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Valérie Leulliot
Caldeira
Produit par
1- Mon Homme Blessé / 2- L'Eau Du Gange / 3- Caldeira / 4- Au Virage / 5- Les Falaises / 6- Un Point De Chute / 7- Un Endroit / 8- L'Amour Désormais / 9- Un Coeur Gelé / 10- Rien De Grave / 11- Pyromane


Attention devant ! Il est tellement lisse ce premier album de Valérie Leulliot – très certainement "nouvelle jolie voix délicate de la chanson française" – que l'on glisse dessus trop vite pour avoir le temps d'apercevoir quoi que ce soit. Autant que ça soit dit, c'est indubitablement poli et re-poli, sans le moindre accroc, sans le moindre réel frisson diront certains. "C’est tout de même très calme", pour reprendre une réplique de l’âge d’or du cinéma d’auteur. Néanmoins, repartons sur le toboggan, en essayant de s'accrocher cette fois, et d'intercepter quelque chose de ce "Caldeira".
Au jeu de cette petite pop guitare acoustique - voix pour l'essentiel, il est difficile de faire l'impasse sur le choix de la langue lorsqu'il s'agit du français. Oui, ça fait bizarre, clamons-le, ça fait même gnan-gnan. Essayons d'en faire abstraction – les textes anglais, en eux-mêmes, ne sont sans doute pas à ce point supérieurs à quoi que ce soit fait dans la langue de Molière… - pour nous demander si finalement, les métaphores récurrentes impliquant la nature et les grands espaces, la guitare étouffée ou le petit piano duquel on n'ose presser les touches en valent la peine.
"Mon Homme Blessé", entrée signée Miossec, n'a qu'un intérêt des plus limité. On a l'impression, qui ne s'évaporera que trop peu au long de l'album, d'avoir affaire à du Carla Bruni et autres d'un genre qui produit une bonne poignée de clones en France tous les ans. Et puis bon sang, ces satanées paroles en français… Cependant, en particulier à partir de "L’Eau Du Gange", si l'on accepte de se laisser bercer par l'harmonie globale se dégageant du disque dans sa quasi-intégralité, et sans se focaliser sur ces images d'Epinal répétées à l'envie, la promenade au bord de l'eau en suivant la main de Valérie Leulliot n'est pas si désagréable.
Revers de la médaille, les paysages, à force de redondants usages des mêmes images, se répètent. C’est d'ailleurs pour cela que l'album ne dégage son essence qu'en tournant intégralement. De temps en temps, un petit quelque chose soulève un sourcil, tel cette lente ascension de l'accompagnement instrumental sur "Caldeira" (furtivement répété à l'issue de l'album), ce qui n'a rien d'habituel sur le disque, celui des "Falaises" ressemblant à du Shola Ama grande époque.
C'est donc en grattant cette – épaisse, bien épaisse – couche de délicate mièvrerie que l'on découvre une certaine qualité à l'album en tant que voyage homogène, trop homogène. On se laisse porter, on oublie ce chant métaphorique qui n'a plus rien de personnel depuis le temps que l'on nous fait manger le même potage. Seulement à cette condition, on trouvera du positif dans ce qui sera, on n'en doute, le prochain succès Elle-Telerama de la chanson française.