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Chronique Cinéma

Through the Never


Réalisateur : Nimród Antal
Avec : Dane DeHaan, James Hetfield, Lars Ulrich, Kirk Hammett, Robert Trujillo, Kyle Thomson
Durée : 1h33 min

Sorti le : 9 octobre 2013
Distribution : Picturehouse
"Témoignage de la mégalomanie de Metallica et de la démesure de ses concerts."
Alan, le 28/02/2014
( mots)
Un concert de Metallica, c’est toujours un joyeux bordel cosmopolite : du gros métalleux imbibé de houblon et vêtu de sa plus belle kutte au quadra bien habillé, bien coiffé qui se remémore sa jeunesse (c’était dans les années 80 : il avait alors les cheveux longs et portait un perfecto), on assiste à la communion de personnes que visiblement tout oppose. Bon, il est vrai que la bière, qu’elle vole dans la fosse ou qu’elle soit bue, aide beaucoup à briser les barrières sociales. Ces personnes, s’échelonnant de « sobres » à « complètement bourrées », s’époumonent à unisson sur des titres tels que "Seek & Destroy", "Enter Sandman" ou encore "Master of Puppets". Pourquoi vous dire tout ça ? Parce que cette semaine, j'ai revu Through the Never. L’occasion de revenir sur ce film dont on ne saurait trop dire si c’est un concert (ou ce concert dont on ne saurait trop dire si c’est un film, au choix).

Août 2012 : Metallica programme 13 dates réparties entre Mexico et Vancouver estampillées The Full Arsenal (El Arsenal Completo pour nos amis hispaniques). Le groupe voit les choses en grand et joue sur une scène titanesque développée par Mark Fisher, monstre de la profession à qui le film est dédié (RIP) et ayant auparavant collaboré avec Pink Floyd, les Stones ou encore U2 (on serait aussi tentés de citer Mylène Farmer et Lady Gaga dont les scènes sont elles aussi démesurées, mais je risquerais alors de perdre tout crédit auprès de vous chers lecteurs, donc faites comme si je n’avais rien dit). Cette scène, donc, célèbre d’une certaine manière les trente ans de carrière du groupe en reprenant des éléments caractéristiques de chacun de ses visuels d’album (sur lesquels je reviendrai plus tard) pour le plus grand bonheur des fans présents dans le public. L'arsenal complet quoi. Oh wait...

Immanquablement, un concert aussi colossal ne pouvait pas ne pas être filmé. En revanche, transformer la chose non pas en simple captation de concert mais en film (oui oui, avec des acteurs, un scénario et tout) paraissait déjà plus atypique. Pour ce faire, les Four Horsemen s’octroient les services du réalisateur hongro-américain Nimród Antal. Jamais entendu parler ? Moi non plus. Toujours est-il qu’il a filmé, en plus du concert, des scènes d’action constituant l’axe vaguement narratif du film. En 3D. On va d’ailleurs tout de suite tuer le poussin dans l’oeuf : la 3D n'a de l'intérêt que pour le sport et (à vérifier) pour le porno. Au cinéma en revanche, elle est un plus souvent inutile (cf Avatar où elle ne casse pas trois pattes à un canard). Ici, elle dépasse le simple stade d’inutile pour atteindre celui d'extrêmement irritant. Je m’explique : repensez au dernier concert auquel vous avez assisté depuis la fosse, visualisez les gens derrière lesquels vous étiez et qui vous bloquaient la vue, qu’il s’agisse de leur grosse tête, de leurs larges épaules ou de leurs poings dressés et battant approximativement la mesure pendant tout le set. Transposez maintenant le tout sur un écran, et vous obtiendrez le même effet en regardant Through the Never en 3D. Cela étant dit, passons au scénario.

Le film s’ouvre sur un fan assez comique (le gros métalleux imbibé de houblon et vêtu de sa plus belle kutte dont je parlais dans les premières lignes de cette chronique) arrivant sur le parking de la Rogers Arena de Vancouver. On aperçoit alors un mec en skate qui rentre dans le stade après s'être allègrement vautré par terre : ce mec, c’est Trip (Dane DeHaan, qu’on a pu voir dans Chronicle et qu’on reverra prochainement dans The Amazing Spider-Man 2), un roadie du groupe qui rapporte son lunchbag à celui qu'on suppose être le régisseur. Le concert s’ouvre comme toujours sur "The Ecstasy of Gold" de Morricone, et le groupe démarre les hostilités avec un "Creeping Death" bien senti. Seulement, Trip est de nouveau envoyé en mission pour récupérer un mystérieux sac dans le coffre d’un des camions du groupe, tombé en panne d’essence quelque part en ville. Tel un Tony Stark vêtu de son plus bel attirail technologique, Trip part alors avec, en tout et pour tout, une carte et un bidon d’essence. Il ingurgite alors une pilule (la drogue c’est mal) avant de prendre le volant et commencer une aventure surréaliste pour récupérer ce sac, ponctuée par des émeutes, des morts, une poupée vaudoue et un gros méchant pas beau en la personne de « The Rider » (Kyle Thomson).

