Pearl Jam
Backspacer
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1- Gonna See my Friend / 2- Got Some / 3- The Fixer / 4- Johnny Guitar / 5- Just Breathe / 6- Amongst the Waves / 7- Unthought Known / 8- Supersonic / 9- Speed of Sound / 10- Force of Nature / 11- The End
Comment chroniquer le plus objectivement possible le dernier album de Pearl Jam ? Peut-on le décrire sans penser à ce que le groupe a été et sans dire combien vous en avez été fan ? Car avant tout, il faut tout de même rappeler aux plus jeunes qu'avec Ten, leur premier album, Pearl Jam a été immédiatement touché par la grâce musicale de sa rage et le succès planétaire qui l'a suivi ! Hélas, après l'incontournable Vitalogy, paru en 1994, le band de Seattle n'a plus vraiment surfé au-delà de la déferlante grunge de l'époque. Depuis, les albums ont été sans surprise et sans fausse note, sans plus... Avec Backspacer, leur neuvième enregistrement studio, Pearl Jam, étiqueté mastodonte d'une partie de l'histoire du rock peut-il nous faire espérer un retour discographique au premier plan ?
Entamé à fond la caisse par quatre chansons punk hard rock avec des riffs seventies façon Thin Lizzy ou Aerosmith le début de l'album est loin d'être désagréable. Certes, l'originalité n'est pas de mise mais la vitalité qui s'en dégage nous fait revivre par instants l'énergie brute de quelques moments inoubliables, si on a plus de 25 ans... "Got Some" y est ma préférée. Eddie Vedder semble s'y étrangler en nous entraînant à partager sa jeunesse retrouvée. Comme si la salutaire fin de l'ère Bush l'avait enfin revivifié. Malgré tout, ces pistes accélérées passent rapidement sans que les airs nous emportent sur la durée et c'est presque sans surprise que Pearl Jam s'aventure vers Into the wild (la magnifique bande originale du film de Sean Penn signée Eddie Vedder) avec "Just Breathe". Le temps d'une respiration, une guitare acoustique et quelques cordes accompagnent la voix chaude et enveloppante de son leader. Impossible d'y rester insensible, la preuve, en guise de souvenir, le dernier titre ("The End") a recours aux mêmes effets. Malheureusement, entre ces deux morceaux sensitifs, la seconde partie de l'album s'avance de plus en plus dangereusement vers l'oubli immédiat. "Amongst The Waves" fait penser à du Black Crowes sans envolées alors que "Unthougth Known", malgré ou à cause de son piano, est sûrement la chanson la plus pop jamais interprétée par Pearl Jam ! "Supersonic", pâle copie des Ramones, puis deux mid-tempi aux riffs dépassés, où la voix d'Eddie en sort égratignée, gâchent alors ce que l'on pouvait encore escompter.
La réapparition de Brendan O'Brien (Ten notamment) à la production n'y a donc rien changé. Le combo de Seattle ne sonnera plus jamais comme lors de ses trois premiers albums. Ce n'est pas une fin en soi, bien évidemment, car les années ont passé et le monde de la musique a évolué, avec eux, mais aussi sans eux... Malgré tout, Eddie Vedder et son groupe resteront toujours aussi grands dans ma mémoire et sur scène (Ah! ce fameux concert à La Locomotive en février 1992). En attendant leur tournée, en 37 minutes, Backspacer laisse l'étrange impression d'un petit retour vers le passé sans le vrai coup de coeur pour l'accompagner. Sans rancune et à la prochaine, quand même...