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Critique d'album

The Burning Fingers


Revenge


(07/11/2025 - - Blues Rock - Genre : Rock)
Produit par The Burning Fingers

Note de 5/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le blues est une rivière, qui se tord, qui serpente puis qui se jette enfin dans une mer de musique illimitée. "
Daniel, le 05/12/2025
( mots)

Préambule 

Vous connaissez forcément cette infâme petite voix qui s’insinue de temps à autre dans votre cerveau pour raconter des conneries. 

Un exemple ? Vous foncez en direction de votre salle de concert préférée quand l’agaçante petite voix se fait entendre de façon insistante : Tu n’as pas oublié de couper la gazinière avant de partir ?

La lutte est inégale. Vous avez beau vous persuader que tout est en ordre dans votre appart’ bordélique de rocker, il arrivera forcément un moment où vous ferez demi-tour pour aller vérifier. Et vous raterez le concert... That's life...

Récemment, c’est au réveil que j’ai été cueilli à froid par mon infâme petite voix : Tu as vraiment fait le con ! 

J’ai ignoré le message. Jusqu’au petit déjeuner... 

Mais, cette fois-ci, la petite voix avait raison.

J’ai vraiment fait le con en ne chroniquant pas Revenge de The Burning Fingers dès sa sortie physique. Tout ça, parce que, du haut de ma bêtise, j’avais trouvé l’album trop "imparfait" (1) lors des premières écoutes.

J’étais passé à côté de l’essentiel : si Revenge souffre des imperfections inhérentes au "fait maison", il n’en reste pas moins une formidable affaire de passionnés. Une affaire de gaillards généreux, coiffés de Stetson et probablement cinglés, qui mouillent leurs maillots vintage pour composer, répéter, enregistrer, tourner, transbahuter leur matos en camionnette, le hisser sur scène, se donner à fond devant un public parfois distrait, s’engueuler, se réconcilier et recharger encore le matos dans la camionnette. 

Tout ça pour pas un kopeck. Parfois pour une bière tiède et un pain-saucisse… Tiède aussi. 

Quand tout va bien (2)... 

Des gaillards maudits qui doivent "exsuder" leur passion. Comme des centaines d’autres, perdus dans leurs bleds partout autour de nous. Ce sont ces musicos-là qui sont les fondations du rock encore vivant d’aujourd’hui. Sans eux, sans ce brouhaha continu de décibels parfois nobles, parfois foireux, ce serait le désert.


Le silence.

Ou Facebook. 

Ou Spotify. 

Ou l’IA et son lot de « slop ».

Finalement, je me demande si je ne préfère pas encore le désert.

Burning Fingers

Justement, The Burning Fingers préfèrent aussi le désert. Le désert américain. Pas vraiment le vrai. Un désert de cinéma, totalement rêvé et mythique, balayé par les vents du blues originel. 

Un désert qui aurait inspiré, selon la légende, les meilleurs opus du hard rock sudiste. 

De Lynyrd Skynyrd à .38 Special. Du Marshall Tucker Band à Molly Hatchet. Puis de Joe Bonamassa à Rival Sons. Par exemple.

Cela fait déjà douze ans que le groupe de Vallon-Pont-d’Arc (3) se brûle les doigts au contact du southern-rock.

Après un EP (Live At Kazkabar – 2014) et un premier effort studio (Ride – 2018), le combo revient avec un nouveau bassiste (et pas un manchot) et un album tout neuf.

The Burning Fingers défend une approche artisanale de son art et opère en-dehors de toute structure établie. Tout est fait à la main, avec de la vraie sueur, des instruments en bois, des vrais micros collés contre les amplis, de la poussière de studio, des jurons, des décibels et des accords de blues.

Et ça, c’est bien.

Revenge

Tout au long de l’album, la section rythmique (Christophe Marc en redoutable tambour major et Alain Tesconi à la basse) trace une route rectiligne dans le paysage. C’est du costaud. Du métronomique. Du tellurique par moment. 

Au chant (et parfois aux claviers), Laurent Burcet cultive un accent plus britannique qu'américain, mais n'épargne pas ses cordes vocales passées à l’émeri puis soignées comme il se doit au Jack Daniel’s ou, plus délicatement, au Southern Comfort (pour les fruits). 

