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Ranking albums : Lenny Kravitz


Chrysostome, le 12/05/2025

Tout amateur de rock connaît Lenny Kravitz et a déjà entendu ses plus grands tubes (une petite dizaine quand même). Pourtant, on est tout de suite moins nombreux à pouvoir affirmer avoir écouté sa discographie complète. Le douzième album de Kravitz sorti l’an dernier était particulièrement bon. Mais où le situer dans une carrière qui s’étale sur plus de trois décennies et dont on a surtout retenu les débuts ? On vous dévoile ça tout de suite avec un classement de ses douze disques, du pire au meilleur.

 

 

Du mauvais, du bon, et du très bon

En résumé, si vous n'avez pas le temps de vous lancer dans la lecture de tout le dossier, mais souhaitez tout de même avoir une idée des albums les plus intéressants, ils peuvent être répartis par tiers : ceux qui laissent à désirer de la douzième à la neuvième place, les bons de la huitième à la cinquième place, et les très bons de la quatrième à la première place.

N°12 : Lenny (2001)


Depuis ses débuts, les critiques reprochent à Kravitz de pasticher les groupes des années 60 et 70(1). Sur Lenny paru en 2001, il essaie au contraire de coller à l’époque, démontrant au passage à quel point il est plus intelligent d’émuler le son intemporel d’un genre musical que de vouloir à tout prix être dans le coup. En effet, les sons, effets et choix de production sonnent aujourd’hui hyper datés et kitsch sur certains titres ("Believe in Me", "You Were in My Heart"). Les albums de Lenny explorent généralement plusieurs univers différents. Ici, quand il ne cherche pas à coller à l’air du temps, c’est le glam qu’il met à l’honneur, un genre musical qui ne fait pas dans la sophistication ni dans la finesse. On retrouve donc une multitude de riffs peu inspirés ou éculés, de suite d’accords bateau, de compositions qui tournent autour d’une seule idée, tout cela joué à peu près tout le temps à la croche et à des tempos lents ou moyens pour parfaire notre ennui. Même quand on fait peu attention aux paroles, difficile de ne pas entendre le niveau zéro de celles-ci sur certaines chansons (morceaux choisis issus de "A Million Miles Away" : "You think I’m cool but I am not […] Let’s take this love and make it hotter than the sun"). Un disque clairement dispensable sur lequel on ne trouvera pas même une chanson à sauver.


 


 

N°11 : Strut (2014)


 


Les trois premiers titres sortis en single ("Sex", "The Chamber", "New York City") ont un côté disco qui inspire plus l’opportunisme commercial que l’intégrité artistique. Mais comme à son habitude, Kravitz convoque plusieurs univers. Les morceaux hard et glam pâtissent comme sur Lenny de riffs cliché et peu inspirés. Apparemment le fait que certaines de ses idoles aient déjà enregistré des chansons sans intérêt sur le thème "bon anniversaire" (Beatles, Stevie Wonder) n’a pas suffit à le dissuader d’en faire autant. Les morceaux funk rock, sa marque de fabrique, ne sont guère plus réussis sur cet album, même si on a droit a de superbes solos de saxophone. Là où il s’en sort le mieux c’est sur les titres d’inspiration Rolling Stones ("She’s a Beast", "I Never Want to Let You Down"), qui n’ont pour autant rien d’exceptionnel.


 


 

N°10 : Black and White America (2011)


Black and White America est l’album le plus ouvertement funk de Lenny Kravitz. Il y explore d’ailleurs le funk sous toutes ses formes : synth funk, funk rock, à la manière de Prince, The Temptations, Curtis Mayfield ou James Brown, vous avez l’embarras du choix ! "Black and White America" (si on arrive à faire abstraction du niveau exposé de CM2 des paroles) et "Come on Get it" sont plutôt réussis, mais les plus belles pépites "Looking Back on Love" et "Life Ain’t Ever Been Better Than It Is Now » sont reléguées loin sur un disque particulièrement long. Encore une fois soucieux de ne pas paraître passéiste, il invite Jay-Z sur le très R&B "Boongie Drop" et Drake sur le synthétique "Sunflower", mais ce n’est pas ce qu’on attend de cet artisan du retro, et ces deux titres ainsi que le très new wave "I Can’t Be Without You" dénotent sur un album qui, jusqu’à sa pochette a plutôt tendance à évoquer les seventies. Côté rock, "Rock Star City Life" lorgne du côté de Kiss sans convaincre, en revanche "Everything", "The Faith of a child" et "Push" sont réussis (sans être révolutionnaires), avec des mélodies particulièrement efficaces. Black and White America est donc inégal, mais comporte quelques très bons moments qui méritent d’être récupérés si on se lance dans la constitution d’une playlist des meilleurs titres de son auteur.


