Saxon

Sauf à animer un podcast spécialisé dans les reprises, il semble que peu de monde trouverait de l’intérêt dans l’écoute d’un album uniquement composé de covers. Je reconnais apprécier l’interprétation d’une reprise isolée au sein d’une production, surtout quand celle-ci est bien faite et revisitée avec bon goût. Néanmoins, je ne me serai jamais penché sur un opus intégralement dédié aux compositions d’autres groupes si Saxon n’avait pas été à la manœuvre.

Ainsi, More Inspirations, comme Inspirations - son prédécesseur de 2021, s’adresse avant tout aux amoureux du groupe, qu’ils soient des complétistes voulant posséder l’intégralité de leur discographie, ou qu’ils souhaitent revisiter les racines musicales de l’un des plus grands groupes de la NWOBHM comme la bande de Byford nous invite à le faire.

Les auditeurs attentifs et la bibliographie de qualité sur le sujet l’ont noté : la NWOBHM n’est pas seulement fille de la première vague de hard-rock britannique (Deep Purple et Black Sabbath en tête) et de ses épigones (Motörhead, Judas Priest ou en Irlande, Thin Lizzy). La British Invasion, le rock progressif, le punk, le glam-rock, ou d’autres groupes inattendus (Wishbone Ash) furent tout aussi fondateurs pour ces jeunes musiciens qui voulaient révolutionner les musiques saturées au début des 1980’s.

Byford par exemple, a toujours clamé son amour pour les années 1960, que ce soit les Animals qui se voient proposer une version biker et presque acdc-ienne de "We’ve Gotta Get Out of This Place" ou les Who avec "Substitute", pas désagréable. Sur More Inspirations, la transition vers le hard-rock et les 1970’s se réalise évidemment avec "Tales of Brave Ulysses" de Cream.

Il y a moins de surprises à retrouver les grands noms de la scène saturée des 1970’s : "Razamanaz" de Nazareth, "Gypsy" d’Uriah Heep, encore plus pachydermique que l’originale et "Man on the Silver Mountain" de Rainbow, assez réussi. On mesure mal l’influence et la popularité d’Alex Harvey Band, un peu oublié dans la postérité, et à l’écoute de leur version, on se dit que "The Faith Healer" aurait pu inspirer les titres plus longs de Saxon durant son âge d’or ("The Eagle Has Landed" ou "Dallas 1 pm").

Les États-Unis ne sont pas oubliés, notamment les grands noms du rock grimé comme Kiss avec "Detroit Rock City" (au solo réussi) et Alice Cooper avec "From the Inside", avec un choix surprenant tant il est loin d’être extrait du meilleur de sa discographie (mais finalement moins kitsch et plus Heavy dans cette version). Enfin, ZZ Top est aussi de la partie avec un "Chevrolet" hélas un peu pataud.

Un regret demeure, l’absence de titres progressifs tant on sait à quel point cette scène fut importante dans la gestation de la NWOBHM, même chez des groupes plus directs comme Saxon (écoutez la suite arc-en-ciel sur leur premier opus). Du reste, More Inspirations n’a pas l’ambition d’être davantage qu’une friandise sympathique et s’avère globalement respectueux du matériau d’origine, la touche Heavy en plus. En attendant un nouvel album en bonne et due forme, peut-être dès 2024, cette parution est à réserver aux fans.

À écouter : "The Faith Healer", "Detroit Rock City"