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Critique d'album

Pinegrove


11:11


(28/01/2022 - Rough Trade - Rock/Power Pop - Genre : Rock)
Produit par Evan Stephens Hall, Sam Skinner

1- Habitat / 2- Alaska / 3- Iodine / 4- Orange / 5- Flora / 6- Respirate / 7- Let / 8- So What / 9- Swimming / 10- Cyclone / 11- 11th Hour
Note de /5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Profitons, tant que nous le pouvons, de l’ombre de la pinède."
Diego, le 29/04/2022
( mots)

A l’aube de ce que la communauté scientifique dans sa quasi unanimité considère comme un bouleversement climatique majeur, les vecteurs d’éveil se font multiples et variés. On pense évidemment à la bonne vieille politique d'antan, même si la tendance est davantage aux verts à moitié vides qu’aux bâtisseurs d’un nouveau mode de vie. Du côté de la société civile, on pense plus particulièrement aux actions de la jeunesse, a priori première concernée par le monde de demain… L’émergence de figures comme Greta Thunberg, l’organisation de marches pour le climat et la prise de conscience collective semblent ainsi poser les bases d’une génération lucide sur la priorité des combats à mener (l’optimisme voire la candeur du texte est assumé). L’expression artistique n’est de son côté pas en reste pour véhiculer les messages émis par les chercheurs. Le récent succès du film Don’t Look Up, métaphore à peine déguisée du traitement de la prochaine fin du monde (du moins tel que nous le connaissons), en est un bon exemple. D’autres œuvres, du street art de Banksy sur la montée des eaux aux expositions d’art moderne, s’approprient avec talent des sujets abordés dans la littérature depuis des décennies (d’Henry David Thoreau à Gary Snyder). N’omettons toutefois pas de ce panorama à vocation non exhaustive, le phénomène de greenwashing, achat ou rachat de conscience verte mais certainement pas vertueuse.


Justement, le contexte autour de la sortie de 11:11, cinquième opus du collectif Pinegrove, et en particulier autour de son frontman Evan Stephens Hall, rend tentant le procès d’intention. Après un début de carrière plutôt réussi, dans un style voguant de la country alternative à l’indie rock teinté d’emo, l’ami Hall, compositeur principal du groupe, s’est en effet vu accusé en 2017 de coercition sexuelle envers une de ses musiciennes, remettant en cause son comportement de pression verbale et comportementale. L'affaire s'est conclu par une médiation et a vu l'album Skylight sortir quasiment sans accompagnement. Les fans du groupe, auto-proclamés affectivement "Pinenuts", ont retrouvé leurs protégés sur l'album Marigold en 2020, mais la relation demande encore a être rebâtie.


Alors, le frontman cherche-t-il à détourner l’attention ou le hiatus imposé plus tôt à son groupe a-t-il réellement servi à éveiller une conscience naturaliste ? Le résultat musical semble parler pour lui-même : la démarche est sincère, habitée et totale. Dès l’artwork, première pochette d’album ne faisant pas appel à des couleurs primaires, le vert est omniprésent. Le cubisme est toujours là, comme sur les disques précédents, comme une preuve que le bébé n’a pas été jeté avec l’eau du bain.


Musicalement, 11:11 s’ouvre sur un titre finalement assez représentatif du reste des morceaux : son intro folk déroulant le refrain saturé suivi d’une deuxième partie acoustique planante font de "Habitat" un ensemble mélodique et convaincant. 


La thématique écologique est donc bien présente sur des chansons comme le voluptueux "Respirate", ode acoustique aux espoirs pas encore déchus du monde d’après Covid. "Orange", de son côté, orchestre magnifiquement, notamment au travers d'un refrain déchirant, le sujet des incendies ravageant régulièrement l’Oregon et la Californie.


Les musiciens, en particulier la section rythmique sur un "Cyclone" aux superbes harmonies, et sur l'excellent "Alaska", mènent la barque. "Flora", morceau folk traditionnel ou encore "Iodine" font la part belle aux arrangements soyeux rappelant certaines des compositions de The Antlers, voire d’Elliott Smith. Mélancolique à souhaits donc, mais pas que. Le côté lumineux d’un "So What" ou de "Cyclone" évoquent à leur tour les productions récentes de Palace ou de Death Cab for Cutie (Chris Walla est d’ailleurs à la production). La voix de Hall, quant à elle, n’est pas la force principale du disque. Si elle n’a rien de fondamentalement déplaisant, elle pourrait être considérée comme l’équivalent sonore du pictogramme masculin ornant les portes de toilettes pour homme, tant elle est générique. Cet aspect est toutefois totalement assumé, Hall jouant comme il faut les cartes dont il dispose, à l’image de Martin Courtney du groupe Real Estate


"So What" a le mérite de redynamiser les débats en proposant une rupture de cadence avec les titres précédents, assez interchangeables bien que plaisants (le mélancolique "Let" a beau être inspiré, avec ses accords de piano et son refrain tout en complainte, un peu de rythme est bien nécessaire pour poursuivre l'écoute d'autant que "Swimming" reprend les mêmes codes ou presque).


Le palindrome servant de titre à cet album est finalement représentatif de l’état d’esprit qui habite son géniteur. L’alignement des arbres observés depuis les avions de ligne permettant au groupe de sillonner les Etats-Unis a directement servi d’inspiration à Hall pour nommer son disque 11:11. Le frontman est même allé jusqu’à évoquer sa fascination pour l’abri offert par la petite barre du 1 à son voisin de gauche. 


Preuve s’il en faut que cette production, globalement réussie sans être totalement emballante, est sincèrement engagée. Aux défauts de longueur ou de monotonie ne s’ajoute donc heureusement pas celui de la manipulation.


Le vert est après tout, également la couleur de l’espoir.


A écouter : "Alaska", "Iodine", "So What".


 

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