Pendant ce temps, le concert suit son cours. On découvre alors toutes les surprises que le groupe a réservées à son public au travers de cet arsenal complet : de la chaise électrique géante (et électrifiée bien comme il faut) sur "Ride the Lightning" à la statue de Lady Justice (Doris pour les intimes) qui s’effondre sur "…And Justice for All", en passant par le cimetière de croix blanches sortant de terre pendant "Master of Puppets", tout y est (enfin presque : on nous avait promis les toilettes géantes de Metal Up Your Ass qui finalement n’apparaissent pas dans le film, shit). Il est intéressant de noter que les deux lignes narratives sont liées : en effet, les interactions de Trip dans le monde surréel ont des conséquences directes sur le concert, l’exemple le plus flagrant étant la scène qui s’effondre durant "Enter Sandman" (concept déjà vu sur le DVD live Cunning Stunts, attention : du clin d’oeil à la redite, il n’y a qu’un pas), lors de sa rencontre finale avec le Rider.

Le concert en soi-même est ce qu’il est, un bon show made in Metallica, autrement dit il n’y a pas grand chose à redire : la setlist est plus qu’honorable (l’album Through the Never reste néanmoins grandement dispensable, à n’acheter que si vous êtes un fan hardcore), les gars jouent comme il faut (même Lars joue en rythme ! merci la postprod), les chansons sonnent. Seul reproche : on aurait bien voulu une présence plus significative du public dans le mix, dont les interactions sont fortement atténuées à l’exception faite de l'unisson final de "The Memory Remains".

Le périple de Trip, en revanche, est plus délicat à traiter : bien qu’il y ait ce sac qui serve de fil rouge, on a l’impression que ce fil reste salement emmêlé. Disons les choses clairement : on ne comprend pas grand chose au scénario, pour peu qu'il y ait quelque chose à comprendre. Certaines scènes sont réussies, comme l’émeute ou le combat enflammé de Trip contre les émeutiers, mais elles se succèdent sans cohérence ni causalité. Dommage. Pointons aussi du doigt les transitions trop souvent maladroites du concert à l'action, et vice et versa : les différents passages de l’un à l’autre sont souvent (mais pas toujours) grossiers et franchement pas naturels, chose qui n’est pas sans conséquences sur le rythme du film qui se retrouve saccadé et inégal. Malgré tout, on se souviendra tout de même des deux trames liées qui était une idée plutôt sympathique et originale.

Alors que donne ce Through the Never dans son ensemble ? Et bien honnêtement… Il est bon. Oui, ça peut paraître surréaliste au vu des nombreux reproches listés plus haut, mais n’oublions pas que Through the Never EST (dans une certain mesure) surréaliste. Ceci explique cela ? Non ? Ok, ça ne change rien au fait que malgré tous ses défauts, le film se laisse regarder sans trop de difficultés. Enfin, le meilleur point de ce film dont on ne saurait trop dire si c’est un concert (ou de ce concert dont on ne saurait trop dire si c’est un film) vient justement de cette ambiguïté : loin d'être filmé comme une simple captation de concert, Through the Never peut se vanter de proposer des images époustouflantes pour un live (même si Antal est bien loin d'égaler Scorsese, cf The Last Waltz ou Shine a Light).

Les fans de Metallica crieront au génie, les fans du genre trouveront le concert sympathique, et les autres… ne verront probablement jamais le film. C’est précisément ce problème, pointé du doigt par Kirk Hammett dans une interview, qui explique le flop commercial de ce Through the Never, film qui marque la fin d’un cycle pour Metallica. On espère maintenant pouvoir vite assister au début du prochain cycle, parce que les gars, Death Magnetic va avoir six ans cette année, et après un album massacré par la critique et les fans avec feu monsieur Lou Reed (qu'on ne me parle pas d'avant-garde : c'est mauvais, point barre), un film, un concert en Antarctique (les pingouins sont à l'honneur pendant que nous, Français, pouvons allègrement nous brosser du fait du non-passage en France lors de la tournée européenne à venir l'été prochain) et une piètre performance aux Grammy Awards avec un pianiste classique chinois dont l'apport est plus que discutable, il serait peut-être temps de songer à reprendre la route du studio...

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