultat qui rend vite adepte dès la première écoute. La voix est grave, les cuivres chauds en soutien pas soutien gorge, les mélodies en suspens et la bonne étoile est bien présente pour Nilufer qui croit en la chance et qui enchante de sa lumière l'avant Noël 2020 avec son EP Feeling Lucky, dans la même veine que son album. Mais en plus relevé et cadencé, et libre. Pas de faux-semblant ou détour, Nilufer Yanya se présente en une simple barde-esse en féminin, même pas badass car pas besoin, le talent humble et droit au but. Rien à jeter chez cette dame à suivre de très près. Une grande mélodiste femme rock comme on en entend pas assez parler.

Les coups de coeurs de Diego: Adrianne Lenker - songs


Frontwoman de la révélation rock US Big Thief (promis on vous en parle bientôt), Adrianne Lenker propose avec songs and instrumentals son deuxième effort solo. Après 4 albums studios en groupe entre 2016 et 2019, cette production solo accentue l'ultra-productivité de la chanteuse. Si l'émotion brute et la violence s'équilibrent avec la folk légère et déchirant sur les albums de son groupe, c'est dans le style épuré que Lenker exerce en solo. songs est un recueil de ballade déchirante, qui laisse pantois devant tant de maturité sur le songwriting et tant d'élégance sur les arrangements. Un article récent faisait de Lenker la candidate idéal pour une extension du trio boygenius (Phoebe Bridgers, Lucy Dacus, Julien Baker) à un quatuor. Sans faire insulte aux trois artistes que l'on adore, il semblerait que Lenker mène sa barque au-dessus de la mêlée.

Les coups de coeurs de Diego: Cassandra Jenkins - An Overview of Phenomenal Nature


Remarquable album que ce dernier né de l'artiste américaine Cassandra Jenkins. An Overview of Phenomenal Nature alterne entre arrangements alt-rock/folk, sur les gracieux "Michelangelo" et "Crosshairs". La voix sirupeuse et légère de Jenkins ponctue un tapis instrumental divinement mixé, le tout agrémenté de textes intelligents. L'apex est atteint sur l'extraordinaire titre "Hard Drive", véritable recueil de contes narrés par la chanteuse, dans une ambiance totalement cosmique.


Si l'instrumentation peut rappeler le travail récent de Weyes Blood, voire Wilco, la liberté d'exécution est totale.


 

Commentaires
Daniel, le 10/03/2021 à 12:40
Les femmes sont notre meilleure part. Merci pour l'article qui me donne envie de réécouter "Tapestry" de Carole King. Puis n'importe quoi de Kate Bush. Ou de Joan Baez. Ou de Tarja, Ou Nina Simone. Ou la moitié de l'Univers, finalement.