
La série d'été Albumrock : #25 Porcupine Tree
Pour occuper votre été, Albumrock vous offre cette année une série au principe assez simple : un rédacteur vous propose de découvrir ou de réviser un groupe plus ou moins culte en dix titres. Vous aurez droit à une sélection représentative qui vise à mettre en avant des morceaux par rapport à leur place dans le répertoire du groupe, sans toutefois renoncer à la subjectivité avec des choix parfois plus inattendus. Aujourd’hui, les papes du rock progressif moderne, Porcupine Tree.
10 - “Synesthesia”, Up The Downstairs, 1993. On commence le voyage avec l’ouverture magistrale de ce premier véritable album (On The Sunday Of Life n’étant qu’une compilation de titres de jeunesse). Et toute la classe de Steven Wilson transpire déjà sur ce morceau mélangeant refrain pop conquérant, gimmicks de synthé sautillants et soli de guitare débridés. SW a tout juste 20 ans quand il met en boîte ce petit bijou. Stupéfiant…
9 - “Voyage 34”, single stand alone, 1993. Méconnu - à tort -, “Voyage 34” réalise la quintessence de la période psychédélique de Porcupine Tree. Trop volumineux pour tenir sur Up The Downstairs, le titre de… 34 minutes (comme son nom l’indique) se voit commercialisé sous forme d’un EP qui distille une ambiance complètement barrée, entre psyché sous chimie et dancefloor halluciné. Pour les curieux, mais pas que.
8 - “The Sky Moves Sideways”, The Sky Moves Sideways, 1995. L’avantage, chez Porcupine, Tree, c’est qu’on peut tricher sur les choix des morceaux puisque certains sont déclinés en 2 ou 3 parties, mais un titre reste un titre, que voulez-vous. “The Sky Moves Sideways” est à l’album éponyme ce que “Shine On You Crazy Diamond” est à Wish You Were Here de Pink Floyd, 35 minutes éclatées au début et à la fin de l’album. Et là-dedans, on a tout ce qui fait la phase dite “floydienne” de PT, avec un titre nettement plus moderne et tonique que son modèle, entre pop soyeuse sous substance et délire techno-rock racé en très haute altitude. Laissez-vous emporter dans le voyage, vous ne le regretterez pas.
7 - “Waiting”, Signify, 1996. Même tricherie que ci-dessus, mais “Waiting” vaut essentiellement par sa “phase one” d’une saisissante beauté, magnifique écrin de guitare sèche et digressions électriques oniriques qui enjolivent un chef d’œuvre de pop à l’écriture incroyable. Un titre parmi les plus directs de ce disque probablement le plus hermétique de Steven Wilson. Mais non moins passionnant pour qui sait se montrer opiniâtre.
6 - “Don’t Hate Me”, Stupid Dream, 1999. On ne dira jamais à quel point Stupid Dream est un album au moins aussi fabuleux qu’il est inconnu - ou presque - du grand public. Difficile de faire un choix parmi les trésors de période “radioheadienne” de PT, on aurait pu citer “Piano Lessons”, “Pure Narcotic”, “Slave Called Shiver” et tant d’autres. J’ai retenu ce “Don’t Hate Me” car au-delà de la mélodie, c’est aussi l’émotion qui saisit ici dans sa pudeur et ce complexe d’infériorité dont Steven Wilson s’est entre-temps départi. Un petit bijou.
5 - “Shesmovedon”, Lightbulb Sun, 2000. Suite directe de Stupid Dream, Lightbulb Sun est au moins aussi bon, quoique sensiblement plus optimiste. Truffé de joyaux, on retiendra ce “Shesmovedon” d’une pureté et d’une simplicité confondantes, peut-être le sommet d’écriture intimiste de Steven Wilson et sans doute l’un des plus beaux diadèmes de Porcupine Tree. Notez qu’on est encore loin, bien loin du metal…
4 - “Trains”, In Absentia, 2002. Bien sûr. LE tube de l’Arbre. Un prodige de riff acoustique (l’un des plus beaux jamais écrit ? Allez, osons), une mélodie fascinante, un final musclé en apothéose. S’il fallait choisir un titre de Porcupine Tree pour vous faire découvrir ce groupe, ne cherchez pas, c’est celui-là. Indépendamment de la qualité exceptionnelle de l’album en question, bien sûr, qui nous “oblige” à faire l’impasse sur des pépites comme “The Sound Of Musak”, “Prodigal”, “Collapse The Light Into Earth” and so on.
3 - “Arriving Somewhere But Not Here”, Deadwing, 2005. Hé hé, je vois les fans de metal tiquer car je ne leur ai pas encore donné raison. Eh oui, Deadwing comporte des pièces métalliques renversantes, l’éponyme ou encore “Shallow”. Et oui, on y trouve aussi un certain “Lazarus”, une œuvre d’art confinant au sublime dans le registre lumineux teinté de douce amertume. Mais Deadwing comporte surtout le meilleur titre progressif composé par Steven Wilson, une petite merveille d’écriture, d’ambiance, d’évolution, d’émotion pour une œuvre fascinante. “Arriving Somewhere But Not here”, tout simplement.
2 - “Anesthetize”, Fear Of A Blank Planet, 2007. Tricherie, là encore. Facile de citer un titre de 17 minutes qui brasse une foule d’influences, et à bien y réfléchir on notera de petites carences sur la partie metal du morceau, en particulier des riffs un peu patauds. Mais mais mais… comment passer sous silence son introduction renversante de classe (Richard Barbieri à son sommet), la précision chirurgicale de sa batterie (Gavin Harrison pas encore tout à fait à son sommet) et la grâce incomparable de sa conclusion ? “Anesthetize” confine parfois au sublime, et malgré ses (menus) défauts, il nécessite d’être écouté. Religieusement.
1 - “Harridan”, Closure/Continuation, 2022. Gavin Harrison cette fois-ci à son sommet, ou quand le meilleur batteur encore en activité - oui, j’ai pris mon parti - délivre l’une des plus folles partitions jamais écrites. Sur un titre qui, avouons-le, dépote salement, avec sa basse insaisissable, ses refrains frondeurs et ses divagations métalliques cognées. Du grand art commis par de grands artistes. Rideau, standing ovation. A quand la suite ?
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