↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Car Seat Headrest


The Scholars


(02/05/2025 - Matador - Indie, Lo-fi Pop - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- CCF (I'm Gonna Stay With You) / 2- Devereaux / 3- Lady Gay Approximately / 4- The Catastrophe (Good Luck With That, Man) / 5- Equals / 6- Gethsemane / 7- Reality / 8- Planet Desperation / 9- True/False Lover
Note de /5
Vous aussi, notez cet album ! (0 vote)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.5/5 pour cet album
"Licence de psychologie existentielle appliquée"
Mathilde, le 07/05/2025
( mots)

Quinze ans d'existence, dix en tant que groupe, douze albums dont le dernier sorti en 2020 (Making a Door Less Open) et puis plus de nouvelles à moins d'être abonné à leur passablement captivant Patreon. Mais que fait depuis cinq ans le frontman Will super édi-Toledo ? Le monde du rock est tellement inquiet (mais oui !) que sur la page de recherche Google il y a une question demandant si Car Seat Headrest "is still active" ? Via une publication sur Instagram, la tête pensante de CSH vient justifier cette longue absence et déclare être aussi actif que peut l'autoriser un covid long, qui le malmène encore aujourd'hui et qui bien sûr a repoussé tout projet. Il annonce aussi des bonnes nouvelles: un nouvel album et une tournée qui se limitera pour le moment aux Etats-Unis, en vue de ménager sa santé.


De vagues illustrations de noms de matières scolaires aiguisent l'appétit et bientôt la date de sortie s'annonce: les Seattle-based Car Seat Headrest reviennent avec un album pensé comme un opéra rock parlant d'une université fictive et de ses étudiants. Le groupe vient y mixer ses années d'adolescence (Teens Of Style et Teens Of Denial) et ses bizarreries (Twin Fantasy), et pousser le curseur de la longueur de morceau au-delà de leur précédent record (13'18 sur "Beach Life-In-Death"). L'amour romantique n'y fera pas thème, Will choisit ici les questions existentielles de la famille, sa transmission, ses conséquences. Le covid l'a fait tutoyer les questions de vie ou de mort de façon plus concrète, et puis ce satané virus a fait revenir nombre de grands enfants chez leurs parents pour un temps. Pour quel constat ?


CSH pousse l'épique (et les pioches) au maximum de ce qu'il a toujours voulu faire. On pose nos oreilles sur les appui-têtes d'un school bus pour aller découvrir la "Parnassus University". Comme le coq Chanteclair fait lever le soleil par son incantation, c'est Chantecleer qui sera le narrateur, et le seul vrai liant aussi de cet opéra rock qui n'en a pas la rigidité habituelle. Chaque titre porte un thème chanté par un "étudiant" et tant pis si c'est pas ultra raccord dans l'ensemble, le but étant de questionner les cycles de la vie et en espérer une évolution positive. Quoi de mieux d'attraper l'audience par des notes brèves de piano et surtout un gracieux tapis de percussions ? Toledo a toujours eu un lien d'affection avec les chants de type gospel, s'est bien interrogé sur l'héritage 60s de ses parents/ grands parents hippies (dans le parfait "Destroyed By Hippie Powers"), et prend cette tendance à contrepied en l'enflant de facto de guitares clairement Who-siennes comme enregistrées à l'envers: "CCF (I'm Gonna Stay With You)" est une pure démonstration de que ce que CSH sait faire de meilleur. En tant que premier titre il étincelle, soutenu par une instru (bongos, percus africaines, les copains Naked Giants y figurent-ils ?) délicate et élégante.


On en sort bien plus conquis qu'estourbi. De la clameur "Jouez hautbois (quatre mille ans!)" (en français dans le texte) à "Text us when you get there", c'est des millénaires de recommandations parentales qui défilent, en flirtant au passage avec des bons synthés des 80ies bien bals de Netflix. Après Chantecleer, c'est "Deveraux" qui déboule avec ses nikes montantes, toutes collantes des riffs de The Cars. Le poids du père, de son nom et du concept de "lignée" est ici abordé, dans une balade très néon de diner, échoique et efficace. Le personnage de Malory et son "Lady Gay Approximately" à sa suite est bien plus Dylan, folk dans les grosses largeurs, puis "The Catastrophe" renoue avec l'urgence d'un "Bodys" (Twin Fantasy) et déferle dans une course sans pause pour soulever l'urgence de la santé mentale des enfants "who don't know why they bleed/ Because they couldn't meet their parents' needs". "Equals" et "Reality" sont plus transitionnels dans l'album et constituent des respirations un peu plus cheesy comme le Wisconsin.


Et puis la deuxième partie de The Scholars assume ses morceaux longs, maitrisés et pas juste délayés pour atteindre un record temporel. Les CSH ne naviguent ni à vue, ni pour l'épate, et la structure est comme pensée mathématiquement pour que l'opération se déroule dans nos écoutilles sans qu'on la voie passer. "Gethsemane" est une longue comptine un brin anti-boomers où tous les personnages en viennent à clamer "I can do whatever the fuck I want when I want to/ You're only wearing my skin". Les riffs rageurs de Townshend rugissent en fond (à 5' on entend "Baba O Riley"), et "Planet Desperation" (18'52, record éclaté) débute tel Le Fantôme de l'Opera, chanté par Ethan le guitariste virtuose, pour être ensuite dézingué par un refrain à la Weezer, et finalement rattrapé par des effluves de "Drunk Drivers/ Killer Whales" ("Teens Of Denial") au piano. Jamais loin, les percussions tribales soufflent une spiritualité tutoyant parfois Johnny Clegg (ou Midnight Oil). Et que dire du petit insert de cor, clin d'oeil au trop méconnu et pourtant brillantissime The Who Sell Out...


Après avoir parlé du poids de l'héritage familial et du gâchis écologique, allons sans plus tarder chercher un horizon moins obstrué, loin de cette fac pour gentils intellos freak, tels des X-men de l'introspection menés par Will Magné-Toledo. "True/ False Lover" galope, héroïque, "into the light" / "Fields are planted, waiting for the summer time". CSH y démontre, un peu à la manière de Grease, que l'amour est un jeu et que c'est sans doute ça qui nous tient en vie. En une phrase, ouais. Ou en 3'30 pour le morceau qui se veut peut-être bref pour ne pas ajouter du drama. Allez, retour à SA maison, après toutes ces désillusions existentielles. The Scholars réussit à dépoussiérer les thèmes abordés dans Tommy et remet au centre des réflexions la quête d'identité. Les Car Seat Headrest livrent sans effort un brillant album ayant les codes de l'opéra rock qu'ils maitrisaient déjà dans le passé, ce qui démontre une rare ingéniosité. Une preuve de plus aussi que ce quatuor est un des meilleurs groupes de rock actuel, et de sa gé, génération.

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !