The Twenty Committee

Profitons de cette chronique pour aborder un sujet souvent négligé : les pochettes d’albums ! Quelle désolation de constater le peu d’intérêt que certains semblent porter à la chose. Bien sûr, tout cela reste subjectif et chacun y prêtera plus ou moins d’importance. Mais quand je vois certaines immondices (dernièrement, Dry Cleaning a frappé très fort…), photos floues sans intérêt, ou autres visuels minimalistes - pour ne pas dire bâclés - dignes d’un WordArt 98, je viens à me demander si les auteurs ont réellement l’intention de faire découvrir leur musique. En ce qui me concerne, certaines des plus belles découvertes se sont faites en se laissant simplement attirer par la force évocatrice d’un visuel inspiré, détaillé et joliment nuancé. Tout ça pour dire que sans sa magnifique illustration - évoquant les dessins futuristes de Mathieu Bablet - un groupe comme The Twenty Committee n’aurait certainement pas attisé ma curiosité. Et croyez-moi, cela aurait été bien dommage, car ce groupe en provenance du New Jersey constitue à coup sûr une révélation sur la scène progressive ! 

Si la formation de The Twenty Committee remonte à un peu plus de dix ans, ce deuxième album, intitulé The Cycle Undone, semble marquer un nouveau départ pour le groupe avec des ambitions revues à la hausse. Le combo américain s’illustre d’ailleurs rapidement à l’occasion d’un titre inaugural ("Recodified") à la démesure assumée, évoquant les belles heures du jazz fusion de Frank Zappa, où soubresauts rythmiques et autres sonorités bizarroïdes se côtoient pour un résultat aussi virtuose qu’insaisissable. Là où certains seraient tombés dans le piège de la surenchère technique, The Twenty Committee se montre plutôt habile quand il s’agit de nuancer son propos, n’hésitant pas revenir à des structures nettement plus lisibles et conventionnelles. Certains passages épurés, quasiment acoustiques et résolument jazzy, sont ainsi l’occasion de profiter de subtiles progressions voyant la structure musicale se densifier peu à peu pour mieux gagner en profondeur.

L’autre aspect à mettre en exergue est la capacité du groupe à trouver des mélodies aussi évidentes que désarmantes. Lumineux et instantané, le refrain de "Sparks in the Minds" s’impose ainsi à l’esprit dès la première écoute et n’aurait certainement pas dénoté au sein d’un des projets de Steven Wilson. Si l’influence du maître du prog moderne semble évidente sur plusieurs morceaux (notamment à l’écoute de "A Star in the Eye" qu’on croirait tout droit sorti d’un album de Blackfield), le comité américain se distingue en arpentant d’autres sentiers, conférant à sa musique des attributs rythmique typiques du jazz ou encore en s’autorisant quelques excursions vers la musique classique ("The Cycle Undone"). On appréciera également l’intervention de Annie Haslam, l’indéboulonnable chanteuse du groupe de rock progressif Renaissance, qui apporte une touche de singularité supplémentaire à un titre éponyme multipliant les sections mélodiques.

The Twenty Committee démontre ainsi, à travers ce second opus, l’étendue de ses capacités, promouvant une musique riche, nuancée et imprévisible. Le groupe évite habilement l’écueil d’une surenchère technique autocentrée, en se révélant plutôt accessible tout en se démarquant de ses pairs grâces à une approche favorisant la fusion des genres. S’il est vrai que The Cycle Undone peine à maintenir l’attention jusqu’à son terme, celui-ci saura s’apprécier pour ses incontestables réussites. Comme quoi, un beau visuel peut aussi être annonciateur d'un très bon album...

A écouter : "Sparks in the Mind", "Embers", "The Cycle Undone"