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Critique d'album

Solaris


Marsbéli Krónikák


(31/05/1984 - Hungaroton - Rock progressif / musique élec - Genre : Rock)
Produit par

1- Marsbéli Krónikák I. = The Martian Chronicles I. / 2- Marsbéli Krónikák II.-III. = The Martian Chronicles II.-III. / 3- Marsbéli Krónikák IV.-VI. = The Martian Chronicles IV.-VI. / 4- M'ars Poetica / 5- Ha Felszáll A Köd = If The Fog Ascends / 6- Apokalipszis = Apokalypse / 7- E-Moll El?játék = Prelude In E Minor / 8- Legy?zhetetlen = Undefeatable / 9- Solaris
Note de 3/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Chroniques martiennes et danse hongroise"
François, le 08/06/2024
( mots)

En 1984, la Hongrie demeure une République populaire mais son régime apparaît suffisamment souple pour qu’on parle de "socialisme du goulasch" : c’est d’ailleurs de ce pays que naîtront les premières fissurent qui creuseront le Bloc de l’Est, comme un écho au soulèvement de 1956.  Et c’est ainsi qu’une scène rock a pu s’épanouir plus facilement, même s’il est vrai que les musiciens des pays l’Est sont parvenus à s’affranchir des barrières structurelles imposées par les dictatures et à donner naissance à un courant de musiques populaires électrifiées, si bien que le rock progressif s’y est développé dès les années 1970. Omega est sûrement la formation hongroise la plus connue, mais c’est au milieu des années 1980 que se déploie le meilleur combo d’au-delà du Rideau de fer : Solaris.


Le quintet de Budapest fait son apparition discographique en 1984, lorsque paraissent ses chroniques martiennes (traduction de Marsbéli krónikák), dont le cœur est une suite en six mouvements (et trois pistes) inspirée d’un récit du romancier polonais Stanislaw Lem. Ce premier album est l’ouvrage-clef du répertoire du combo tant il est brillamment composé et tant il assoie le style caractéristique du combo : un rock progressif instrumental centré sur les synthétiseurs, qui évoque tantôt Vangelis, Klaus Schulze, Tangerine Dream et même Jean-Michel Jarre, tout en étant plus dynamique grâce à l’apport d’une guitare électrique musclée et de la flute.


Le premier mouvement des "Marsbéli krónikák" installe une mélodie imparable et devrait faire le tri entre ceux qui succomberont immédiatement à la beauté du propos et ceux qui resteront sur le côté ;  puis, les deux mouvements suivants affirment une esthétique plus proche du rock progressif à travers une ambiance camelienne épique (la guitare mélodique et la flûte joue pour beaucoup dans l’établissement de ce parallèle). Rassemblés en une seule piste de treize minutes, les trois derniers mouvements assemblent des nappes retro-wave et des lignes plus rock, où la guitare délivre des suites de notes sublimes et des riffs Heavy (et même un final acoustique). Mélodieux et captivant, ce travail d’orfèvre a rarement été égalé à l’échelle du rock progressif : c’est dire si Solaris fait figure de trésor caché.


Au-delà de cette épopée magistrale, le groupe disperse le quasi metallique "M’ars poetica" aux synthétiseurs virtuoses, la simplicité langoureuse d’"Ha felszáll a köd (If the Fog Ascends)" (qui évoque à nouveau Camel), la glorieuse chevauchée d’"Apokalipszis (Apocalypse)" proche d’une version synthétique de NWOBHM (tout comme le sont "Legyõzhetetlen (Undefeatable)" ou le solo de "Solaris").


C’est donc en Hongrie que s’ouvre une porte de sortie au rock progressif empêtré dans les années 1980 et un renouveau plus original que celui proposé par le mouvement néo-progressif en gestation, un sous-genre parfois brillant mais peu inventif. Solaris propose une musique instrumentale qui fait un usage intelligent des possibilités offertes par les synthétiseurs et des évolutions venues des musiques saturées alors en plein essor, le tout orchestré par une écriture progressive mélodique qui permet de tourner une nouvelle page dans l’histoire de la symphonie moderne – aussi appelée rock progressif.


