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Critique d'album

Wet Leg


Moisturizer


(11/07/2025 - Domino - Indie - Genre : Rock)
Produit par Dan Carey

1- CPR / 2- liquidize / 3- catch these fists / 4- davina mccall / 5- jennifer's body / 6- mangetout / 7- pond song / 8- pokemon / 9- pillow talk / 10- don't speak / 11- 11: 21 / 12- u and me at home
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un émollient bigrement convaincant"
Nicolas, le 08/09/2025
( mots)

Discordance, quand tu nous tiens. Alors que le premier album du duo féminin de l’île de Wight ne nous avait guère ému outre mesure en 2022, voilà que la participation des anglaises à Rock en Seine la même année rebattait sensiblement les cartes. Gentillette mais pas forcément irrésistible sur sillons, la paire Rhian Teasdale - Hester Chambers se faisait hardie et conquérante sur scène, aussi impertinente dans ses minauderies qu’à l’aise dans ses bottes musicalement parlant. Sans compter un son qui déboitait et qu’on ne ressentait pas vraiment avec autant de puissance sur galette. On guettait donc avec une certaine curiosité ce Moisturizer qui aura su se faire attendre, et l’attente en valait la chandelle.


Plus constant, plus massif, plus conquérant que son grand frère, ce deuxième LP corrige de petites erreurs de jeunesse en se parant d’une belle assurance, et ce sans rogner sur la patte Wet Leg : alternance murmures béats - éclats de chipies, bagout, humour et attitude. Cela faisait bien longtemps que l’on avait plus vu de groupe qui, bien que sans rien inventer, réussit à s’approprier un style (ici plutôt indie US 90’s à la mode The Breeders) en y infusant une personnalité unique. Une personnalité qui passe avant tout par la présence constante de sa meneuse, Rhian Teasdale, avec ses allures de sainte nitouche qui basculent en un tournemain dans la provocation la plus crue. Si ce deuxième long traite avant tout d’amour au sens large, on se gargarise de ces images cocasses qui traversent le disque avec autant de légèreté que de culot. Au hasard de “Pillow Talk” : “You wanna eat me? / I'll be your carrot / Are you a bunny? / I'll let you have it, yeah”. Des saillies comme ça, il y en a à la pelle dans Moisturizer, bien plus salaces la plupart du temps (“You wanna fuck me? / I know most people do”, l’une des strophes les plus truculentes et non dénuées de second degré de “Mangetout”) mais aussi, étonnamment, souvent bien plus naïves et frêles (“I don't mind where we're going / If it's your hand, baby, I'm holding”, entre autres jolies sorties). Et si la portée amoureuse se veut universelle, plusieurs esquisses de paroles ne laissent aucun doute sur le fait qu’ici l’amour se conjugue exclusivement au féminin, le plus naturellement du monde. Bien sûr, la diction de Teasdale ajoute énormément de sel à l’ensemble : un titre aussi frappant que “Liquidize” serait-il aussi pertinent sans ses syllabes emphasées ni ses admonestations mutines ? Il est permis d’en douter.


On pouvait (on peut toujours, d’ailleurs) reprocher à Wet Leg premier du nom un certain manque de chair dans son enrobage, mais le défaut est ici largement corrigé. Rien que l’introductif “CPR” nous réserve un condensé de nonchalance que vient dynamiter un duo de guitares rugueuses bien trempées sur des refrains aussi bitchy que pugnaces. Là encore, le texte est affriolant, surtout quand la donzelle mime un orgasme en appelant le numéro du SAMU britannique. La formule se retrouve presque à l’identique sur le sexuel “Pillow Talk” dont on ressort à bout de souffle, suffocant sous les assauts d’une batterie autoritaire et électrisés par des refrains orgasmiques. Chair encore sur le galvanisant single “Catch These Fists” avec son riff entêtant, où l’on constate que la production de Dan Carey surpasse assez aisément celle du guitariste Joshua Mobaraki sur le LP numéro 1 (qui, ici, se contente de gratter avec fièvre), réservant des plages constamment denses et appétissantes (“Jennifer’s Body”) et d’autres sachant sonner avec aplomb même lors de leurs temps faibles (“Mangetout”, autre grande réussite du disque). Quelques pointes d’électro font même leur apparition sur le gigoteur et glandeur “Pond Song” qui bascule presque dans le noise rock dans ses derniers retranchements. Mais parce que Wet Leg n’a pas qu’une corde à son arc, le tandem sait aussi nous faire triper et décoller au gré de pérégrinations dream pop convaincantes (“Pokemon”) quand ce n’est pas Blonde Redhead qui se voit convoqué avec aplomb et à-propos (“Don’t Speak”, aussi acide qu’éthéré). L’exercice de la balade rêveuse se révèle tout aussi réussi (“11:21”) et finalement, s’il fallait pinailler un peu, on rechignerait aux entournures face à un conclusif “U and Me at Home” un rien téléphoné et convenu, bien qu’achevant le disque avec la manière et l’envie. A signaler, au passage, l'appétence des iliennes pour les fins de titre abruptes qui prennent l’auditeur par surprise et créent une impression de vide et de manque. Coquines, va.


Bref, en un mot comme en cent, c’est du tout bon. Wet Leg persiste et signe ici un disque qui se veut le vrai ambassadeur du duo Teasdale - Chambers, un ambassadeur réussi de A à Z ou presque, preuve que le rock n’a nul besoin d’explorer de nouveaux horizons pour conserver toute sa pertinence : un rien de fraîcheur et de caractère suffisent à réinventer les meilleures recettes. Et si celles-ci peuvent nous ramener un peu dans le son des années 90, ma foi, on prend. PS : au fait, il s’arrête quand, ce foutu fucking revival 80’s ?


À écouter : "CPR", "Liquidize", "Catch These Fists", "Mangetout", "Pillow Talk"

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