 


 

N°9 : Baptism (2004)


On vous disait depuis le début que Kravitz aime aborder plein de genres différents sur chaque album. Baptism est une exception à la règle puisque celui-ci est à deux morceaux près (les très groovy "Storm" et "Sistamamalover") rock/pop du début à la fin. Globalement, pour citer La Cité de la peur, c’est un album "bien mais pas top". On aura tendance à zapper la tentative power pop ratée "California" et ses paroles tout droit sorties de son journal intime de ses 10 ans(2) et les ballades mielleuses "What Did I Do With My Life" et "The Other Side", mais le reste tient la route. En revanche, peu de titres sortent vraiment du lot. On apprécie le funky "Sistamamalover". Et le côté sans artifices des chansons "Baptized" et "Destiny", jouées à la guitare acoustique, est touchante. Si la première monte habilement en puissance, la deuxième est tellement dépouillée qu’elle donne l’impression d’avoir été enregistrée en direct, voix et guitare en même temps, dans un beau moment de grâce.


 


 


 


 

N°8 : Mama Said (1991)


Huitième place et on commence déjà attaquer les très bons albums, avec celui qui a fait connaître Kravitz au monde entier. On trouve ici son tube le plus connu ("It Ain’t Over ‘Til It’s Over") ainsi que deux autres morceaux qui ont marqué leur époque et sa carrière ("Stand by My Woman", "Always on the Run"). Avant ça, en ouverture du disque on découvrait avec "Fields of Joy" une magnifique composition dont peu de personnes doivent connaître l’originale qui est signée Michael Kamen. Alors si les quatre premières chansons sont des merveilles incontournables dans la carrière de l’artiste, pourquoi cet album arrive-t-il si tôt dans ce classement ? Eh bien justement, passé ces quatre titres, il ne reste plus grand-chose de vraiment intéressant à se mettre sous la dent. On a même parfois l’impression d’écouter des démos inachevées(3) ! "More Than Anything in This World", "What Goes Around Comes Around", "The Difference Is Why", "Flowers for Zoë" et "All I Ever Wanted" tournent en rond sur une seule suite d’accords et la plupart de ces chansons se terminent en fade out. On ne comprend pas trop l’utilité de "Fields of Joy (Reprise)" qui semble n’être que le même morceau joué au ralenti. "When the Morning Turns to Night" a un son de guitare hyper crado assez surprenant pour une ballade soul. On n’a rien contre quand c’est utilisé à bon escient, "Stop Draggin’ Around" par exemple est un rock garage brut de décoffrage particulièrement efficace. On sauvera également le psychédélique "What the… Are We Saying", mais 6 titres sur 14, aussi bon soient ils, ne suffisent pas à hisser ce classique plus haut dans notre classement.


 


 

N°7 : It Is Time for a Love Revolution (2008)


 


 


Sur It Is Time for a Love Revolution, Kravitz se focalise sur les genres musicaux qui lui vont le mieux : pop rock, funk rock et hard rock. La qualité des compositions est constante tout au long de l’album, même si les références à Led Zeppelin et aux Beatles sont parfois un peu trop appuyées ("Back in Vietnam" pourrait figurer sur un disque des Rutles, le groupe parodique des Beatles). Deux chansons pop rock sortent du lot, "I love the rain" et "Go home", tandis que le groove de "Dancin’ Til Dawn" est irrésistible. Dans le registre funk "Will You Marry me" dans un style très James Brown est très réussi aussi.


