Montrose
Montrose
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1- Rock the Nation / 2- Bad Motor Scooter / 3- Space Station #5 / 4- I Don't Want It / 5- Good Rockin' Tonight / 6- Rock Candy / 7- One Thing On My Mind / 8- Make It Last
À l’arrière, il y a Edgard Winter, le frère également albinos de Johnny, dans le groupe duquel le guitariste Ronnie Montrose fit ses premières armes après un passage chez Van Morrison avant de fonder son propre groupe en 1973. À l’avant, il y a Van Halen, auprès duquel Sammy Hagar connaitra le succès après avoir été le chanteur de Montrose. Au milieu, il y a justement ce trio exceptionnel complété par Bill Church à la batterie, qui avec son premier album en 1973 allait marquer l’histoire du hard-rock américain.
L’an de grâce 1973 est celui de l’invasion hard-rock américaine : deuxième opus résolument saturé de Blue Öyster Cult, arrivées dans les bacs d’Aerosmith et de Lynyrd Skynyrd pour la version sudiste, triomphe d’Alice Cooper …. Et parmi ceux-ci, Montrose qui, malgré une carrière assez courte, marqua au fer rouge la scène hard-rock en plein essor outre-Atlantique, par un propos on ne peut plus radical et jusqu’auboutiste.
La brièveté de l’album (une demi-heure top chrono) ne semble pas mériter de reproches tant elle sert la démarche du combo, c’est-à-dire submerger l’auditoire de morceaux rapides, puissants, sans nuance, à l’image de "Rock the Nation" largement en avance sur son temps en matière de Heavy. Les Van Halen puis une bonne partie de la NWOBHM, encore à l’école primaire, prennent ici leur première leçon. Que penser alors du terrible "Space Station #5" qui, après son introduction bruitiste, renchérit de plus belle avec son riff enlevé ; le titre est parfois surprenant quand il met en place des passages plus planants (l’introduction, un pont étonnant) qui rendent d’autant plus puissants leur hard-rock révolutionnaire – musicalement parlant.
D’ailleurs, "I Don’t Want It" fait presque penser à du Saxon avant l’heure ("Stop, Get Out" de "Strong Arm of the Law" suivra le rythme que "I Don’t Want It" sur le refrain) et on pourrait tenter un parallèle du genre "de "Bad Motor Scooter" à "Motocycle Man""… Mais soyons honnêtes, on toucherait là aux limites de Montrose qui reste d’abord un groupe US (typiquement sur ce titre) et des 1970’s (n’égalant donc pas toujours les chevelus des 1980’s en matière de robustesse) … Mais est-ce un mal ? Après tout, "One Thing on My Mind" s’avère tout à fait plaisant dans son registre boogie-rock, la reprise rock’n’roll "Good Rockin’ Tonight" se montre efficace et le sexy "Rock Candy" avait tout pour être un tube de blues-rock relevé à la Aerosmith ou ZZ Top (voire Blackfoot, mais ce serait un peu anachronique).
Il reste encore "Make It Last", qui pour une raison que j’ignore, demeure mon petit favori parmi les huit pépites de l’album. Le riff ? Sûrement, il déborde de classe. Le chant ? Absolument, c’est la meilleure prestation de l’opus, un peu à la Paul Rodgers. La batterie ? Son rythme militaire tout en simplicité rehausse indéniablement le titre. Les interventions à la guitare ? Elles donnent une coloration sudiste loin d’être désagréable.
Sans grand succès à sa sortie, Montrose venait de renverser la table à bas bruit mais à forte saturation. Preuve en est, on en parle encore avec des étoiles dans les yeux cinquante ans plus tard, et nul ne dirait honnêtement que cela a vieilli. Ou alors seulement un tout petit peu.
À écouter : "Rock the Nation", "Space Station #5", "Make It Last", "Rock Candy"