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Critique d'album

Geese


Getting Killed


(26/09/2025 - - - Genre : Rock)
Produit par

1- Trinidad / 2- Cobra / 3- Husbands / 4- Getting Killed / 5- Islands of Men / 6- 100 Horses / 7- Half Real / 8- Au Pays du Cocaine / 9- Bow Down / 10- Taxes / 11- Long Island City Here I Come
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Avec Getting Killed, Geese délaisse la flamboyance pour une fragilité assumée."
Mathieu, le 23/11/2025
( mots)

À raison d’un album tous les deux ans, Geese pourrait presque passer pour un groupe discipliné. Pourtant, il semble impossible de tracer une ligne directrice claire dans leur parcours tant chaque disque semble effacer les traces du précédent. Après les débuts nerveux de Projector, album d’adolescence électrique, tendu entre post-punk fébrile et patte typiquement new-yorkaise, 3D Country prenait tout le monde à contre-pied en 2023 avec sa cavalcade country planante, emplie de guitares en roue libre et d’humour absurde. Autant dire que Getting Killed, leur troisième album donc, n’a rien à voir avec les précédents et semble plutôt faire écho au travail solo épuré de Cameron Winter dévoilé en fin d’année dernière. On retrouve ici une interprétation dépouillée de tout artifice et de toute flamboyance théâtrale, qui contraste nettement avec la saturation omniprésente et la grandiloquence du précédent opus. Winter mise désormais sur la retenue, laissant transparaître une fragilité nouvelle dans sa voix, un timbre moins théâtral, plus intime et hésitant.


Si vous n’étiez déjà pas à l’aise avec la voix de l’intéressé, autant dire que celle-ci risque ici de vite vous agacer. Son timbre excentrique nasal et traînant est cependant moins forcé que par le passé, il est plus chaud et moins gouailleur. Chantant comme entre deux souffles, son vibrato naturel fait régulièrement vaciller les compositions, leur prodiguant cette vulnérabilité contenue et ce côté attachant assez troublant. Sa diction fainéante, parfois légèrement décalée avec le temps, donne aux morceaux un flottement presque intime, comme si la voix elle-même hésitait à s’ancrer aux arrangements. Ce parti pris reflète finalement bien les thèmes abordés : l’inconfort existentiel d’une génération qui ne sait plus très bien où se placer, coincée entre l’envie de construire et la peur de s’enfermer. Les chansons évoquent la fuite, l'inconfort de la vie moderne et cette incapacité à trouver un ancrage sans avoir aussitôt envie de tout quitter (“I’m getting killed by a pretty good life” chante Winter sur l’éponyme).


Derrière cette surface polie, les premières écoutes peuvent déconcerter, mais la richesse du disque se révèle lentement. Un groove souterrain, enfoui sous cette mélancolie ambiante, remonte peu à peu à la surface jusqu’à devenir le véritable fil conducteur. Sur “Island of Men”, la rythmique traînante flirte avec le soft rock et maintient une tension feutrée, portée par cordes et cuivres foisonnants dans cet environnement propice à l’improvisation. À l’inverse, “Trinidad”, qui ouvre l’album, progresse par à-coups, entre éclats de cuivres et ruptures rythmiques, brouillant volontairement la frontière entre sérénité et chaos. Ce contraste parcourt finalement toute la tracklist : les morceaux plus calmes et contemplatifs (“Cobra”, “Husbands”) font face aux élans nerveux de “Getting Killed”, “100 Horses” ou “Bow Down”, aux rythmiques plus aventureuses, où Winter retrouve un semblant d’assurance derrière son micro.


Ce qui frappe surtout à l’écoute de Getting Killed, c’est la précision du son. Les guitares ont perdu de leur rugosité brute : elles claquent quand il s’agit de soutenir la rythmique, puis se fondent dans la réverbération sur les passages plus contemplatifs. Le mixage, très aéré, offre à chaque instrument un espace bien défini, sans jamais surcharger le spectre sonore. Le piano, discret mais essentiel, installe en fond une profondeur diffuse, notamment sur “Au Pays du Cocaine” ou “Half Real”, où le groupe flirte avec un psychédélisme apaisé. Sur “Island of Men” ou “Husbands”, il intervient par petites touches, comme une ponctuation harmonique, et apporte une dimension presque onirique au milieu des textures électriques. Le disque puise finalement sa force dans ce dosage subtil entre tension et quiétude, densité et clarté, offrant un ensemble moins démonstratif mais d’une cohérence sonore remarquable.


Malgré ses allures de pas de côté, Getting Killed est sans doute le disque le plus structuré et homogène que Geese ait livré jusqu’ici. Là où leurs précédents albums semblaient partir dans toutes les directions, celui-ci trouve enfin une unité, non pas dans un style figé, mais dans une forme d’équilibre intérieur. Chaque morceau paraît répondre à l’autre, comme si le groupe avait appris à canaliser sa boulimie d’idées sans la brider. Ce recentrage donne cette impression de justesse, celle d’un groupe qui commence à se connaître sans renoncer à sa curiosité. Une chose se confirme ici : Geese appartient à cette nouvelle génération qui préfère le mouvement à la stabilité, la métamorphose au confort. Quitte à se réinventer à chaque album, nos jeunes new-yorkais semblent convaincus qu’il vaut mieux se perdre un peu que de s’enliser dans la routine. Et n'est-ce pas, au fond, ce qui rend tout cela si excitant ?


 


A écouter : “Trinidad”, “Cobra”, “Island of Men”

Commentaires
Nonostich , le 12/10/2025 à 14:05
Geeze atteint l’âge de la maturité . Toujours cette énergie punk rock mais avec sur certains morceaux des trompettes et du synthé qui apportent plus de variété et de légèreté . Vraiment un excellent opus .