 


 

N°6 : Raise Vibration (2018)


Sur Raise Vibration, Kravitz se focalise à nouveau sur les genres qui lui vont le mieux et qui ont fait son succès (pop rock, funk et soul cette fois-ci). Mais contrairement à d’autres des ses albums, ici ses références ne sont pas trop appuyées et il arrive à trouver un équilibre parfait entre vintage et modernité. On le conseillera donc à ceux qui considèrent que sa musique n’est qu’une copie de ses influences. On ne trouve pas un titre faible ici. Même les ballades sirupeuses "Johnny Cash" et "Here to Love" nous sortent de la torpeur attendue grâce à à de belles performances vocales soul finales. Il est bien évidemment hautement improbable qu’un artiste rock qui publie un disque en 2018 après 30 ans de carrière puisse encore avoir un succès commercial notable. Raise Vibration comprend pourtant plusieurs hits en puissance, qui sortis au sommet de sa carrière seraient passés en boucle à la radio. "Low" avec sa cocotte à la Nile Rogers et le célèbre cri de Michael Jackson a été un hit mineur dans certains pays. La pop solaire de "5 More Days ‘Til Summer" n’a pas eu cette chance, ni "Ride" qui a tout d’un nouveau "It Ain’t Over ‘Til It’s Over " dans l’esprit sans pour autant être une sous copie. Parmi les pépites de cet album, citons également les grooves irrésistible de "The Majesty of Love" et "It’s Enough", l’originalité de la fusion funk-indus de "Who Really Are the Monsters" et le final parfait "I’ll Always Be Inside Your Soul". Pour ne rien gâcher, la production est exceptionnellement bonne, un vrai régal pour les oreilles.


 


 

N°5 : Circus (1995)


Sans aucun hit single et intercalé chronologiquement entre ses deux albums qui se sont le mieux vendus, Circus a tendance a être passé injustement inaperçu. Il déroule 11 titres de qualité égale, sans qu’aucun ne sorte particulièrement du lot, si ce n’est l’entêtante composition soul "Don’t Go and Put a Bullet in Your Head". A ce titre on était tenté de considérer plutôt Raise Vibration pour cette cinquième place, eu égard à ses nombreuses chansons marquantes. Mais Circus possède un atout de taille pour les amateurs de musique dont il est question dans ce webzine, car à l’exception du morceau déjà mentionné, c’est un disque résolument rock. Le son est très brut, l’interprétation vocale y est rugueuse. On pense souvent à Led Zeppelin et le jeu de batterie de Kravitz ici s’inspire fortement de Bonham. L’orientalisant "The Resurrection" évoque forcément Kashmir (tout en proposant quelque chose de personnel). Entre pop et country rock, on pense aussi souvent aux Rolling Stones ("Can’t Get You Off My Mind", "Magdalene", "In My Life Today"). Et quand Kravitz aborde tout de même le funk sur "Tunnel Vision" et "Thin Ice" c’est un funk rock heavy à la Red Hot Chili Peppers qu’il délivre. Dans sa forme, Circus rappelle les classic albums des années 70, période où beaucoup de groupes accordaient plus d’importance à construire leurs disques comme un tout indissociable qu’à chercher à faire des hits.


 


 

N°4 : Are You Gonna Go My Way (1993)


Are You Gonna Go My Way est le deuxième album le plus vendu de Lenny Kravitz, celui de la confirmation après Mama Said qui l’avait fait connaître au monde entier. On y retrouve deux de ses plus gros tubes, l’énergique "Are You Gonna Go My Way" et la ballade psychédélique "Believe", tous deux aussi réussis qu’incontournables. L’album est extrêmement diversifié, puisqu’on ne trouve pas plus de deux titres de chaque genre. Le hard rock, le psychédélisme, le funk rock, la soul et le reggae y sont mis à l’honneur. En plus des tubes déjà évoqués, une chanson retient particulièrement notre attention, il s’agit de "Sister". Le son et l’approximation de l’intro voix/guitare acoustique laisse imaginer que la démo maison a été reprise telle quelle, et on s’attend à entendre un de ces titres bonus anecdotiques que les artistes collent parfois en fin de disque. Mais petit à petit, elle s’enrichit d’instruments enregistrés en studio et nous fait passer par plusieurs vagues d’intensité, notamment grâce à des solos de guitare épiques. La plupart des albums de Lenny Kravitz sont trop longs et perdent en impact en incluant des compositions dispensables. Are You Gonna Go My Way évite ce travers avec ses 11 titres d’une durée totale de 46 minutes. On regrette en revanche que 9 d’entre eux terminent en fade out, faute de goût notable qui vaut à ce classique de rater de peu notre podium.


