
Tangerine Dream
Force Majeure
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1- Force Majeure / 2- Cloudburst Flight / 3- Thru Metamorphic Rocks


Pour certains d’entre nous, ceux qui sont plus versés dans le rock progressif que dans les musiques électroniques naissantes, la trilogie offerte par Tangerine Dream dans la deuxième moitié des années 1970 constitue le sommet de la carrière du combo allemand. En effet, Stratosfear commençait cette mutation en empruntant des traits esthétiques au rock progressif symphonique, Cyclone y ajoutait du chant et de la flûte aux compositions, et enfin, Force Majeure, apporte davantage de guitares ainsi que du violoncelle (Eduard Meyer fait figure d’invité), au moment où le groupe redevient un trio à la suite du départ de Steve Jolliffe.
Trois longues pistes composent l’opus, dont "Force Majeure", titre ô combien majeur au sein du répertoire du groupe, accueillant l’auditeur dans une ambiance mandarine quoique très variée et parfois cotonneuse, avant que ne s’avance une guitare aux lignes aériennes, très progressives et mélodieuses, s’exprimant dans une communion parfaite avec les synthétiseurs. Il s’agit sans doute d’une des compositions les plus variées et minutieuses du combo, certes moins planante qu’à l’habitude, mais confortant l’évolution vers le rock progressif qui est derechef particulièrement bien mise en avant sur "Cloudburst Fligth". Ce dernier titre est richement paré de guitare acoustique et de claviers cameliens, tout en disposant de certains passages qui envisagent déjà les futurs développements du rock progressif dans les années 1980 à la manière de Rush (dynamique déjà sensible sur Stratosfear).
La première partie de "Thru Metamorphic Rocks" est également faite de ce bois-là : on y entend d’abord du Saint-Saëns, mais ce sillon classique est ensuite quitté par les musiciens, petit-à-petit, à mesure qu’ils apportent une dimension rythmique au morceau, dans une progression toute cinématographique gorgée d’interventions très rock à la guitare. Puis, le titre bascule dans des méandres électroniques, lancinants et robotiques, et sans réelle variations si ce n’est de subtils détails parsemés ci et là – ce développement préfigure la décennie à venir pour ce style musical.
Car comme sa date l’indique, Force Majeure est la dernière pièce issue des années 1970 dans la discographie du groupe. S’ouvrent ensuite les années 1980, marquées par une évolution de la lutherie au profit des synthétiseurs numériques qui prennent le pas sur les claviers et instruments analogiques, et modifient le son comme l’écriture de l’ensemble de la scène. En ce qui concerne Tangerine Dream, cette nouvelle ère est concomitante avec l’arrivée de Johannes Schmoellin, qui influencera le groupe jusqu’à son départ en 1986.
À écouter : "Force Majeure", "Cloudburst Fligth"