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Furia Sound Festival 2008


Maxime, le 06/09/2008

DIMANCHE 29 JUIN


Après une bonne nuit de repos qui nous fera louper Ghostown, Origines Contrôlées et Les Wriggles, retour sur les pelouses du Furia avec le metal progressif des chevelus de Coheed And Cambria. Leurs grandes envolées épiques et grandiloquentes les placent très clairement sous l’égide de Rush, certainement leur influence principale. Les amateurs de tricotages de manches apprécient le résultat à sa juste valeur. Ceux qui en revanche restent de marbre devant les démonstrations techniques s’en vont faire un tour du côté de la grande scène pour voir Les Cowboys Fringants. Décidément, l’accent québécois, ça a vraiment du mal à passer… Ce n’est pas peu dire qu’Aqme fait un peu partie des meubles, ici à Cergy, puisqu’ils sont présents quasiment à chaque édition. Le chanteur avoue même en préambule se retrouver ici "à la maison". On retrouve donc peu ou prou les mêmes fans réservant un accueil toujours aussi tonitruant à leurs idoles. Du côté de la scène, on observe la fosse d’ébranler, massacrer le sol qui vole en poussière, comme un troupeau de bisons lancés au galop. Comme d’habitude, rien à signaler du côté du quatuor parisien, leur son en béton en armé remplissant convenablement son office. Ambiance plus pailletée sous le chapiteau avec Fancy, combo fantasque de garage-glam dansant piloté par Jesse Chaton, sa touffe afro et sa voix de fausset. Très à l’aise dans son rôle d’harangueur pour foules consentantes, il multiplie les appels au public, les invitant à s’immerger avec lui dans les tempos trépidants dégurgités par ses comparses. Set pourvu, comme d’habitude, de la cover du "I’m So Excited" des Pointer Sisters.


Pendant que Kaolin charme les festivaliers qui aiment rester allongés dans l’herbe avec leur pop azurée, on fait la découverte de The Heavy, dont on n’avait jamais entendu parler auparavant. Quatuor britannique mené par un black doté d’un timbre aussi puissant que suave, le combo propose un beau mélange de soul musclée et de hip-hop analogique, assaisonné de quelques samples, appuyé sur une section rythmique qui donne bien envie de taper du pied ainsi que de quelques guitares incisives. C’est efficace, ça s’écoute sans déplaisir, et c’est loin d’être lourd à digérer, contrairement à ce que leur nom laisserait penser. Avec une envie manifeste de faire la fête, les Anglais se fendent d’une reprise des Kinks ("Set Me Free" ou "All Day And All Of The Night", impossible de se souvenir). Un set aussi sympathique que rafraîchissant. Fuyant l’apocalypse nucléaire déclenchée par les équarrisseurs de Today Is The Day, on se résigne à se rendre du côté de la grande scène, pour le passage de Stereophonics. Sous un gigantesque drapeau à l’effigie de Pull The Pin (leur dernier album), les gallois entérinent le nez dans le guidon leur conquête d’un rock de stade, avec ses guitares bodybuildées à l’américaine et ses balades bien pataudes. Aussi raides qu’une rangée de piquets de tente, les musiciens jouent comme d’autres vont pointer à l’usine, avec une constance professionnelle certaine (c’est plutôt bien joué) mais sans aucune âme. Les tubes issus de leurs anciens albums défilent, tandis que Kelly Jones, grosse paire de lunettes de soleil sur le nez et chewing-gum inamovible bien calé sur ses molaires, ne pipe presque mot au public, juste quelques menus apartés avec un accent gallois à couper au couteau, avec ses r roulés ("Vous êtes tous bourrés ?" – "Yeeeeeeeeeeeaaaaaah !!" – "Bien."). Défile une bande-son des années 90 dont on se sent plus que jamais loin.


Dédaignant la pop pour teenagers abrutis par MTV2 ourdie par Panic At The Disco, on opère un retour sous le chapiteau pour l’une des prestations les plus attendues de cette édition par nos services, celle des américains de Comets On Fire. D’un simple point de vue vestimentaire, ce quintet originaire de San Francisco fait peine à voir. Vêtu de la même chemise mauve dépareillée, Ethan Miller ressemble à un paysan tout droit échappé des Raisins de la Colère, avec son cheveu rare et gras, sa barbe luisante et son pantalon informe. Pourtant, dès que les amplis se mettent à résonner, tout ce petit monde se met en branle et se déroule alors sous nos yeux un étrange ballet anarchique composé d’instruments envoyés en tous sens et de fûts violentés. Les musiciens se meuvent sans se soucier des autres, chacun dans sa bulle, mais leurs mouvements saccadés donnent au tableau une étrange homogénéité sur laquelle le regard reste inlassablement aimanté. Miller se la joue Pete Townshed, sarclant sa guitare avec de grands moulinets, sautant en tous sens, hurlant lorsqu’il se risque de temps en temps derrière le micro. Musicalement, Comets On Fire allume un brasier d’électricité bouillonnante qui se déploie en de grandes gerbes intenses ou en éclairs fulgurants. On sculpte le son à grand renfort de pédales d’effets et d’ouragans de décibels en fusion. C’est très bruitiste mais paradoxalement gracieux. On pense parfois à Jimi Hendrix ballotté par la puissance de feu de Blue Cheer, à Sonic Youth qui se trouverait crucifié à coup d’ogives Marshall ou encore à Jackson Pollock qui troquerait son pinceau pour une Fender pour un exercice de dripping sauvage et noisy. On sort du set aussi complètement vidé de l’intérieur qu’en état de lévitation.


Replacé plus tôt sur le programme pour cause de défection d’Aaron (l’extinction de voix de Simon Buret l’ayant contraint à annuler toute la tournée estivale du groupe), c’est à Cali de sonner le dernier grand rassemblement du festival sur la grande scène. Son admiration pour U2 se trouve incarnée de la façon la plus explicite qui soit, avec ce concert ouvert de façon emphatique avec ses chœurs qui font ho-ho. Fidèle à sa réputation de chien fou lâché sur les planches, le chanteur se démène comme un beau diable, alternant plages intimistes à la guitare acoustique et morceaux plus rythmés, et remporte tous les suffrages d’un public venu en masse, apparemment aux anges. Alors que la nuit s’est installée, ce dimanche s’achève sous les boucles heurtées de RJD2, qui regroupe sous le chapiteau ceux qui veulent prolonger la fête jusqu’au dernier moment.


Aussi riche que chaque année, malgré son programme tronqué, le Furia a une nouvelle fois fait preuve d’un très bel éclectisme. Espérons qu’il ne se fasse pas bouffer davantage par les grands raouts estivaux, on a besoin de leur soif d’indépendance.

http://www.furia.tm.fr
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