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Hellfest 2022, Vendredi torride à Clisson


Nicolas, le 22/06/2022

Canicule, vous avez dit canicule ?


Arrivée sur place vers 13h, petite douche froide - si l’on peut dire quand on sait que déjà la température avoisine les 35° : le parking. Appelé par tous depuis des années, cette zone de stationnement géante se pose comme la seconde plus grande de France après Disneyland Paris, m’a-t-on dit. Problème, elle est située loin, bien loin du lieu du festival. Autre problème, sa desserte n’est pas idéale, ce qui me contraint à poireauter vingt bonnes minutes avant de pouvoir garer mon véhicule au milieu des vignes. Temps mis à profit pour constater un second impair : les fameuses navettes vantées par Ben Barbaud, qui sont censées transporter les festivaliers du parking à l’entrée du festival, sont en nombre bien trop limité et empruntent par ailleurs le même itinéraire que les voitures affluentes. Résultat, trafic jam en bonne et due forme et surtout solution de ralliement proprement inenvisageable dans les faits. Ne me reste plus qu’à entamer une petite randonnée sous un soleil de plomb pour pouvoir rejoindre le rond-point à la Les Paul rouillée, presque 40-45 minutes de marche tout de même. Une fois parvenu à destination, d’autres sueurs froides me coulent du front - c’est une image, chers lecteurs, vous imaginez bien que le froid est la dernière chose que l’on s’attend à ressentir en pareilles circonstances. La queue à l’entrée est monstrueuse. Mais soit, c’est la règle du jeu, alors en avant pour un tour. Néanmoins, mes craintes se voient levées assez vite : il ne me faudra qu’une vingtaine de minutes pour pouvoir montrer mon sésame au guichet, sans compter que cette fois-ci le passage de sécurité à la Cathédrale ne prend que quelques secondes, une simple formalité. Très belle organisation, simple, sympathique, efficace, comme d’habitude, car oui, je suis maintenant un habitué de Clisson, et si je n’ai pas toujours goûté avec bonheur à toutes les propositions musicales de l’endroit, il est un fait que le festival est pour moi un modèle d’infrastructures et de personnel. Et tant pis pour l’impair du parking, on ne peut pas avoir une réponse idéale à tous les soucis.


Petit aparté sur l’assistance : cela faisait six ans que je n’avais pas remis les pieds à Clisson, et j’ai l’impression - mais peut-être que je me trompe - que le festival est en train de se démocratiser, et pas forcément pour le meilleur. Moins de métalleux caricaturaux (vous savez, pantalon cuir, T-shirt Iron Maiden, longues chevelures, tatouages et tutti quanti) et en revanche plus de Monsieur et Madame tout le monde, haut clair, cheveux courts. Beaucoup, beaucoup de jeunes (lycéens, étudiants), mais au final une assistance bigarrée qui réunit toujours autant les générations avec un vrai bonheur. Néanmoins, et là encore c’est à prendre avec des pincettes, j’ai trouvé l’assistance globalement moins aimable que les années passées, moins prévenante. Si la gentillesse des festivaliers m’avait surpris et touché lors de mes précédents passages, j’ai été déçu de constater cette fois-ci des comportements inappropriés, des types bourrés qui ne savaient pas se tenir, d’autres qui vomissaient dans la foule avant de se vautrer par terre, des altercations arrogantes, des bousculades vindicatives, et si nombre de personnes qui m’ont heurté l’épaule par mégarde lors d’un passage un peu prompt n’ont pas hésité à se tourner vers moi pour s’excuser avec douceur, d’autres olibrius n’ont pas eu cette courtoisie, loin s’en faut. Doit-on y voir l’effet d’une démocratisation du Hellfest, désormais plus guère fréquentée uniquement par des aficionados purs et durs mais attirant le festivalier lambda, plus enclin à se saouler salement qu’à aller vibrer sur sa musique fétiche ? Je ne tire aucune conclusion hâtive, mais c’est une crainte qui me taraude pour les années à venir.


