Sons Of Apollo
Psychotic Symphony
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La formation d’un super-groupe n’est pas forcément une bonne nouvelle, même si celui-ci comporte le talentueux batteur Mike Portnoy (Dream Theater). En effet, il y a eu Transatlantic, qui, bien que salué par l’ensemble de la presse prog, était plutôt lassant et péchait par ses excès caricaturaux (qui peut se farcir les 30 minutes de "All of the Above" sans tomber en léthargie ?). Certes, c’est plutôt Morse qui doit être blâmé ici, mais force est de constater que la formation était tombée dans la simple démonstration technique sans âme … Quand Transatlantic était propulsé par l’identité progressive de ses membres, Sons of Apollo jouit d’une composition plus variée : de musiciens venant des scènes Metal (Soto, Sheehan, Bumblefoot) et progressive (Portnoy, Sherinian) qui permet d’espérer quelque chose de plus inventif dans un registre – roulement de tambour – Metal-progressif.
Présentons d’abord les membres de la bande. Deux d’entre eux sont des piliers du genre puisqu’ils viennent de Dream Theater : le batteur justement adulé Mike Portnoy et le claviériste Derek Sherinian. Le chant est assuré par l’excellent Jeffe Scott Soto qui a pu jouer dans des registres plus FM comme le bassiste (double manche !) Billy Sheehan (Mr Big) ou même le guitariste (double manche !) Bumblefoot. Ce sont des musiciens plus qu’aguerris, qui n’hésitent d’ailleurs pas à en faire la démonstration : les passages instrumentaux sont très longs et fouillés, les soli pléthoriques, les moindres plans et riffs ultra-complexes. L’instrumental très progressif "Opus Maximus" (dont le titre en rappelle un autre de Kansas), donnant lieu à une digression d’une demi-heure en concert, n’en est que l’exemple le plus criant.
Ce titre ferme l’album et témoigne bien de la dimension progressive du groupe. En outre, elle est mise en avant dès le premier morceau absolument dantesque qu’est "God of the sun". Technique, mélodique, puissant, il fait une parfaite introduction à l’album mais également aux concerts (pour ce qui est de leur première tournée). Une entrée en majesté où tous les musiciens sont en osmose, bien présents dans jamais se marcher dessus. Commençant sur une transe orientalisante, il assène un thème rapide et lourd, avec groove, pour maintenir la longueur avec des variations plus éthérées : un vrai chef d’œuvre intemporel du genre. Dans ce registre, "Labyrinth" est également imparable, avec des mélodies tellement abordable qu’on est surpris de l’harmonie avec laquelle elles s’accordent aux parties instrumentales audacieuses (contretemps, sonorités étonnantes, dissonances, vélocité …).
En effet, le groupe sait composer des titres plus rendre-dedans, accessibles, mais toujours bien pensés : "Coming Home", "Alive", "Signs of the Time" (très heavy, c’est un parfait compromis de l’identité du groupe). Cela vient des parcours artistiques de ces musiciens qui ne se cantonnent pas au Metal-progressif. Attention, Sons of Apollo ne tombe jamais dans la mièvrerie ou le easy-listening, les valeurs sont affirmés tout au long de l’album. Ainsi, comment ne pas évoquer le magistral « Divine Addiction », dans les pas de Deep Purple, une de pierres de touche de Psychotic Symphony.
Dans les références, Dream Theater vient bien sûr à l’esprit et le groupe ne pouvait pas se détacher de cet ancêtre prestigieux : les liens esthétiques et humains étaient trop grands. Sons of Apollo n’est pas une simple copie des premiers, qui ont bien fait de relever la tête avec Distance Over Time au risque de se faire dépasser. C’est bien simple, on est face à une des plus belles productions du genre depuis longtemps, qui sait insuffler une véritable âme à sa musique.
La formation ne semble pas vouloir être éphémère. Heureusement. L’inverse aurait été décevant au regard de la complicité entre les musiciens, affichée lors des concerts, immortalisée dans un premier album live à la longueur vertigineuse (avec de nombreuses reprises, prouvant que Soto est un grand chanteur). Ainsi, le prochain album est annoncé pour le mois de janvier 2020, avec un premier single ("Goodbye Divinity") bluffant. Longue vie aux fils d’Apollon !