À écouter : "Marsbéli krónikák part I-VI", "Apokalipszis (Apocalypse)", "Solaris"

Commentaires
george, le 17/06/2024 à 23:36
c'est genial ce groupe !!!!
FrancoisAR, le 14/06/2024 à 11:16
Si j'avais su que Solaris allait susciter un tel débat ! Je suis assez d'accord avec ta remarque, le contexte géographique et historique a joué dans leur reconnaissance (je ne connais pas les autres groupes mentionnés, mais ça donne envie de jeter une oreille). Après, je suis vraiment très amateur de Solaris, au point de m'être procuré l'intégrale à Budapest même (chez Rock Diszkont, pas plus grand qu'un cagibi, avec des cartons comme rangements, ça vaut le détour).
Djangonero, le 12/06/2024 à 10:08
Je crois qu'on tient là un sujet : l'appréciation d'un album par rapport aux contextes de son pays d'origine et de son année de sortie. Si je rentre dans mes lointains souvenirs, on peut trouver des cas similaires à ce Solaris. Le deuxième album des Mexicains d'Iconoclasta, par exemple : concept album ambitieux sorti au mitan des 80's, bonne maîtrise technique des musiciens mais claviers Casio ! Le premier album de Edge, un groupe anglais des 80's qui essayait de s'extraire du carcan néo-prog : une chanteuse, un flûte omniprésente, de longs morceaux dominés par les claviers mais une production désastreuse. Les bataves de Coda et leur album Sounds Of Passion ...Tous des albums qui, par leur ambition et, il faut bien le dire, le manque de vraie concurrence, ont acquis une certaine notoriété et que, moi-même, j'ai aimé et garde dans la collec'. Mais, sans la démarche de les remettre dans ces contextes, ils font bien pâle figure aujourd'hui. Et je ne sais pas si je les réécouterai un jour...ou alors pas en entier !
FrancoisAR, le 12/06/2024 à 07:55
J'entends les arguments, mais d'un point de vue mélodique, et dans son association synthés/grosses guitares/flûte, Solaris marque des points. Après, le groupe n'avait qu'une aura nationale dans les 80's et a dû attendre la décennie suivante pour vraiment avoir un rayonnement international. Pour "Los Angeles 2026", c'est un (très) titre vraiment brillant, mais l'album est un peu inconstant. Mais pourquoi pas une chronique !
DjangoNero, le 11/06/2024 à 18:38
C'est une réflexion que je me suis faite : l'album aurait-il cette notoriété s'il n'avait été Hongrois et s'il était sorti à l'âge d'or du mouvement ? Dans le premier cas, en réécoutant les ténors jazz prog de l'autre côté du mur (Bohemia, Fermata, Flamengo, Klan, Modry Efekt etc.), et leurs sonorités de claviers parfaitement maîtrisées, je me dis que c'est assez inexcusable. Pour le second cas (l'année de publication de l'album), ça joue beaucoup plus en faveur de Solaris, 1984 étant une bien triste année pour l'amateur de prog dit symphonique, ce dernier, pour peu qu'il fut allergique au néo-prog ou au RIO, a dû l'accueillir les oreilles grandes ouvertes. Quant à Los Angeles 2026, désolé, je n'ai jamais daigné l'écouter, sans doute à tort. Mais il n'est jamais trop tard. Peut-être qu'une chronique à venir me donnera l'envie d'accélérer le mouvement ?
FrancoisAR, le 11/06/2024 à 17:53
Merci @Daniel. D'ailleurs j'ai écrit compréhensible... il faut lire compréhensif.
DanielAR, le 11/06/2024 à 17:37
Je rejoins ici François. Je trouve déjà miraculeux que des groupes parviennent à s'exprimer dans un contexte aussi peu commode et avec - effectivement - un matériel parfois "limité" (pour rester poli). Certaines sonorités des albums du groupe Omega (avant qu'il ne quitte la Hongrie pour les USA) restent également des curiosités qui relèvent plus du folklore électronique que de la musique progressive. Mais ils sont aussi les témoignages d'un "moment". D'un tout petit bout d'histoire et de sociologie.
FrancoisAR, le 11/06/2024 à 07:59
Hello @DjangoNero, on se tutoyer, depuis le temps... Le jugement est un peu sévère, d'autant plus qu'il faut se montrer compréhensible avec un groupe hongrois forcément moins bien doté technologiquement. Et la recherche mélodique est vraiment poussée - "Los Angeles 2026" prolongera brillement l'effort en 1990?
DjangoNero, le 10/06/2024 à 17:30
Adapté par Soderberg aussi, hein, mais c'est normal que cette version soit oubliée ! Sinon, je vous trouve extrêmement indulgent quant aux sonorités hyper cheap des synthétiseurs. Froese, Vangelis et Schulze mourraient une seconde fois s'il vous lisait !
DanielAR, le 09/06/2024 à 19:15
Le nom du groupe n'est pas innocent puisqu'il s'inspire du génial roman "éponyme" de Stanislas Lem qui, pour les fans de dingueries absolues, a été adapté au cinéma par Tarkovski (sur une bande son électronique d'Artemiev). A lire et à regarder. Puis, évidemment, à écouter. Quand l'art est intelligent, ses différentes formes se complètent parfaitement.