Enfin bref, tous ces contretemps m’ont fait manquer une bonne partie du set de Leprous. Alors que je me presse vers la seconde Mainstage, je me remémore encore avec émotion le concert vu d’eux à Nantes il y a quelques années dans une salle microscopique et la forte impression qu’ils m’avaient faite à l’époque. Je vous renvoie à mes chroniques qui vous expliqueront par le détail à quel point j’aime ces Norvégiens dont le dernier émolument en date, Aphelion, casse clairement la baraque, entre metal syncopé, prog sensible et pop enflammée. Mon approche se fait au son des tubes de ce nouveau disque qui, ne le cachons pas, n’est clairement pas taillé pour les métalleux extrêmes, preuve que le groupe n’a que faire de servir sa soupe à la foule. Néanmoins, le courant a l’air de drôlement bien passer. Autour de moi, personne ne semble connaître la bande à Einar Solberg, sans doute parce qu’ils sont signés chez Inside Out qui n’est pas un label de metal, mais les compliments fusent. Il faut dire que la fine équipe ne ménage pas ses efforts, ça joue fort, le son est très bon (le djent en live, ça envoie quand même grave), les guitaristes jouent avec énergie et conviction, et le jeune Baard Kolstad, torse nu et la mine grimaçante, livre un show assez exceptionnel derrière ses fûts. Pas besoin de vous redire tout le bien que je pense de ce petit prodige, et ce n’est pas sa prestation du jour qui me fera mentir. S'enchaînent coup sur coup “Slave” de The Congregation et “Nighttime Disguise” d’Aphelion, deux titres fleuves sur lesquels le grand - dans tous les sens du terme - Solberg peut laisser libre cours à son organe fabuleux, entre aigus à faire pâlir un castrat et grawls haut-perchés du plus bel effet. Superbe prestation saluée par les vivas d’un public totalement conquis, tout comme votre serviteur. Dommage pour l’arrivée tardive car il m’aurait vraiment plu d’assister à l’ensemble du concert. À la revoyure, les gars.


Direction l’autre Mainstage et arrivée tranquille des deux frenchies de The Inspector Cluzo. Étonnamment c’est la première fois que je les vois sur scène alors que je les pratique sur disque depuis maintenant presque dix ans. Et autant l’avouer, j’avais un peu lâché l’affaire. Le travers de la formule duale guitare-batterie est de sombrer assez vite dans la redite, et c’est un peu l’impression que m’avait donnée le double Rockfarmers ainsi que le plus récent (mais datant d’il y a tout de même quatre ans) We People Of The Soil. Ça plus le fait que les Gascons élèvent leur musique au militantisme pour le monde agricole, ce qui n’est pas un mal en soi mais qui a quand même tendance à sérieusement tourner en rond sur la durée. Bref, une fois la foule saluée théâtralement, les deux hommes s’installent et la partie commence. Et boudiou, ça balance du bois. Dingue le boucan qu’on peut faire avec une seule Gibson SG et un mur d’amplis Marshall, la pédale de fuzz se voyant sérieusement piétinée tout au long du set. Batterie percutante, guitare surpuissante, groove et attitude, le blues rock de The Inspector Cluzo se concentre exclusivement sur son dernier album en date et lorgne assez fréquemment vers le southern rock de Lynyrd Skynyrd ou le côté groovy de ZZ Top. Peut-être est-ce aussi l’effet de la barbe désormais striée de gris de Laurent Lacrouts, dont la gouaille vocale reste intacte, mais ça fleure bon les US revisitées à la sauce paysanne landaise. Dans la foule, ça dodeline de la tête avec délectation, l’auditoire se voyant régulièrement distrait par de copieuses - et rafraîchissantes - rasades d’eau généreusement distribuées à la lance à incendie, et personne ne s’en plaint alors que le mercure commence doucement à titiller les 38° ! Sur scène le discours est drôle, plus aussi provocateur qu’avant, on sent les deux hommes sûrs de leur fait, en confiance, capables de retourner n’importe quelle assistance, et c’est bel et bien ce qui se passe avec les métalleux du Hellfest qui, on en prend le pari, ne devaient certainement rien connaître au duo avant son entrée en scène. Le set se révèle de qualité, avec peut-être un petit coup de mou sur un blues central un poil longuet - mais ils nous avaient prévenus en entame : “Les organisateurs nous ont déconseillé de jouer un blues de sept minutes au Hellfest, mais on n’en a rien à foutre, on fait ce qu’on veut !”. La fin voit Mathieu Jourdain démembrer progressivement son drum kit jusqu’à grimper sur sa grosse caisse sans cesser de marteler un rythme de tous les diables, tandis que Lacrouts enflamme l’auditoire par ses harangues haut-perchées. Au final, The Inspector Cluzo n’a pas failli à sa réputation de bête de scène, même devant un auditoire loin d’être acquis à sa cause. Chapeau les Gascons, et revenez-nous vite sur disque. Le mot de la fin : “On est The Inspector Cluzo, on fait tout nous-mêmes, on produit et on vend nos disques en autarcie et on vous remercie pour votre soutien, mais si vous n’aimez pas notre musique, nous on s’en branle, on a notre ferme ! Adishatz !!!”

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