Jane
Jane III
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1- Comin' Again / 2- Mother, You Don't Know Me / 3- I Need You / 4- Way To Paradise / 5- Early In The Morning / 6- Jane-Session / 7- Rock 'n' Roll Star / 8- King Of Thule / 9- Baby, What You're Doin'
Groupe à succès outre-Rhin, Jane participe à la vague heavy-progressive allemande du début des 1970’s à l’image de Birth Control, en se faisant remarquer grâce à ses albums Together (1972) et Here We Are (1973). Néanmoins, la carrière du combo fut fragilisée par l’instabilité chronique de sa formation qui varie entre chaque album : après avoir été bouleversée entre les deux premiers opus, celle-ci voit, sur Jane III, le départ du claviériste Werner Nadolny et le retour de l’ancien bassiste Charly Maucher, laissant à Wolfgang Krantz le loisir de s’occuper de la seule guitare. Sur ce troisième album, Jane est donc fondé sur un dispositif à deux guitares et sans claviériste attitré, qui change fondamentalement l’orientation stylistique du groupe.
En effet, Jane devient une formation profondément ancrée dans le hard-rock assez direct, avec une sonorité américaine revendiquée - "Mother, You Don’t Know" et "Rock’n’Roll Star" auraient ainsi pu figurer sur un album de Cactus ou de Mountain, l’efficace "Baby, What You’re Doin’" s’inscrit dans la lignée des Canadiens Bachman-Turner Overdrive. Cette touche US se retrouve sur la pièce folk "Way to Paradise" ou sur le slow "I Need You", qui pourrait aussi évoquer Free – un groupe britannique dont la caractéristique principale était de sonner de façon très américaine. Ces compositions sont assez classiques, mais il convient de relever quelques moments plus intriguant comme "Early in the Morning" qui déploie de belles mélodies solennelles à la guitare et un riff au rythme entraînant et psyché.
Point de rock progressif ici donc, et malgré ses presque dix minutes, "Comin’ Again" peine à être qualifié de la sorte : il s’agit de rock psychédélique d’un style un peu daté (on est tout de même en 1974) bien qu’agréable, tentant de provoquer une transe par ses effets de guitare et son rythme chaloupé – pensez à Quicksilver Messenger Service. Le plus court "Jane-session" repose sur la même esthétique, dont on retrouve des traces chez les groupes de stoner-space rock-psyché actuels.
De cette évolution stylistique résulte donc un album fort sympathique mais sans aucune originalité : Jane fait désormais du hard-rock, parfois psychédélique, mais rentre dans le rang. Il faut dire que le combo espérait percer de l’autre côté de l’Atlantique, en compagnie de Grand Funk Railroad, mais que ce projet fut tué dans l’œuf : cela explique peut-être aussi ce changement de registre que les Allemands pensaient être plus adapté au marché américain – pour ne pas dire calibré.
À écouter : "Early in the Morning", "Jane-session", "Baby, What You’re Doin’"