↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

In Mourning


The Bleeding Veil


(26/11/2021 - - Melodic Death Metal - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Sovereign / 2- At The Behest of Night / 3- Solitude and Silence / 4- Thornwalker / 5- Blood in The Furrows / 6- Lights On The Mire / 7- Beyond Thunder
Note de 3/5
Vous aussi, notez cet album ! (2 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.0/5 pour cet album
"L'héritage de Opeth transcendé par une intensité singulière"
Julien, le 25/08/2025
( mots)

"I close my eyes to darken the black". Dissimulée au cœur du refrain du morceau d'ouverture "Sovereign" cette phrase d'une sensibilité poétique marquée exprime avec justesse l'essence de ce sixième album de In Mourning. Dessiner une fresque sombre pour en explorer toutes les nuances — du vide au deuil, en passant par la mélancolie et jusqu’à la violence aveugle : telle est l’introspection à laquelle se livre la formation suédoise avec The Bleeding Veil.


Pour les fidèles du quintette scandinave, cette nouvelle offrande s’accompagnait d’une appréhension légitime. Deux ans plus tôt, In Mourning refermait une odyssée maritime aux contours épiques : un triptyque discographique entamé avec The Weight Of Oceans (2012), poursuivi dans les lueurs crépusculaires de Afterglow (2016), avant de s’achever sur les tempêtes intérieures de Garden Of Storms (2019). Cette fresque océanique, baignée d’un death-mélodique aux textures denses et atmosphériques, avait hissé les Suédois parmi les figures marquantes du genre, portée par des titres devenus emblématiques comme "Colossus" ou "The Vow to Conquer Ocean", et scellée par un Garden of Storms irréprochable de bout en bout.
In Mourning allait-il réussir à s'imposer au-delà des inspirations maritimes, si riches en nuances émotionnelles et aisément malléables de par leur essence métaphorique ?


Le débarquement s'opère au son de l'opener "Sovereign". Le vaisseau scandinave touche terre sous un ciel en furie. Guidé par les vents de la batterie et porté par les vagues d’un riff titanesque, le navire ne s’écrase pas sur le rivage : il s’y installe avec autorité. Une entrée fracassante qui invite à découvrir les profondeurs d’un monument de puissance.
Au fil de cette introduction, la construction et la substance mélodique des guitares portent en elles une résonance indéniable avec une autre formation suédoise : Opeth. Le rapprochement entre In Mourning et le groupe de Mikael Åkerfeldt sonne alors comme une évidence.
Un constat limpide, souvent perçu, à tort ou à raison, comme un reproche à peine voilé : celui d’avoir repris un flambeau sans l’assentiment de son créateur. Pourtant, n’est-ce pas ce même Åkerfeldt qui, après Watershed (2008), a sciemment tourné le dos au death-mélodique à tendance progressive ? Une réorientation artistique qui a détourné une part de ses fidèles vers d’autres horizons. Dès lors, quel mal y aurait-il à ce que ces derniers trouvent refuge ailleurs ? Si l’orgueil de Åkerfeldt est aussi inconscient que compréhensible, le rayonnement de son groupe sur la scène metal pourrait tout autant faire de lui un pionnier bienveillant, apte à encourager les héritiers plutôt qu’à les ignorer. Son absence de considération envers la scène actuelle n’en est que plus regrettable.


L’ombre de Opeth qui plane au-dessus de In Mourning ne les empêche en rien de briller, comme en témoigne "Beyond Thunder". Un morceau, une fois encore, très proche de leurs illustres pairs, mais dont le riff introductif, porté par un souffle épique, offre un moment mélodique d’une intensité remarquable. Un titre qui illustre avec justesse l’empreinte musicale du groupe : naviguer avec fluidité entre tensions et accalmies, la solidité vocale de Tobias Netzell et la charge émotionnelle constante qui habite l'ensemble.
L’aisance du groupe dans la gestion des dynamiques contrastées éclate sur "Solitude And Silence". Le morceau joue sans relâche sur les tensions et les relâchements, alternant montées dramatiques et descentes contemplatives. L’introduction, belliqueuse et tendue, s’efface soudain pour laisser place à un couplet délicat, chargé d’une mélancolie fragile portée par la voix claire de Tobias Netzell. Puis vient la déferlante : un growl déchirant, des riffs puissants, et une densité sonore saisissante. Le tout s’évapore ensuite dans un solo en shred, au souffle épique, qui vient refermer cette séquence avec éclat.
Ce jeu de nuances à l’intérieur des morceaux, In Mourning sait aussi le décliner à plus petite échelle, pour mieux mettre en lumière certaines facettes de ses aspirations. Parfois extrêmes, comme sur l’épais et tempétueux "Thronwalker", traversé par un magnifique pont quasi a cappella qui en adoucit la fureur. Parfois profondément introspectives, à l’image de "At the Behest of Night", morceau tourné vers une mélancolie céleste. Une nuit étoilée s’y dessine, troublée par des nuages de souffrance que l’on perçoit dans un solo habité, ou dans ces growls éraillés qui en traversent le ciel sonore.
Reste "Blood of Furrows", morceau extrêmement ambitieux dont la première partie, digne d’une ballade heavy, aurait mérité d’être conservée dans son intégralité. Cette approche aurait apporté une véritable rupture innovante, rompant avec la sensation d’homogénéité qui se dégage de ce sixième opus des Suédois.


En refermant ce chapitre sombre et intense qu’est The Bleeding Veil, In Mourning confirme sa capacité à explorer les profondeurs de la noirceur avec une sensibilité rare, déclinant les nuances du vide, du deuil, de la mélancolie et de la violence aveugle. Mais au-delà de cette atmosphère dense et pesante, c’est la richesse mélodique qui frappe, portée par des guitares inspirées et des compositions habiles à jongler entre puissance et délicatesse. La voix de Tobias Netzell, tour à tour claire et lumineuse, puis rugueuse et déchirante en growl, ancre ces émotions avec une intensité captivante, révélant toute la palette expressive du groupe.
Si ce sixième opus s’inscrit dans la continuité d’une œuvre déjà riche, il annonce surtout une maturité artistique affirmée, posant les bases solides d’une identité qui dépasse les ombres tutélaires. Une identité que l’on retrouvera, sans doute amplifiée, dans le prochain album attendu le 29 Aout prochain.


 


A écouter : "Sovereign" ; "Beyond Thunder" ; "Solitude And Silence" ; "At the Behest of Night"

Commentaires
Soyez le premier à réagir à cette publication !