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Critique d'album

The Afghan Whigs


In Spades


(05/05/2017 - Sub Pop - Alternatif - Genre : Rock)
Produit par Greg Dulli

1- Birdland / 2- Arabian Heights / 3- Demon In Profile / 4- Toy Automatic / 5- Oriole / 6- Copernicus / 7- The Spell / 8- Light As A Feather / 9- I Got Lost / 10- Into The Floor
Note de 5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Phare d'un groupe de l'ombre."
Diego, le 24/01/2024
( mots)

La capacité de renouvellement est une arme critique dans l’arsenal de tout artiste. Bien utilisée, elle représente un moyen de s'asseoir à la table des plus grands et d’assurer une pérennité justifiée. En revanche, le risque associé est celui de perdre une partie des fidèles en bouleversant trop de marqueurs.


Il peut paraître surprenant pour le lecteur que cet angle soit celui choisi pour aborder un album d’un groupe a priori totalement invisible en France, voire en Europe. Après tout, avant d'être reconnu, il s’agirait d'être connu. The Afghan Whigs ne jouissent pas, en effet, d’une réputation quelconque de ce côté de l'Atlantique. Alors avant de parler de retournement de table, prenons le temps de mettre le couvert.


Le groupe originaire de Cincinnati, Ohio, fait ses armes dans les années 90 en plein cœur du mouvement grunge. Porte étendard d’une sorte de bastion de l’est des Etats-Unis, en opposition à la marée pacifique venue de Seattle, les hommes de Greg Dulli séduisent par leur style et la noirceur des textes du leader. L’opposition est plus qu’amicale il faut l’avouer, puisque les Whigs signent chez Sub Pop dès 1989. Une exception notable pour ce label a tendance locale exclusive. 


En 1993, avec le disque Gentlemen et le titre “Debonair”, le groupe touche un semblant d’apex, en tout cas chez l’oncle Sam. A l’aspect rugueux du grunge et du rock alternatif de son époque, le collectif ajoute du groove et de la soul, garantissant une signature unique qu’il s’appliquera à conserver.


L’histoire semble prendre fin à l'orée des années 2000, sur fond de disputes avec le label de l'époque, lorsque le groupe annonce sa séparation. Dulli fonde alors un supergroupe avec un chouchou de notre rédaction, Mark Lanegan. Les bien nommés Gutter Twins produisent un album, le brillant Saturnalia. Dulli est également actif au travers de travaux solo, ou bien avec un autre groupe, The Twilight Singers. Tout cela semble entériner toute possibilité de retour des Afghan Whigs.


Vous voyez déjà où je veux en venir : le groupe fait un retour totalement inattendu au milieu des années 2010. Do The Beast, sorti 16 ans (!) après la dernière galette des Whigs, mais qui lui emboîte le pas sérieusement, élargit la palette des musiciens et signe un succès critique, notamment avec le morceau phare “Algiers”.


C’est dans ce contexte que sort In Spades. Il faudra cette fois-ci seulement trois ans de patience aux fans du groupe pour voir arriver de la nouveauté. Do The Beast voyait le quintet revenir en forme. In Spades leur permet d'accéder des sommets de qualité encore jamais atteints. La modernité du disque, combinée à l'expérience chevronnée de ses protagonistes, forment un ensemble qui touche du doigt la grâce.


C’est bien simple, il n’y a quasiment pas une minute à jeter sur les 36 que comporte l’album. Les instrumentations sont d’une finesse folle, on pense en particulier aux cordes sur l’opener “Birdland”, mais aussi sur les delicates note de glockenspiel qui viennent orner le bijou folk qu’est “Oriole”. 


Dulli and co se sont fait experts dans le maniement des émotions. Les perruques afghanes proposent ainsi un épilogue tout en douceur, ou presque, avec le duo composé de la délicate ballade au piano “I Got Lost” et du plus écorché vif mais tout aussi mélancolique “Into The Floor”. 


The Afghan Whigs fait également partie de ces groupes auxquels avoir recours à la grandiloquence ne fait pas peur. “Toy Automatic”, dès son intro et au travers de la performance vocale du frontman, joue cette carte pleinement et avec une exubérance fascinante. L'Arpège de guitare qui survient après le premier de couplet achève de convaincre qu’il s’agit là d'un coup de maître.


Nous l'évoquions également en intro, les compositions des Whigs sont par ailleurs connues pour leur groove. C’est ici le cas avec le presque dansant “Arabian Heights”, mais aussi avec “Light As A Feather” et son instrumentation funky sortie droit de chez Stevie Wonder.


Une bonne dose de soulful rock est ajoutée à cette recette déjà savoureuse, au travers de l’orgue électronique de “Demon In Profile”, rappelle élégamment sur “The Spell”. Ce-dernier fait même appel au saxophone pour une outro springsteenienne.


N’oublions pas, tout de même, que nous avons affaire ici à un groupe qui a sévi dans la catégorie rock alternatif dans les années 90. Dulli et sa bande nous fournissent la piqûre de rappel avec “Copernicus” et son riff gras et répétitif qui ne parvient même pas à lasser.


Plus qu’un retour en forme, il s’agit donc ici d’une apogée artistique. Rares sont les collectifs de musiciens capables de faire preuve d’autant d’aisance et d’un spectre aussi étendu. A l'image de l’artwork choisi, In Spades c’est Nosferatu au milieu des pyramides. De la noirceur fantastique sur un lit de classicisme aussi mystérieux qu'éprouvé. 


Dans la galaxie des groupes de rock, il y a forcément des astres qui ne se dévoilent pas facilement. Ceci ne les empêche pas de briller très fort. The Afghan Whigs démontrent avec ce disque coruscant qu’ils en sont la parfaite illustration.


A écouter : "Oriole", "Toy Automatic", "Arabian Heights".

Avis de première écoute
Note de 4.5/5
Fascinant de noirceur, ce nouvel album de ces repentis du grunge réussit tout ce qu'il entreprend. Travail des textures, mélodies sur le fil du rasoir, ambiances captivantes, tout réussit aux Whigs. Leur meilleur album... Et l'un des gros clients de l'année.
Commentaires
MaximeLar, le 29/01/2024 à 09:42
Merci Diego de parler de ce groupe dont on ne parle jamais ! "Demon In Profile", quelle chanson ?? !
Alexx, le 26/01/2024 à 10:27
Merci pour la chronique, superbe album effectivement inconnu pour ma part. Avec en prime un bel artwork de black metal !