
Himalayas
Bad Star
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Après un premier essai très réussi, Himalayas s’imposait comme le nouvel outsider d’une scène rock britannique déjà très balisée. Le groupe ne cachait d’ailleurs pas ses influences, la voix du chanteur Joe Williams rappelant celle d’Alex Turner et la disto poussée à fond épousant la voie de la sacro-sainte saturation remise à la mode par Royal Blood.
De ce premier album, on avait notamment apprécié la part de rage et de noirceur au centre des compositions du groupe transformée en autant de rythmiques percutantes et de riff catchy façonnées pour les ondes. Deux ans plus tard, le groupe est toujours habité par un sentiment fataliste de désespoir et s’emploie toujours à faire pulser les décibels en matraquant sans relâche nos canaux auditifs. L’introductif "Beneath the Barrel" amorce l’album de la meilleure des manières avec une tension latente et une explosion riffesque massive qui annonce bien la couleur de ce second opus, pensé comme un catalogue d’uppercuts.
La même recette est ainsi reconduite et le cahier des charges de la déflagration rock bien respecté, comme le prouvent les single envoyés en éclaireur : "Hang Up" et "What If…" sont d’une puissance et d’une instantanéité grisante tandis que "Cave Paintings" offre un refrain très accrocheur bardé de riffs tranchants à souhait. Malgré la salve de titres déjà dévoilés, le groupe avait gardé le coup de tonnerre "Surrender" bien au chaud avec sa stridence introductive qui fait monter l’électro-cardiogramme. Si le groupe pèche un peu par facilité en usant d’artifices trop voyants, il a le sens du spectacle et sait créer ce petit effet qui donne envie d’y revenir, à l’instar des petits arpèges mélodieux sur le pont de "Nothing Higher" ou la détresse dans la voix de Joe Williams qui habille l’atmosphère crépusculaire "Twisted Reflections".
Là où le bât blesse, c’est que les ficelles sont tout de même un peu grosses et que la moindre baisse d’inspiration se paye cher : difficile de se passionner pour la lourdeur d’"Afterlife" qui ne montre en réalité pas grand-chose qu’une bastonnade en forme de cul de sac (pas de riff, pas de mélodie, un refrain vite oublié). On peut facilement se lasser de ce matraquage tonitruant sur la durée et la formule employée donne de ce point de vue le sentiment d’une légère régression par rapport au premier album qui savait alléger le tempo pour laisser entrevoir d’autres possibilités. Les « temps calmes », déjà peu nombreux, sont moins mémorables que sur le premier album du fait de mélodies un peu téléphonées, çà l’instar d’"Heavy Weather" qui marque un peu le pas par sa longueur. D’autant plus que le dernier titre de ce second opus, "A Brand New God" déçoit pour qui s’attendait à une nouvelle montée en puissance jubilatoire à la manière de l’excellent "Time After Time" qui figurait assurément dans notre short-list des meilleurs morceaux de 2023. Dommage, la porte ouverte avec l’album précédent semble s’être refermée.
Himalayas confirme donc son statut avec un bon second album que l’on ne peut que conseiller aux amateurs de gros son énergique qui aiment en prendre plein les oreilles, tout le temps. Malgré tout, on ne peut s’empêcher d’éprouver une légère déception au regard de la qualité de la livraison précédente. Mais rassurez-vous, pas de quoi en faire une montagne.