 


 

N°3 : Blue Electric Light (2024)


 


 


Voici donc la réponse à la question posée en introduction. A 60 ans, Lenny Kravitz a réussi le tour de force de sortir son troisième meilleur album d’une carrière longue de 35 ans. La dynamique est similaire à Raise Vibration, avec l’accent plus particulièrement mis sur le groove cette fois-ci. Les grincheux pourront lui reprocher de s’inspirer un peu trop de Prince sur plusieurs compositions, mais celles-ci sont tellement réussies qu’il est difficile de lui en tenir rigueur. D’ailleurs, à trois exceptions près, tous les morceaux de cet album possèdent d’excellentes mélodies qui restent bien en tête, et à une époque où il était plus à la mode, il avait là matière à aligner un sacré paquet de tubes en single.


 


 

N°2 : Let Love Rule (1989)


Dès son premier album, Kravitz maîtrisait sa formule, tout compte fait pas si courante (vous en connaissez beaucoup des artistes dont les compositions vous évoquent à la fois la pop, le rock, le hard, le psychédélisme, le funk et la soul ?). Ce qui impressionne le plus, c’est que les différents ingrédients sont totalement fusionnés, ils ne cohabitent pas artificiellement. Lenny convoque Clavinet et orgue Hammond à une époque où tout le monde jure encore par le Yamaha DX7. Les morceaux sonnent comme des jams où il se fait plaisir. Vocalement il s’écorche la voix comme jamais, sans se soucier de la justesse mais privilégiant au contraire l’intensité. Let Love Rule a la fraîcheur et la spontanéité des premiers albums sans pour autant laisser poindre des erreurs de jeunesse, Lenny maitrise vraisemblablement déjà son art. Ses capacités de compositeur/arrangeur sont mis en exergue sur le western très cinématographique "Empty Hands". A l’exception du basique "Mr Cab Driver" l’album est sans temps faible.


 


 

N°1 : 5 (1998)


Après quatre albums à émuler des sonorités et des styles passés, Kravitz modernise ses sons tout en restant fidèle à son univers. Cela passe par un electro-soul-funk aussi galcial que sensuel, oxymore aussi improbable sur le papier que réussi ("If You Can’t Say No", "I Belong to You", "Little Girl’s Eyes"). Parfois son funk se mâtine d’indus ("Black Velveteen", "Take Time"). Cependant, sur la majorité des autres compositions il reste fidèle à son funk-rock-pop-soul. Résultat, après la déception commerciale de Circus, 5 est le disque le plus vendu de toute sa discographie. On y trouve certains de ses plus grands tubes comme "Fly Away", "If You Can’t Say No", "I Belong to You", auxquels on peut rajouter sa reprise d’"American Woman" enregistrée à l’origine pour la B.O. d’Austin Powers 2, mais désormais intégrée au tracklisting. On ne trouve pas un morceau faible sur cet album qui en comprend 15 avec l’ajout de 2 titres bonus (forme sous laquelle on le trouve en streaming). 5 représente le moment où Lenny ne se repose plus sur ses acquis sans pour autant se renier, le parfait dosage d’exploration et de classicisme.


 


 


(1) Ce qui est d’ailleurs bien injuste, quand on voit le nombre de groupes qui font de même en ayant au contraire les éloges des critiques (Oasis, Brian Jonestown Massacre, Dandy Warhols…).


(2) "She played me records I had never heard/While we toked on purple hairs/Who, Zeppelin, Beatles, KISS, The Rolling Stones/While we played guitars in air […] Venice Beach and P.O.P/Station 26 was free/Jeff Ho and Horizons west/Dogtown Skates, they were the best/Hang Ten, O.P. were the brands/Don't forget the two-tone Vans/I miss the Apple and my schoolyard boys/Nothing ever will compare/But now I skateboard/With my surfer girl/And we really are a pair"


(3) Ce qui est probablement réellement le cas pour le titre final "Butterfly".


 

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