The Joy Formidable
The Big Roar
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1- The Everchanging Spectrum Of A Lie / 2- The Magnifying Glass / 3- I Don't Want To See You Like This / 4- Austere / 5- A Heavy Abacus / 6- Whirring / 7- Buoy / 8- Maruyama / 9- Cradle / 10- Llaw = Wall / 11- Chapter 2 / 12- The Greatest Light Is The Greatest Shade
Un nom difficile à retenir mais une pop à l’atmosphère mémorable. Qu’on se le dise, ce trio gallois constitue une des révélations marquantes de l’année 2011. Comparés aux Smashing Pumpkins, les mystérieux Joy Formidable ont mis du temps à accoucher de leur premier album, et le bébé est à la hauteur de toutes les espérances qu’on pouvait placer en eux.
L’album commence comme une menace, jusqu’à ce que la voix apaisante du petit bout de femme qu’est Ritzy Brian ne vienne se faufiler entre les pulsations lourdes et sourdes de la batterie. "The Everchanging Spectrum Of A Lie", ou comment être aspiré toutes oreilles devant dans un tourbillon de guitares ternies, pour un premier titre long (7’45) mais qui passe comme un charme. Mettons les choses au clair, écouter les Joy Formidable c’est comme aller faire un trekking dans les vastes contrées du Pays de Galles un jour d’hiver, les cloques aux pieds en moins. Les nuages gris, les paysages sauvages, l’ambiance est parfaite pour accueillir une apocalypse. Le titre de l’album qui signifie "le gros rugissement" ne trompe décidément pas. Un rire hystérique plus tard et nous voilà saturés par le grunge "The Magnifying Glass", qui rappelle les tout débuts de Muse, quand la voix du Bellamy se confondait avec sa guitare et que les arrangements pompeux étaient mis de côté. "Now Your World Is Here/ Watch It Disappear" fulmine la chanteuse dans "A Heavy Abacus" à grands coup de refrain épique. Pas la peine de résister, la petite magicienne Ritzy (le terme "sorcière" serait plus juste) détient la formule pour vous saisir d’émotion.
Plus épatant encore : le batteur, qui pour le coup tient formidablement son rôle. Sa frappe est juste et sensible malgré un style musical qui ne lui permet pas toujours de montrer l’étendue de son talent. L’auditeur averti pourra apprécier l’intelligence de son jeu sur la fin de "Whirring" (où le bonhomme explose sa double grosse caisse) et plus globalement sa parfaite technique de caisse claire, particulièrement prégnante dans "I Don’t Want To See You Like This". Certains vont même jusqu’à le comparer avec un certain Keith Moon. C’est pour dire. "Cradle" et "Austere" sont les titres les plus proprets de l’album. Collants comme un chewing gum sous une semelle, ils n’en restent pas moins bigrement bien élaborés. Les refrains sont comme à leur habitude noisy tendance shoegaze et toujours tempérés par la calme blondinette durant les couplets jusqu’à l’assaut final et son feu d’artifice d’instruments qui étire ces morceaux pendant au moins une bonne minute. C’est ce qu’on appelle une formule qui marche et qui évite de justesse le vautrage dans le niais-niais-gnan-gnan.
Certes, The Big Roar rugit à de nombreux points de vue mais d’un rugissement bienveillant, enveloppant, intime et revigorant. L'album se termine par "The Greatest Light Is The Greatest Shade", et c’est une percée de soleil à travers les nuages qui parachève la balade bucolique. Les Joy Formidable ont dû être frôlés par la grâce…