Manilla Road
Metal
Produit par
1- Enter the Warrior / 2- Defender / 3- Queen of the Black Coast / 4- Metal / 5- Out of Control with Rock 'n' Roll / 6- Cage of Mirrors / 7- Far Side of the Sun
Metal, un titre d’album comme un manifeste, semblant indiquer que Manilla Road avait choisi sa voie – celle du Heavy - après un premier album qui naviguait entre deux époques.
En réalité, ce titre cache les doutes et les tergiversations du groupe. En effet, après Invasion, un deuxième album avait été enregistré mais, insatisfait du résultat, le combo décide de le mettre aux oubliettes avant sa sortie en 2002 sous le titre de Mark of the Beast (en 2016, il retrouvera son nom originel, Dreams of Eschaton). C’est clairement un rejet de l’esthétique formulée sur le premier album puisque ce deuxième essai reprenait les mêmes codes, notamment les titres étendus sur de longues minutes.
Metal prend donc le contrepied et mise sur des compositions plus courtes, en témoigne la nouvelle version de "Far Side of the Sun", bien plus rentre-dedans, directe, brute, parfois rock’n’roll, en tout cas bien éloignée du space-rock qui enrobait le titre sur Invasion, sans pour autant abandonner les interventions nombreuses à la guitare (l’ultime d’entre elles est assez prenante).
Manilla Road fait donc le pari de l’efficacité et de l'immédiateté : à peine deux minutes pour "Defender", un riff à la Ted Nugent pour "Out of Control with Rock’n’Roll" qui garde tout de même les effets caverneux typiques du style underground. Cela n’empêche pas de jouer sur le contraste, comme sur "Queen of the Black Coast" où le chant rauque et le riff lourd des couplets tranchent avec des ponts plus aériens. Le côté artisanal demeure, en particulier sur "Enter the Warrior", notamment à cause de la qualité de la production et de l’écart entre l’ambition du groupe et les limites inhérentes au fait qu’il soit seulement un trio. Mais c’est également ce qui fait leur charme et qui les rendit si attrayant des décennies plus tard.
Le très réussi "Cage of Mirrors" est la seule pièce réellement épique, ouverte sur des harmoniques et un boléro qui entrent en tête afin d’introduire Lucifer et le nécromancien. Néanmoins, les parties saturées sont plus agressives que les longues pièces du premier opus : on comprend vraiment ce que la catégorie Metal épique veut dire. On retrouve cette dimension sur "Metal", un peu plus court (six minutes) et globalement plus léger malgré quelques phases intenses et un final électrique (on soulignera la modulation rauque de la voix de Shelton, une évolution importante pour le futur de la scène dont jouera également Cirith Ungol).
Manilla Road inaugure sa carrière avec deux finalement opus assez différents, qui présentent les tâtonnements du combo avant qu’il ne se révèle en franchissant glorieusement la fameuse étape du troisième album qui sera moins un défi qu’un premier accomplissement.
À écouter : "Cage of Mirrors", "Metal"