Siena Root
The Secret of Our Time
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1- Final Stand / 2- Siren Song / 3- Organic Intelligence / 4- Mender / 5- In Your Head / 6- When a Fool Wears the Crown / 7- Daughter of the Mountains / 8- Have No Fear / 9- Imaginary Borders
Si les couleurs de The Secret of Our Time ne vous évoquent rien, notamment ce violet ou plutôt ce pourpre profond, alors la musique, avec ses orgues analogiques et ses guitares Heavy, éveillera un sens peut-être plus affuté chez vous, pour vous faire reconnaître l’inspiration guidant en partie le septième chapitre de Siena Root …
Dans la préhistoire du rock-revival suédois, avant les années 2010, Siena Root fait figure du pendant heavy-blues à résonnances psychédéliques des Hellacopters, ceux-ci étant plus hard-rock’n’roll et directs, presque punks. Formé dans les années 1990 et actif discographiquement parlant au début du XXIème siècle (A New Day Dawning, 2004), le combo a connu de multiples variations stylistiques tout au long de sa carrière et de nombreuses configurations jusqu’à aboutir, au moins pour cet album, à un duo féminin au chant, entre Zubeida Solid et Lisa Lystam (Heavy Feather). Sur ce point aucun doute, nous sommes bien en Suède, pays à la pointe de la parité sur la scène rock, au moins pour ce qui est du chant (donc souvent du lead) dans le courant revival.
Le groupe en question au début de cette chronique est bien évidemment Deep Purple et en effet, Siena Root est allé chercher de l’inspiration chez ses glorieux prédécesseurs pour animer son nouvel opus. Le lourd "Siren Song" semble être une chute de Fireball, et ce jusqu’au solo dialogué entre la guitare et l’orgue de même que "When a Fool Wears the Crown", les passages les plus Heavy de "Mender" sonnent également purplien (le titre bascule ensuite sur un slow blues très bien interprété au chant). En conclusion, l’énorme "Imaginary Borders" parvient à marier la guitare de Blackmore et les claviers de Lord avec une flûte éthérée et le chant envoûtant, faisant tomber le morceau dans un univers presque folk et progressif.
Avec Siena Root, le voyage s’avère toujours psychédélique, mais ici, c’est dans une direction qui permet d’affirmer les guitares assez puissantes. L’esthétique space-rock est ainsi adoptée dès le magistral "Final Stand", introduisant l’album et offrant un pont instrumental qu’on jurerait tout droit sorti du répertoire d’Hawkwind. Ce genre halluciné est brillamment associé aux allusions purpliennes (notamment sur les parties de guitare) et mixé avec une ambiance hindoustanie sur l’hypnotique "Have No Fear", sonorités orientales qu’on retrouve d’ailleurs sur le langoureux "Daughter of the Mountains", plus proche du registre habituel du groupe.
En effet, l’inspiration trouvée dans les 1960’s et le courant hippie, certes un peu musclée mais toujours bluesy, n’est pas abandonnée, en témoignent "Organic Intelligence" avec ses variations planantes (imaginez du Blues Pills), ou encore "In Your Head" qui gère le contraste entre les phases acoustiques (avec claviers désuets) et les parties saturées. Des morceaux peut-être plus convenus mais finalement très agréables et bien inscrit dans l’esprit du groupe.
The Secret of Our Time est une nouvelle étape dans le voyage dans le temps offert par Siena Root depuis l’aube du XXIème siècle, un voyage sous forme de renouvellement permanent au sein d’eaux pourtant connues, preuve que si tout avait été exploré, tout n’avait pas encore été dit.
A écouter : "Final Stand", "Have No Fear", "Imaginary Borders"