
Helloween
Giants & Monsters
Produit par


C’est un 29 août plutôt qu’un 31 octobre qu’Helloween a décidé d’offrir au monde son nouvel opus, le dix-septième, sur les épaules duquel repose la lourde charge de faire suite à la surprise de 2021, un album sobrement intitulé Helloween qui marquait le début d’une nouvelle ère pour le groupe, celle des Pumpinks United – soit le retour de Kai Hansen et Michael Kiske, les deux piliers de l’âge d’or du groupe, avec lequel ils avaient respectivement rompu en 1989 et 1993. Au-delà de ce seul événement, le résultat avait été plus que satisfaisant : Helloween était une très belle production dépassant largement les attentes (forcément limitée) qu’on pourrait avoir pour une formation de vétérans.
Hélas, Giants & Monsters commençait son existence par des déconvenues : d’abord un premier visuel sans inventivité qui avait vraisemblablement été réalisé à la va-vite par IA (la véritable pochette rattrape sublimement les choses), puis un premier single, "This Is Tokyo", absolument kitsch et composé sans talent alors que le groupe pouvait se montrer capable de briller dans ce registre (l’irrésistible "A Little Is a Little Too Much", aussi subtilement grivois que ses mélodies de piano sont bien senties). Une faute de goût qui s’exprime différemment sur "Into the Sun", une power-ballad dégoulinante et sirupeuse qui fait écho à Avantasia par ses passes d’arme entre les différents chanteurs et par ses orchestrations bombastiques.
Fort heureusement, Giants & Monsters s’avère être un album de Power Metal très convaincant, qui impressionne l’auditeur dès son entrée en matière, "Giants on the Run", un titre introductif épique au-dessus duquel gravite le spectre de Blind Guardian, et dont les nombreuses variations confinent parfois à la brutalité. Certes, la plupart des morceaux s’inscrivent dans une version assez classique du style d'Helloween, que chacun jugera plus ou moins bien inspirée : le grandiloquent "We Can Be Gods" au solo véloce, "Savior of the World" qui tente de renouer avec l’esprit des deux volets du Keeper of the Seven Keys, "Under the Moonlight" à la légèreté bienheureuse. Sur "Hand of the God", Helloween s’essaye tout de même à des choses un peu plus modernes, non sans belles idées même si le chant est parfois à la ramasse – les effets n’aidant pas à améliorer le résultat.
Le groupe propose aussi deux titres à rallonge, qui n’atteignent cependant jamais la splendeur de l’épopée "Skyfall" sur le précédent album. Pour autant, les arpèges et la virtuosité de "Universe (Gravity of the Heart)" permettent à Helloween de renouer avec sa grandiloquence passée de façon très appréciable, notamment lors du solo, et l’ultime "Majestic" est un bon moreau dans la mesure où "Love to Love" d’UFO était un excellent titre – puisqu’il reprend plusieurs plans de ce tube sans le citer. Cette assertion peut paraître excessive, tant la pièce s’éloigne par moment de ce matériau pour faire briller ses propres idées dans une direction Power Metal assumée.
Une fois encore, Helloween assoie sa volonté de renouer avec son esthétique classique en faisant de Giants & Monsters un album à destination des amoureux de la grande époque du groupe. On passera pour l’originalité, mais il dispose de plusieurs arguments pour maintenir l’intérêt et la flamme éveillés.
À écouter : "Giants on the Run", "A Little Is a Little Too Much", "Universe (Gravity of the Heart)"