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Critique d'album

Motörhead


1916


(26/02/1991 - WTG Records - Heavy rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- The One to Sing the Blues / 2- I'm So Bad (Baby I Don't Care) / 3- No Voices in the Sky / 4- Going to Brazil / 5- Nightmare/The Dreamtime / 6- Love Me Forever / 7- Angel City / 8- Make My Day / 9- R.A.M.O.N.E.S. / 10- Shut You Down / 11- 1916
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"1916 - Le tournant de la guerre"
François, le 13/04/2023
( mots)

Thatcher au Royaume-Uni, Reagan aux États-Unis, tournant de la rigueur en France : les années 1980 avaient assis le triomphe du néo-libéralisme et les années 1990 en furent les héritières directes, exacerbant la toute-puissance de la finance et du big business. Le revers de la victoire des yuppies fut la saignée du monde industriel qui voyait ses fleurons profiter de la mondialisation et des bas salaires des pays émergents, à tel point que même une institution britannique comme Motörhead délocalisa son entreprise aux États-Unis. En 1990 en effet, Lemmy décida de baser le groupe à Los Angeles, Californie. Ce déplacement conclue également un nouveau procès avec une maison de disque, GWR, à propos du choix du single promotionnel pour le live Nö Sleep at All (1988) et de la distribution de cet album.


Le premier produit de cette délocalisation fut 1916, un pseudo concept-album sur la Première Guerre mondiale, preuve que la vieille Europe est toujours dans l’esprit du bassiste. On connait la passion de Lemmy pour les artefacts militaires, pas toujours du meilleur goût quand il s’agit de la période 1939-45, et donc pour l’histoire. Erreur involontaire, la pochette place le snaggletooth au centre des drapeaux des belligérants parmi lesquels on ne compte pas le drapeau français : ce n’est pas comme si les combats s’étaient en grande partie déroulés sur son sol (parmi les grands oubliés figurent aussi la Russie et la Serbie …).


Plutôt qu’un tournant dans la guerre, 1916 est cette fois-ci un tournant esthétique dans la carrière du groupe : Motörhead adopte une attitude plus Metal et plus moderne. Enfin, pas tout à fait puisque "Going to Brazil", appelé à être un tube, est un pur rock’n’roll débridé on ne peut plus classique, "Shut You Down" un obus Motörhead-ien convenu et "Angel City" affirme le déplacement géographique du groupe en proposant un rock’n’roll US jusqu’aux orchestrations finales (la guitare y est bavarde et brillante).


Pour le reste, la production aidant, Motörhead s’offre une cure de jouvence comme en témoigne "The One to Sing the Blues" : si l’efficacité demeure, le son est volontairement moins brut et la partie soliste a même un côté Scorpions, c’est dire. Le rock’n’roll "I’m So Bad (Baby I Don’t Care)" possède également cette touche plus Heavy et "Make My Day" joue dans la cour de Schenker sur le solo absolument virtuose et sur le riff avec des effets proches de ceux du guitar-hero allemand. Et si le côté punk est de retour, il est désormais inspiré par la scène américaine : les Ramones ont bien droit à un hommage digne de sa période classique ("R.A.M.O.N.E.S.") mais la plupart du temps, la partition jouée est plutôt celle des 1980’s ("No Voices in the Sky").


Le groupe se montre entreprenant, en commençant par le slow "Love Me Forever" aux arpèges de circonstance, qui a quelque chose de scorpionesque surtout sur les soli – une surprise et un pari réussi. Le très bon "Nightmare/The Dreamtime" tente le mid-tempo diabolique et envoûtant à la "Orgasmatron", avec en prime le coup de rétroviseur donné en direction d’Hawkwind (les effets sur les voix et les synthés). Le plus curieux reste "1916" dont la mélancolie porte avec force la thématique du conflit mondial. On peut y entendre le chant clair de Lemmy, presqu’en train de scander un poème, accompagné d’orgues, de violons et d’une batterie militaire : un registre cérémoniel qui détonne dans le répertoire du groupe, à voir s’il parvient à convaincre.


L’entrée dans les 1990’s est plutôt réussie pour Motörhead prêt à donner à sa carrière un nouveau souffle depuis les États-Unis. Le rêve américain ne fait que donc que commencer, en espérant qu’il ne tourne pas au cauchemar.


À écouter : "Going to Brazil", "Make My Day", "No Voices in the Sky"

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