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Compte-rendu de concert

L'Esprit du Clan


Date : 24/03/2012
Salle : Le Tremplin (Beaumont)
Première partie : Shall Remain, Promethee
Christine, le 05/04/2012
( mots)

En Auvergne, les riffs fleurissent et la sève monte dans les baguettes des batteurs. Bientôt les deux soirées du prochain Arverne Metal Fest, Slayer et Gojira qui font un passage dans le coin, il semblait nécessaire d'aller auparavant se faire décrasser les oreilles. C’est chose faite avec la soirée programmée  au Tremplin, à Beaumont (63). Shall Remain, Promethee (sans les accents sur les "e" svp) et l'Esprit du Clan se sont alliés pour nous esgourdir les tympans et faire péter les bourgeons qui coinçaient nos cervicales engourdies par l'hiver.
Soirée hardcore, metalcore, donc, au Tremplin, salle qui confirme avec cette affiche sa vocation d'accueil de toutes les musiques actuelles : belle scène, bon son et mise en lumière efficace.

Etonnamment, nous sommes peu nombreux ce soir, 150 peut être. La faute aux autres dates sur Clermont ? Si le style musical reste encore confidentiel et difficile à aborder, c'est  pourtant en live que l'on peut pleinement s'imprégner de l'énergie phénoménale dégagée par les groupes,  apprécier le côté défouloir de la musique en "core", tout en pouvant se délecter de la précellence des guitaristes, de la vélocité et de la rigueur millimétrée des batteurs, de l'indispensable ligne de fond des basses. Et c'est aussi comme ça que l'on encaisse le mieux les voix de gorges qui en déstabilisent beaucoup.
Petite revue du code-look de la soirée : bermuda, basket en toile, sweat à capuche et percing aux oreilles, qui réunit public et musiciens.
La formation est classique pour les groupes de ce soir : batteur, basse, deux guitares et un ou deux chanteurs.

 


Ce sera deux chanteurs pour Shall Remain qui ouvre les festivités sur son propre terrain. La bande va  chercher ses influences à la fois dans la nouvelle scène hardcore, ou chez des groupes plus anciens (Sworn ennemy, Arkangel, Primal Age...). Ils ont l'habitude des salles, grandes ou petites, avec pas mal de dates à leur actif, en tournées ou festival, certaines avec de grands noms (Primal Age, FTX, Apocalyptica, Black Bomb A). Deux EP pour la partie studio, mais c'est surtout par leur motivation et leur furie en live que le combo à su s'attacher ses fans.
Les clermontois  ne s'embarrassent pas de détails et entrent illico dans le vif du sujet. Pieds sur les caissons de retours, les deux chanteurs, Xavier, et Julio, revenu pour l'occasion (?), se plient, traversent la scène, puisant dans tous leurs muscles et leur hargne des voix proches de celles du death metal.
Les roulements de la grosse caisse, les blastbeats, les stromboscopes déclenchent dans le public les premiers pits. Le devant de la scène s'éclaircit pour laisser place aux mosheurs, qui jettent bras et jambes dans une danse tribale.
Les titres s'enchaînent, avec  des nouveautés, annonçant un prochain album. Les compos sont déstructurées, la basse lourde et pesante sur des mid-tempo, les breaks bien sonnants, les guitares s'envolent pour le grand plaisir du public. La rythmique peut devenir par moment envoûtante, à en faire oublier les grunt. Rouges, en sueur, après huit morceaux, les Shall Remain nous annoncent la suite :

 


