Pendragon
Love over Fear
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1- Everything / 2- Starfish and the Moon / 3- Truth and Lies / 4- 360 Degrees / 5- Soul and the Sea / 6- Eternal Light / 7- Water / 8- Whirlwind / 9- Who Really Are We? / 10- Afraid of Everything
Ah Pendragon. Le groupe a bien des détracteurs, de façon tout à fait injuste. C’est tout de même un des piliers du courant néo-progressif, mon préféré de la bande personnellement. Leur place est centrale depuis The Masquerade Overture, puisqu’ils ont lancé le durcissement électrique (bienvenu) du genre. En outre, depuis Pure (2008), ils étaient à la limite du Metal progressif. A la limite, bien sûr.
Et puis il y les soli aériens et toujours magiques de Nick Barrett, la signature du groupe (c’est d’ailleurs la tête pensante de l’ensemble, et l’unique compositeur). Rien que pour ça, Pendragon vaut le détour. Ils ont une science pour allier rigueur musicale et accessibilité. Mentionnons aussi les pochettes magnifiques qui accompagnent leurs albums, attrait un peu abandonné avec les dernières parutions, mais qui revient au galop pour Love over Fear. Franchement, ce maelstrom d’animaux marins sous fond de camaïeux de bleu, quelle splendeur ! Enfin, dernière caractéristique qui ne change décidément pas, le temps de gestation de chaque album, environ six ans d’attente. On s’y fait, d’autant plus si la qualité est présente.
Le groupe opère un retour dans le temps. Tout le côté Metal est abandonné, on peut à peine en trouver des bribes sur le sublime "Who Really Are We ?", et encore, avec parcimonie. Barrett a souligné sa volonté de retrouver le son originel du groupe, du moins celui des années 1990. Mais à bien réfléchir, il est même allé plus loin : le premier titre, "Everything", rappelle évidemment leurs vieux albums, mais est rempli de touches yessiennes (de l’introduction au refrain) extrêmement satisfaisantes. Cette inspiration trouvée chez Yes est également très prégnante sur "Eternal Light" (le passage chanté avec une guitare acoustique, ou des échos à "Gates of Delirium"). Sur cette pièce, on retrouve des plans qui évoquent – volontairement, semble-t-il – "Paintbox", un des tubes du groupe.
Pas de grande fresque progressive ici, mais des morceaux assez longs (environ huit minutes) qui sont, comme annoncés, dans le giron des années 1990. Le très bon "Truth and Lies" rappelle Not of this World (dont le nom est prononcé), et propose une lente et légère progression jusqu’à un solo émouvant. On entend de belles nappes et un petit solo mélodique de Nolan, mais les claviers sont quand même assez en retrait sur cet opus. On a déjà évoqué deux des autres titres les plus denses ("Eternal Light" et "Who Really Are We ?" - une perle), il reste "Water" qui possède des traits jazzy, et garde les qualités esthétiques qu’on peut attendre du groupe.
De petites pièces pleines de douceur sont dispersées dans l’album : elles trouvent leur cohérence dans l’ensemble, comme des moments où l’auditeur peut souffler. Ce sont des duos piano/voix comme "Starfish and the Moon" ou "Whirlwind". Il y a même une petite fantaisie folk, où mandoline et violon dialoguent : "360 Degrees" est une originalité pour le groupe même si on retrouve bien entendu des plans typiques. Il finit enfin sur un titre surprenant, commençant par une guitare pleine d’effets qu’on retrouverait sur un titre ambiant chill-out, avec des digressions progressives. "Afraid of Everything" conclut brillamment l’album.
Love Over Fear est un opus franchement rafraîchissant et accrocheur : très varié, jamais pompeux, toujours exigeant et inspiré, c’est une très bonne production du groupe. Coronavirus oblige, leur tournée en France a été annulée, et on est nombreux à se retrouver avec une place sur les bras : ça a quelque-chose d’historique, une bribe du coronatour … Promis, on ira les voir une fois la crise passée.