Une semaine après la Saint Valentin, quoi de plus romantique pour célébrer encore une fois l'amour et le romantisme, que de se retrouver au
Grand Mix en compagnie de deux très grosses pointures de la soul music. C'est aussi grâce au merveilleux souvenir du set estival au
festival de Dour 2010, qu'il est impensable de manquer ce nouveau rendez-vous avec
Lee Fields. Figure emblématique des années 70 (il prêtera sa voix aux Kool & The Gang), son aura sensuelle et sexuelle n'a d'égale que son talent scénique et ses compositions divinement groovy. Revenu, enfin, en 2002 sur le devant de la scène le temps d'une collaboration avec un des papes des dancefloors internationaux, Martin Solveig, pour le titre
Jalousy, Lee Fields présente ici son dernier album
My world.
Ce lundi, c'est
Charles Bradley qui démarre les réjouissances avec le groupe
The Menahan Street Band. En fait, c'est le groupe qui, dans la plus pure tradition Soul, commence à jouer seul devant le public, pour chauffer la salle. Mais nul besoin de trop réchauffer une audience déjà en nage, tant le Grand Mix est plein à craquer. Les Menahan Street Band sont sept, tous habillés de costumes époque incorruptibles, contrastant avec leur allure juvénile. Collaborant déjà au sein de Dap-Kings et Antibalas, l'essentiel du talent de ses américains se concentre dans les cuivres libres et indépendants (saxophone, trompette (Dave Guy) et trombone à coulisse) diffusant des rythmes soul et funky. Après deux morceaux instrumentaux enchainés,
The Menahan Street Band nous annonce :
"Please welcome to the stage Charles Bradley !" 
A plus de 60 ans, habillé d'un costume rouge flamboyant et d'une chemise noire, le bonhomme respire le groove et la sensualité.
Charles Bradley se donnera corps et âme ce soir là pour présenter son nouvel album
No time for dreaming. Il fera palpiter le cœur de chacune tout en répétant
"I love you" à l'audience. C'est un ravissement d'écouter le fabuleux orchestre Menahan Street Band qui permet à
Charles Bradley d'enchainer les morceaux avec facilité et fluidité.
Il envoûte la salle avec sa voix rauque et sa démarche chaloupée, ses pas de danse mécanique tel un robot ou une sex machine. Pendant que les gouttes de sueur perlent sur son front, il salue le public à chaque fin de chanson, se penchant, les mains jointes en guise de remerciements. S’en suit une ode à l'amour ("Loving you baby"),
"All my life, I've been searching for love", il se rapproche des premiers rangs, genoux à terre. Il est craquant et on a envie de lui déclarer aussi notre admiration. L'ambiance est électrique quand il tombe la veste un peu plus tard. Qui pourrait lui résister quand il se jette à genoux, crie de douleur, de souffrance, mais aussi hurle la joie et l'espoir. Il vit sa musique, ne fait pas semblant. Puis, il réussit une magnifique reprise d'"Heart of gold" de Neil Young. Enfin c’est pendant "Why it's so hard", que le public apprécie tout son talent, il vit la chanson, nous la raconte, fait passer une émotion sincère, il est transcendé. Avec des descendants tels
qu’Aloe Blacc ou Amy Winehouse, la soul music a encore de beaux jours devant elle.
Puis,
Lee Fields arrive très vite, et le groupe se rebaptise The Expressions. Surnommé Little James Brown, il est vêtu d’un costume noir, d’une chemise rayée au col
blanc et de santiags noires. Même s’il semble que le spectacle continue dans la même lignée, on sait que des différences subtiles se glissent dans le show de Lee Fields. En effet, sa voix est plus douce et le set est moins rageur. Le thème principal est l'amour, les cœurs brisés, la recherche de l'âme sœur. Avec le troisième titre "Money i$ king", Lee Fields harangue le public avec un
"Give me money in Tourcoing !" à droite puis à gauche. C’est parfois un peu difficile face à un public non bilingue d’instaurer une complicité mais qu’importe, la musique de
Lee Fields est universelle. Puis, c'est les chœurs du groupe qui démarrent avec
"Love love love love comes around and goes ... "( "Love comes and goes"). Lee Fields, avant d’entonner "Ladies" va interroger malicieusement le public du Grand Mix à propos des cadeaux de la Saint Valentin … En écoutant
"You like candle to my eyes, you can make a man feel like a king, lovely ladies", il est impossible de résister à ce crooner de 58 ans ! Un coup d’œil circulaire et on s'aperçoit que finalement les rockers de Tourcoing ont aussi un cœur moelleux. Lee Fields n’oublie pas non plus d’encourager The Expressions avec un
"Pushing up for the band !", incitant chacun à lever les mains en l’air. Le public se laisse emporter dans la grande messe de l'amour et du partage, comme
Aloe Blacc avait essayé de le faire quelques temps auparavant au Grand Mix.
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Arrive le huitième titre : allez juste une de James Brown
"Just one !" Son surnom de Little James Brown prend ici tout son sens. Le chant, la musique, les déhanchés et les pas de danse endiablés : tout y est. Il assure le show avec la chanson "Honey Dove" pendant laquelle les spectateurs battent des mains en rythme, performance qu’il avait rodée quelques jours auparavant dans une émission télé américaine. Le Grand Mix a vraiment des airs
d’Apollo Theater ce soir, les deux artistes assurent un show torride et se relayent même pour les rappels … Car pour remercier le public tourquennois,
Charles Bradley s'est changé et revient déjà avec une combinaison noire à poches, zipée, pour interpréter deux titres supplémentaires. Il repasse le flambeau au sémillant
Lee Fields. Deux morceaux comme pour nous rassasier. Loin du star system, ils s’adonneront à des séances photos et dédicaces improvisées à la sortie du concert.