Smith/Kotzen

Après Bruce Dickinson et sa carrière solo (brillante!) puis le projet personnel de Steve Harris, British Lion assez déconcertant, c’est finalement au tour de l’un de ses guitaristes, Adrian Smith de se lancer dans un projet indépendant d’Iron Maiden. On précisera qu’Adrian n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’il avait déjà collaboré avec ce cher Bruce sur plusieurs albums, notamment The Chemical Wedding and Accident of Birth qui sont de très loin les deux meilleures productions de Dickinson ! Cette fois-ci, il s’est associé à un autre guitariste de renom, Ritchie Kotzen, à la discographie foisonnante (Mr Big, Poison et de nombreux autres participations…) autour d’un projet sobrement intitulé Smith/Kotzen. Ils se partagent à la fois les lignes de guitare et le chant (Ritchie Kotzen s’occupe également de la basse) tandis que la batterie est confiée à un certain Tal Bergman. L’illustration de la pochette est à l’image du nom du groupe et n’a rien de spécialement innovant, en faisant simplement apparaître le logo du groupe SK. Sobre.

Il serait cependant bien stupide, dans le cas présent, d’établir un quelconque jugement sur la qualité musicale de cet opus en se fondant uniquement sur cette couverture. En effet, cet album est une excellente surprise, pour le moins inattendue ! Les titres dévoilés au compte-goutte, "Taking My Chances", "Scars" puis "Running" étaient plutôt de bon augure. Autant le dire d’emblée, cet album est fort plaisant et séduira les amateurs de blues rock. On est très loin des cavalcades heavy que d’Iron Maiden ou des gros riffs bien lourds et saturés de la période Chemical Wedding. Ici, place à un hard rock assez doux fortement teinté de blues.

On n’était pas forcément habitué à entendre Adrian Smith derrière les micros, à part ses participations en chœur en concert avec Iron Maiden, mais force est de constater qu’il s’en sort très bien : son chant, sobre, évolue dans un registre mélancolique qui sied parfaitement aux compositions blues.

Les deux compères semblent être en complète osmose musicale : on ne compte plus le nombre des interventions ou les multiples duels de guitares qui émaillent l’album.

Parmi les titres qui valent le coup d’œil, "Scars" assez planant et intimiste, s’ouvrant des arpèges qui ressemblent furieusement à "The Dark" de Riot City. Les interventions des guitares bluesy sont des plus jouissives.

"You Don’t Me" est assurément l’un des temps forts de l’album. Ce titre relativement long, démarrant sur des faux airs de Scorpions, permet pleinement aux deux guitaristes de développer des mélodies entêtantes. Aux deux-tiers de la piste, on pense assister à la fin du titre avant qu’ils ne reprennent, allant crescendo pour nous mener vers un final grandiose tout en dextérité !

Dans une veine 100 % rock sudiste, "Glory Ride" nous emmène au fin fond du Texas et aurait très bien pu figurer dans la discographie de ZZ Top.

À travers cet album, Adrian Smith et Ritchie Kotzen revisite le blues rock et rendent, par la même occasion, aux guitaristes blues et groupes du début des années 1970 (Johnny Winter, Gary Moore, Rory Gallagher).

PS : Aussi improbable soit-il, il est possible de lire un entretien d’Adrian Smith sur le site de La Montagne (!!!), dans le cadre de la promotion de ce nouvel album, disponible sur le lien suivant : https://www.lamontagne.fr/chartres-28000/loisirs/adrian-smith-iron-maiden-le-blues-est-intemporel_13926649/