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Critique d'album

Triangle


Viens Avec Nous


(00/00/1972 - Pathé-Marconi - Rock Progressif - Genre : Rock)
Produit par Triangle

1- J'ai Vu / 2- Récréation / 3- Viens Avec Nous / 4- Litanies / 5- Cette Longue Nuit / 6- Le Matin Du Premier Jour / 7- La Peine Capitale / 8- Le Retour / 9- La Pâte Grise
Note de 3/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Le rock progressif français nous cache encore des pépites, dépoussiérons-les ! "
Jules, le 16/10/2023
( mots)

Il fut une époque où la scène rock française était incroyablement prolifique à la fois en matière de productions, de concerts, et, in fine, de talents. Au début des années 1970, où le rock progressif régnait en maître, ont émergé nombre de formations tricolores post soixante-huitardes aux cheveux longs et aux idéaux bien arrêtés. Parmi ces jeunes fous d'alors, un groupe mérite une attention particulière. Il s'agît de Triangle et de son deuxième album que nous appellerons Viens Avec Nous (dans la mesure où aucun titre ne lui avait été donné).


Triangle peut être considéré comme le premier groupe de rock progressif français. Mais la postérité a voulu que cet "honneur" soit réservé tantôt à Ange, tantôt à Magma. Ceci pouvant être davantage expliqué par le succès commercial rencontré par ces derniers que par de réelles considérations artistiques. D'autant que d'autres noms peuvent compléter cette liste et disputer ce titre tant la scène progressive française est un vivier quasi infini à cette époque (Atoll, Mona Lisa, Thai Phong, Pulsar, Shylock et bien d'autres...). 


Qu'importe, nous allons voir que Triangle a de quoi se défendre face à ses congénères. Initialement, comme son nom peut nous l'indiquer, l'œuvre commence par un trio formé par Pierre Fanen à la guitare, Jean-Pïerre Prévotat à la batterie et Gérard Fournier dit "Papillon" au chant et à la basse. Fanen quittera rapidement le groupe en 1968, un an à peine après sa formation. Après un premier album qui connaîtra un certain succès, notamment grâce au hit "Peut-Être Demain" sorti en 1970, Triangle rempile pour un deuxième album plus abouti et un line-up plus soudé dont Fournier et Prévotat font toujours partie. 


Allez, il est temps de poser la galette sur la platine ! Et que ça sent bon les années 70' à la française ! On ne serait trop comment le retranscrire par écrit mais dès les premières minutes de l'album, très bien produit au demeurant, on ressent l'univers des tables en formica, des horloges orange et des lampes Pipistrello. Et à vrai dire, c'est toujours un peu ce que l'on recherche sur ces disques de prog français qu'on exhume de cette époque. Le rock était encore une musique de jeunes révolutionnaires remplis d'espoir qui retournaient les vielles DS de papa devant le Panthéon dans l'espoir de jours nouveaux. Notre punk à nous, c'est le rock post soixante-huitard. Tous ces disques sortis par des gars qui, une fois retournés en fac, se penchent sur leurs idéaux et leurs désillusions.


Alors forcément ça chante en français, comme beaucoup d'entre eux à l'époque. Les textes sont à l'image de ce qui a été décrit au-dessus, nourris des espoirs passés et de désillusions assimilées. Les textes sont très bien écrits, parfois très poétiques et c'est plutôt inattendus lorsqu'ils sont posés sur une telle musique. Pour exemple, "Aux lueurs du jour, libre de ses fers, chacun recevra sa part de lumière. La vie en moi s'étire et s'apprête à renaître." ("Le Matin Du Premier Jour") ou bien "L'Homme ne sait que frapper, interdire, menacer ou sévir, fusiller ou proscrire tous ceux qui voudraient être libres." ("La Peine Capitale"). Très très bien écrit.


La musique quant à elle est variée et complexe. C'est loin d'être un rock simpliste et fait à la va-vite. Non, bien au contraire. L'influence du jazz est très présente, tout au long de l'album. C'est d'ailleurs ce qui permet de qualifier cet album de rock progressif : le temps est laissé à la musique pour s'exprimer au travers de multiples sous-genre, dont le jazz prédomine donc. On notera à cet égard le superbe morceau "Litanies", une vraie pépite qui démarre par un chant sous forme d'hymne utopique entonné par les membres du groupe et qui se poursuit sur un long moment de jazz fusion extrêmement bien maîtrisé et pour lequel Henri Texier, présent sur ce morceau, n'est en rien du au hasard. 


On notera deux instrumentaux également présents sur l'opus, très différents l'un de l'autre. "Cette Longue Nuit" sert davantage d'interlude à l'ambiance pesante et effrayante et a assez mal vieillit malgré sa courte durée. Puis, "Récréation", plus réussi, très jazzy également, ancré à fond dans son époque et sur lequel on notera la participation cette fois d'un des pionniers de la musique électronique Jean-Michel Jarre, quasiment inconnu à l'époque. 


Enfin, le tube, "Viens Avec Nous" qui est une réussite complète, de bout en bout. Le riff récurrent de guitare bien senti, les cuivres justement dosés, les textes utopistes collant encore une fois à l'époque... Bref. Un vrai régal que je vous invite vraiment à écouter, même si, compte tenu de son but d'assurer la promotion de l'album, ne reflète pas à lui seul les qualités de ce dernier.


Pour les nostalgiques des seventies, jetez-vous sur cet album comme une madeleine proustienne et pour les autres trop jeunes (comme moi)... faites en autant ! Vous aurez au moins le plaisir d'humecter le parfum si singulier d'une époque bénie où le rock français avait tout pour briser les frontières, traverser les mers et s'imposer comme pilier du progressif.   

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