Spiders
Shake Electric
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1- Mad Dog / 2- Shake Electric / 3- Bleeding Heart / 4- Only Your Skin / 5- Lonely Nights / 6- Back on the Streets / 7- Control / 8- Give Up The Fight / 9- Hard Times / 10- War Of The World
Puisqu’ils ont décidé de retourner sur scène ensemble pour fêter la réouverture des salles de concert, on peut, sans être accusé de céder à la facilité, dresser des parallèles entre Spiders et Blues Pills. Les deux groupes se sont formés à peu près au même moment, ils sont suédois et menés par une chanteuse talentueuse, jouent évidemment du rock très inspiré par les 1970’s. Pour autant, ils symbolisent deux faces d’une même pièce : là où Blues Pills ressuscite le tournant des 1960’s avec ses effluves psychédéliques, Spiders déferle sur les platines avec un hard-rock efficace et tranchant. D’ailleurs, pour ce second opus, à peine plus de trente minutes auront suffi pour aligner dix titres : au risque de se répéter, on soulignera derechef combien il est agréable de retrouver des durées convenables et sans remplissage. Bref, que l’inspiration des 1970’s imbibe également le format est une bonne chose.
Attendez-vous donc à entendre une belle collection de titres qui revisite toutes les possibilités offertes par le hard-rock d’antan, qu’il soit un peu aguicheur et américain, dans l’esprit de Pat Benatar (l’accrocheur "Lonely Night", "Bleeding Heart", avec un super pont avant le solo), ou beaucoup plus agressif, regardant presque chez Motörhead (imaginez Lemmy sur "Only Your Skin", même le bref chorus évoque les vieux albums du groupe). Un rock débridé à la limite du punk ("Control", avec également un esprit Scorpions), ou plus mélodique comme "Give up the Fight", qui mobilise en introduction Thin Lizzy, la référence suédoise par excellence (pour ce qui est de la scène revival). Tout au long de l’album, Spiders propose donc un hard-rock très direct, sans longueur superflue, si ce n’est pour offrir un solo un peu plus épais, un légère transition stylistique, ou des dialogues instrumentaux ("The Way of the World" où les musiciens échangent pour conclure l’album comme on conclurai un concert).
Bien sûr le tout est porté par Ann-Sofie Hoyles à la voix enivrante, totalement adaptée au style et surtout très maîtrisé (avec des côtés Mariska Veres), ainsi que par John Hoyles au jeu de guitare épuré mais très efficace et inventif. Ils sentent très bien le registre dans lequel ils comptent inscrire Spiders, même quand il faut faire des détours plus inattendus par la soul ("Hard Times").
Finissons par le commencement en mettant en relief les deux premiers titres qui sont vraiment remarquables. "Mad Dog" martèle son riff et impose un rythme à l’album, une très bonne entrée en matière qui prépare le terrain pour le tube de l’opus, "Shake Electric". Riff rythmé, guitare acide, excellente interprétation au chant, intervention impromptue et bienvenue de l’harmonica : c’est ce genre de morceau qu’on imagine parfaitement soulever l’enthousiasme une fois joué sur scène.
Pour ce qui est du hard-rock traditionnel, la galaxie suédoise ne connaît aucun essoufflement, au contraire : en deux albums, Spiders s’est fait un nom dans une scène toujours plus foisonnante, Shake Electric sonnant comme une confirmation.