Voici les genêvois de Promethee.
Soyons clairs : quand vous aurez reçu en pleine face ce que balance le quintet sur scène, vous ne pourrez plus dire que les suisses sont nonchalants. Depuis 2008, Promethee joue un mix de metal, hardcore et death progressif. Nous avons une dizaine de titres ce soir pour découvrir le groupe, et quelle bonne surprise ! La marmotte s’en étouffe avec son chocolat Milka.
Les suisses jouent un hardcore plutôt classe et sophistiqué. Pas de message politique ou religieux, ils parlent de leur quotidien. Et privilégient eux aussi le live plutôt que le studio, avec plus de 100 concerts dans des tournées en Europe.  
La voix de Joshua passe par une palette de profondeurs différentes : éraillée, claire ou growl. Le frontman descend dès le début du set dans le public, au contact, pour une invitation à le suivre dans le rentre dedans musical qui va suivre.
Côté jardin, la guitare prend des accents « metal prog »  identifiés dès les intros ou pendant les ponts. Ses volées mélodiques sont soutenues par les traditionnelles alternances de blastbeats et de frappes sèches mathématiques, hachées, maitrisées.
Certains titres sont  issus de leur dernier album, le troisième déjà pour ce "jeune" groupe, dont un titre hallucinant joué à fond sous stromboscopes, avec toujours cette guitare qui déchire et des breaks dans le tempo qui nous explosent. Sous un déluge de riffs, le chanteur et ses gratteux courent partout, changent de côté.
Les membres de Shall Remain sont dans la salle et prennent en main la chorégraphie des moshes qui deviennent carrément acrobatiques, tendance capoeira.
Soudain,  une envolée eucharistique,  puis un dernier titre tellement fracassant et puissant qu'il nous laisse tous scotchés. Même les mosheurs en restent baba et souffle coupé. Ovation !

 


L'Esprit du Clan déboule, sous les yeux de son idole encapuchonnée postée sur paravent, avec des titres de son dernier album sorti en Août 2011 : Chapître V : Drama.
Après une période difficile pour les membres du groupe en 2011 (dont un accident de voiture pour Shiro), c'est avec cet album que les parisiens ré-agissent "c’est jouer pour ne pas mourir", confient-ils lors d'une interview.
Ce nouvel opus plus technique, aux textes sombres et engagés,  a réconcilié l'Esprit du Clan avec des fans qui s'étaient un peu écartés du groupe après Ch IV, jugé "trop Brutal".

Bastos s'installe derrière ses fûts, torse nu, on se doute de ce que la suite va donner.
Démarrage en force sur le plateau, Shiro et Arsène, les deux chanteurs, interpellent le public après leur premier titre : "Vous êtes vivants ou morts à Beaumont ?"
Le duo domine par ses passes oratoires, restes de la teinte hiphop des débuts du clan, et balance ses messages.
Les paroles de "Fils de personne" résument l’ambiance des titres : « Ma génération, entre violence et mélancolie, nous sommes les fils de personne », violence sonore et introspection.
Ils vont et viennent sur le devant de la scène, Shiro tombe très vite le tshirt pour arborer de superbes tatouages. Shamka et sa guitare font  l'objet d'une attention toute particulière (« Vas-y Shamka, envoie ! »), pendant que Ben imperturbable assure sur l’arrière.
Les titres phares du groupe s’enchaînent sans faiblir, sans baisser la garde. "Le Jour des Saigneurs", "L'enfer c'est leNnôtre" (« Je dois savoir remettre en cause /Mes fautes avant toute chose »), "Noir sidéral", dédié à tous ceux qui sont partis,  les textes sont pessimistes et enténébrés, mais les refrains fédérateurs sont repris par le public, en cris de ralliement.
Les mosheurs se désarticulent, ça devient sportif, mieux vaut  s'écarter. Arsène demande un arrêt de l'avalanche de strombos, il est vrai assez puissante.
Mais malgré leur rage et leur puissance, et une énorme  présence scénique, quelque chose semble petit à petit coincer. Fatigué le public ? Arsène échange beaucoup, appelle à bouger...mais le tempo ramollit dans la salle !
Le set se termine avec une salve d'applaudissements, mais pas de rappels....hé oui, tannés !


Le public se dirige vers le bar et les stands de merchandising, pour rencontrer les musiciens. Bonne soirée de metal hardcore, oscillant selon les groupes entre maturité et piquant de la nouveauté, avec pour nous la très bonne découverte de Promethee, à conseiller à tous ceux qui veulent découvrir le hardcore  "en douceur" . « Et la marmotte, elle déchire en hurlant le papier alu pendant que la vache violette saute et va pitter dans la montagne. »

 

 Le site de Shall Remain

Le site de Promethee

Le site de l'Esprit du Clan

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