A la six-cordes, Sébastien Seb Cauquil (qui compose l’essentiel du répertoire) explore brillamment le très vaste registre du southern rock en alternant des rythmiques bétonnées et des soli vraiment inspirés (4).

En ouverture de Revenge, "Wake Up" impose la signature du groupe dans un registre classic rock qui fait penser à Lynyrd Skynyrd. Une compo puissante, chargée de sueur et de poussière, puis enrichie par des riffs successifs tous très inspirés et par un solo tout droit sorti de l’encyclopédie définitive du blues musclé et mélodieux.

Sans éviter aucun des poncifs inhérents au genre, le mid tempo "Sad Road" enrichi de passages joliment arpégés, permet à Seb Cauquil de délivrer un autre solo vraiment mémorable (5).

La plage titulaire, plus musclée, m’accroche moins, au même titre que quelques compositions plus génériques ou un peu trop formatées à mon goût.  

Par contre, "Locked Up" fait carrément le job, au même titre que "Let’s Rock!", jubilatoire à souhait (6) ou "Jackhammer", le jouissif instrumental conclusif.  

Outre "Wake Up" déjà cité, mes préférences vont à "Day By Day", une chouette ballade soutenue par des claviers servis à la mode Hammond & Leslie, avec un solo de guitare parfaitement atomique, et à l’excellent et narratif "I Go Home". Alternant douceur et pachydermie, ce titre, inspiré par l’univers cinématographique des adorables frères Cohen, est illuminé par un solo à la structure extrêmement improbable, soutenu par un drumming en béton (qui donne vraiment envie de casser des cailloux en rythme) et un jeu de basse "coulé" d’une magnifique subtilité. Chacun ses goûts et ses opinions mais c’est, à mes oreilles, le sommet mélodique de l’album. Je n’ose imaginer les développements que le groupe pourrait s’autoriser sur scène au départ d’une architecture pareille. On s’écarte ici de la Route 66 pour voyager par instant dans le mauve profond et c’est proprement excellent.

Voyage

Si je ne sais toujours pas, à cette heure, quel outrage à incité The Burning Fingers à exiger une revanche, je sais que l’écoute de l’album – brut de décoffrage – offre la garantie d’un voyage dans d’étonnants paysages américains (plus cinématographiques que réels). Ce n’est pas certainement un voyage VIP dans une limousine climatisée et équipée d’un bar à champagne. 

Plutôt un road trip solitaire et improbable sur la selle d’une Harley Davidson plus que vintage. 

Mais c’est ça qu’on aime, non ?


(1) Au même titre que l’album dans son ensemble, certaines plages sont trop longues et gagneraient en "percussion" et en efficacité si elles étaient réduites à l’essentiel (quitte à être ensuite allongées sur scène) ; les textes en anglais sont un peu borderline (ou extrêmement scolaires) et visitent trop de clichés convenus ; les chœurs grattent parfois les oreilles délicates et l’artwork manque d’académisme (l’idée est séduisante mais les proportions du personnage et les perspectives posent problème).

(2) Je le sais bien. Je pratique l’exercice depuis cinquante ans. Et je n'ai jamais osé dire que je n'aime pas les pains-saucisses.

(3) Le pays de la grotte Chauvet, les amis !

(4) Ecoutez-le ! On est ici vraiment très loin des descentes de gammes appliquées mais souvent gratuites, mille fois entendues ou purement scolaires.

(5) C’est le genre de sorcellerie que j’adore et qui me fait d’autant plus râler d’être passé à côté lors de mes premières écoutes.

(6) Sous réserve des lyrics – bis repetita – qui mériteraient une approche plus « inspirée » en termes littéraires.

Cette chronique AlbumRock, labellisée "IA Free", a été tapée, mot après mot, par deux vraies vieilles mains humaines sur un clavier en plastique fabriqué à vil prix en Chine.

Je remercie sincèrement les lecteurs et lectrices qui corrigent mes textes et, tout particulièrement, la femme qui partage ma vie et qui perd un temps fou à reconsidérer sa formation musicale classique pour m’expliquer quand (et pourquoi) une note (ou un temps) est à côté de la partition.


 

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