Fumuj
Le 8 octobre, le Club 22 organisait son deuxième Son'Automne, une soirée à la programmation volontairement éclectique. Hors de ses murs, hébergée pour l'occasion par Le Tremplin, nouvelle salle de musique actuelles de l'agglomération de Clermont Ferrand, l'association puydomoise a accueilli toujours aussi chaleureusement le public.
Nous venions ce soir pour Fumuj, groupe électro-hiphop-rock (fusion, quoi) originaire de Tours, précédé de son excellente réputation de bête de scène.
En première partie se produit le duo Délinquante. Un duo... chanson française... de l'accordéon... voilà qui ne nous laisse pas augurer un trip inoubliable. Et bien, comme dit le proverbe "le sage change d'avis, le sot s'entête", ces demoiselles, malignes comme tout, nous ont carrément conquis. Elles nous ont raconté avec force malice leurs vies de filles, comme on se la raconte entre meilleures copines (enfin c'est ce qu'on dit), avec un humour et un sens de la répartie de haute volée.... de jolies voix, des mélodies enlevées, des paroles tout en finesse, un vrai régal. Le public s'est agglutiné en masse, sourires jusqu'aux oreilles, pour écouter les craquantes et adorables pestes de Délinquante.
C'est le reggae-dub de Gwarana qui prend la suite. Le succès du Combo, qui présente son dernier album Sans Armes et Sans Barrières confirme l'intérêt du public clermontois pour le reggae. Formé en 2005, les membres de la line-up venant de groupes différents, Gwarana est connu pour ses prestations scéniques, son énergie, ses échanges chaleureux avec le public. L'auditoire accompagne en dansant leur musique colorée qui allie gaieté, douceur et nostalgie du reggae.
Mouvements sur la scène pour l'installation de Fumuj : pendant que les techniciens s'activent nous révisons un peu nos connaissances sur le quintette : né en 2003, trio à ses débuts, Fumuj revendique ses influences fusion chez Nine Inch Nails, Rage Against The Machine ou Fishbone, les Beastie-Boys ou Cypress Hill pour le HipHop, Chemical Brother et Prodigy pour l'électro. Trois albums à leur actif : Monstrueuse Normalité, The Robot and the Chinese Shrimp, et Drop a Three, dont ils font la promo ce soir. Le groupe a évolué depuis le "plutôt électro" du début à l'électro rock d'aujourd'hui qui laisse plus de place aux instruments, surtout en live.
Ils ont fait beaucoup parler d'eux suite au travail mené sur la perception de la musique par les sourds et malentendants et plus globalement sur la perception multi-sensorielle du son : pendant un spectacle à l'Astrolabe d'Orléans, un dispositif particulier, boudins gonflables et colonne en plexi, résonnant sur les basses et les aigues, permettaient aux spectateurs sourds de ressentir les vibrations de la musique. Ce soir pas de tels arrangements mais l'autre "porte de la perception" sera ouverte : le show visuel interactif entre sons lumière et vidéo se met en place. De fines colonnes sont installées sur la scène sur la scène, un écran en fond, batterie à l'angle, les machines à droite... la salle est plongée dans le noir.
C'est "Hold", en intro instrumentale qui ouvre le set, alors qu'entre on-stage Pierre Scarland aka Miscellaneous, la voix de Fumuj. Le MC nous fait penser à Zack de la Rocha, visage sombre et fermé. Avec "Supersperm", il déverse son flow, soutenu par une rythmique basse/batterie imparable, qui s'accélère sur l'envoutant "Liar". Romain Pasquier à la batterie échange avec le public et ses acolytes, ses futs s'éclairent dans le noir en rythme avec ses frappes. Marc à la guitare est complètement galvanisé. Il ne tient pas en place, sauf quand il répond en deuxième ligne de chant au micro. Pendant ce temps, Fred à la basse, posé et droit dans ses baskets, regarde ses potes s'agiter. Maitrisant la puissance du son de Fumuj, Mathieu aux machines libère les sample, gère les effets : réverbération, écho, distorsion... Fumuj joue avec le son et les silences, alterne les passages furieux et les moments groovy, les rythmes changeant sur un même titre, le gang passe du métal au rap, de l'électro à la Daft Punk au funk ("Release the Beast").
"Tic Toc", le temps qui passe... ils se figent soudain pendant une bonne minute, sur un sample en boucle, sous le regard un peu désarçonné des auditeurs, étrangement calmes en cette troisième partie de soirée. Le combo ira même plus tard jusqu'à quitter la scène, laissant le public seul avec la vidéo et les machines, avant de réinvestir les planches. Confronter le public à ces moments imprévisibles, lui faire ressentir que la musique est là et que les musicos ne sont que des passeurs... qui peuvent sauter partout, ou s'évanouir derrière leur oeuvre... Les effets visuels sont hyper bien foutus. Outre la batterie lumineuse, les colonnes de lumière éclairent parfois seules la scène, les vidéos projetées se construisent en fonction du son. Un petit lien vaut mieux qu'un grand discours : allez donc voir ici: http://vimeo.com/18719446
Un avant-dernier et sauvage "Play or Die", qui fait enfin se bouger les puydomois, et le set se termine sur "Against". Fumuj nous a balancé une Fusion de très bonne facture, couplée avec des effets visuels remarquables, presque architecturaux. Les membres du groupe étaient à fond, s'emparant de la scène. Dommage que le public soit resté si sage, même si "ils sont dedans, pourtant, on voit bien" comme nous le dit Pierre, en backstage. Allez, un petit dernier pour la route : FUMUJ - PLAY OR DIE
La set-list de Fumuj :
Hold
Release The beast
Super Sperm
Liar
Tic Toc
Saint Amongst Sinners
Hurt and Hugs
17 or 18
Soul Cling
We live in
React
Cell
Play or Die
Against
