King Gizzard And The Lizard Wizard
Flight b741
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Bien que les sorties des King Gizzard and the Lizard Wizard se suivent (de très près) et ne se ressemblent pas, il est tout de même aisé de tirer quelques grandes lignes stylistiques au sein du répertoire de l’un des groupes les plus productifs de notre temps.
Alors que PetroDragonic Apocalypse sorti l’an dernier s’insérait dans le sillon trash métal amorcé par Infest The Rats’ Nest, que la triologie microtonale s’est achevée en 2021 avec L.W. et que l’identité garage psychédélique de leurs débuts semble désormais bien exploitée (Nonagon Infinity reste de nos jours une production extraordinaire), ce nouveau venu vient prolonger l’épopée groovy de l’excellent Fishing for Fishies, qui avait fait mouche 5 ans plus tôt avec ses sonorités roots typiquement 70’s.
Enregistré sans pression en quelques jours dans le cadre d’un “week end entre potes”, le but était cette fois de se délester de tout thème ou concept particulier, comme cela avait pu être le cas sur leurs précédentes productions. Même si un petit clin d’œil est adressé à une suite d’accord très populaire dans les années 70 (1 – b7 – 4 ; se référer au célèbre riff de "Sweet Home Alabama”), cette volonté de laisser libre cours à leurs goûts communs se ressent immédiatement dans les riffs légers et le son aéré de ces 10 nouveaux titres, faisant la part belle au blues rock et l’americana des années 60/70.
La guitare slide et les chœurs 60’s de “Mirage City” (qui ne manque pas de rappeler Paper Mâché Dream Balloon) piquent instantanément nos envies de grands espaces, poussées par l’harmonica d’Ambrose Kenny-Smith qui fera fureur tout du long, désigné comme grand responsable du groove permanent dégoulinant de cette folle épopée au-dessus des nuages. Comme le veut la coutume, les transitions sont soignées, procurant cette agréable sensation de continuité. L’enchainement “Raw Feel” (et sa fabuleuse cassure rythmique), “Field of Vision”, “Hog Calling Contest (et son riff à à l’heure), “Le Risque”, qui constitue le véritable cœur de l’album est grisante et mène la fougue de nos six Australiens ainsi que notre euphorie toujours un cran plus haut. Le dernier cité, met de plus à l’honneur derrière le micro, et ce pour la première fois, le batteur Michael Cavanagh, nous gratifiant au passage d’une performance bluffante, insérant une énième nouvelle dimension dans les sonorités explorées par le groupe.
Stu Mackenzie n'est définitivement plus le chanteur principal du groupe, le lead étant désormais partagé de façon quasi égalitaire avec Kenny-Smith, déjà maitre de cérémonie chez les Murlocs et roi du spoken words sur les dernières productions des Kings. La polyvalence des musiciens, qui se partagent désormais les différents postes procure ce mordant redoutable, évitant toute impression de monotonie. Comme sur Fishing for Fishies et son “Cyboogie”, Flight b741 propose sa pièce finale fourre-tout, sorte de synthèse débridée bourrée de cassures rythmiques et dépassant aisément les 7 minutes.
En conclusion, il n’y a pas grand-chose à reprocher à ce 26e album studio des King Gizzard and the Lizard Wizard, réunis autour de cet amour commun du lâcher prise et d'influences communes. Lâcher prise d’autant plus nécessaire lorsque l’on enchaine sans répit enregistrements studio et tournées mondiales à rallonge, armés chaque soir d’une setlist intégralement remaniée. Là où certaines formations ressentent un besoin de souffler plusieurs mois voire quelques années entre deux albums, l’infatigable roi gésier et ses sorciers reptiles semblent puiser leur énergie dans la création artistique et la symbiose avec leur public. Il ne nous reste plus qu’à espérer l’esquive du burn-out pour pouvoir continuer à apprécier pleinement l’avènement de l’une des formations les plus excitantes du moment.
A écouter : “Raw Feel”, “Hog Calling Constest”, “Le Risque”