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Critique d'album

AVKRVST


Waving at the Sky


(13/06/2025 - - - Genre : Rock)
Produit par

1- Preceding / 2- The Trauma / 3- Families Are Forever / 4- Conflating Memories / 5- The Malevolent / 6- Ghosts of Yesteryear / 7- Waving at the Sky
Note de 2.5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Un magnifique ciel de traîne"
Quentin, le 11/07/2025
( mots)

En 2023, le dernier-né de la scène metal-prog norvégienne, bien repéré par le label InsideOut Music, sortait un très bon premier album baptisé The Approbation. Très fortement inspiré par Opeth et Porcupine Tree, ce premier opus, malgré ses nombreuses qualités, souffrait toutefois globalement d’une trop grande proximité avec la musique de ses illustres modèles suédois et britanniques. Malgré ces débuts prometteurs, on attendait donc du groupe qu’il lâche un peu plus la bride et affirme sa propre personnalité.


C'est chose faite avec ce retour aux affaires qui est une véritable réussite. Si les influences précitées restent palpables sur ce second album à l’esthétique toujours aussi référencée 70’s (flûte, place prépondérante des claviers), le résultat est toutefois bien plus plaisant avec des morceaux nettement plus marquants et des transitions globalement moins abruptes et mieux amenées. Sans se départir d'une certaine continuité, il résulte ainsi de ces nouvelles compositions un net sentiment de progression et une narration particulièrement prenante.


Ce second album concept est en effet pensé comme un préquelle permettant d'explorer le passé du protagoniste du premier album, une âme tourmentée qui vivait dans une cabane reculée au fond des bois. Prenant comme toile de fond un fait de maltraitance infantile particulièrement glauque qui a défrayé la chronique en Norvège il y a plusieurs années, la question des violences et du trauma durable qu’elles engendrent constitue indéniablement le leitmotiv qui ébranle les compositions de ce nouvel album. Ces secousses traumatiques sont retranscrites dans l’écriture même de morceaux au caractère instable mêlant habilement riffing abrupt, motifs rythmiques complexes (mention particulière pour le travail du batteur Martin Utby), élans plus contemplatifs avec de vraies bouffées d’oxygène et passages mélancoliques vibrants. L’atmosphère musicale de ce second album s'apparente ainsi à un ciel de traîne, soit l'état du ciel observé après une forte perturbation, où peuvent se succéder averses, orages violents, éclaircies et passages nuageux laissant filtrer la lumière. La structure du poignant "Families are Forever", un des coups d'éclats de l'album, est ainsi parfaitement révélatrice de ces aller-retours prenants, toujours très fluides où peine, tristesse et colère s’entremêlent : un growl lugubre nous hante sur les pre-chorus, contrastant avec l’atmosphère plus douce qui se dégage des arpèges cristallins du couplet tandis que le pont tout en saccades rythmiques amorce la conclusion solaire portée par un très beau solo gilmourien.


Si le groupe ne joue jamais dans le registre de la virtuosité, le travail instrumental de haute volée tend vers la création d'atmosphères ténébreuses enveloppantes qui laissent toujours poindre l'illusion d'une possible échappée lumineuse. Avec une majorité de morceaux oscillant entre 5 et 7 minutes, le groupe ne se disperse jamais et propose un ensemble de titres très denses à la tonalité particulièrement suffocante. La rugosité du titre instrumental d’ouverture se voit ainsi secondée par des claviers aux textures angoissantes qui rappellent le caractère sordide du thème de l’album avec quelques brèves éclaircies apportées par une guitare aérienne. Les quelques mots prononcés sur l’outro et tirés du procès de ce fait-divers amorcent le récit malsain du titre suivant, "The Trauma", qui s’offre un long déboulé de plans métalliques avant d’embrayer sur un beau thème mélodique doublé d’un refrain accrocheur. La violence brutale, la noirceur des paroles ("Dieu, s’il te plaît, laisse-moi sortir de cette vie répugnante") et le contraste dramatique créé par l'alternance de growl et de chant clair rappelle une nouvelle fois la proximité avec Opeth période Still Life. L'influence d'un autre parent de l'école suédoise se fait également sentir sur les premières mesures de "Conflating Memories", arpèges hypnotisants, claviers vintage et flûte légèrement dissonante ravivant le souvenir d'Anekdoten. Les Norvégiens surpassent néanmoins les Suédois en matière d'intensité émotionnelle avec leurs refrains détonants et leur break héroïque aux claviers suivi d'un nouveau solo très expressif.


Si Avkrvst s'inscrivait déjà au cœur de cette filiation nordique au travers de son premier opus, le façonnage tout en contraste des compositions atteint ici une plus grande maturité, à l'instar de "Ghosts of Yesteryear" qui asphyxie l’auditeur avec la lourdeur éreintante de sa ligne de basse et son martèlement rythmique. Le groupe nous libère temporairement de l'apnée avec une parenthèse de pure délicatesse apaisante et bucolique, cette brève respiration rendant d'autant plus frappante le retour fracassant des déflagrations électriques. Et si le format en forme d’uppercut de "The Malevolent" surprend et détone un peu au sein de l'album, le chant tout en tension de Ross Jennings s'avère toujours aussi redoutable pour décocher des refrains qui font tomber les mâchoires.


En conclusion, la pièce progressive éponyme constitue un condensé de tout le savoir-faire déjà accumulé par le groupe malgré son jeune âge : puissance et simplicité mélodique, changements de rythmes fréquents, arrangements recherchés avec effets sonores déstabilisants, développements instrumentaux riches et épiques parsemés de nombreux moments de bravoure (ce growl qui libère un clavier dément à 7'27 ou encore la reprise du thème de « Preceding » par une guitare céleste en outro). Ce dernier titre constitue l'écrin parfait pour mettre en valeur le désespoir exprimé par Simon Bergseth ("Ma vie est déchirée ; Pour toujours, je me tiens seul ; Jusqu’à ce que la mort me prenne par cœur") en écho au visage glaçant représenté sur la pochette.


Les Norvégiens confirment donc tous les espoirs entrevus précédemment avec un second album plus abouti qui explore avec brio les sombres dessous d'une tragédie familiale. Un disque qui reste très accessible et un accent mis sur l'émotion qui saura certainement convaincre tous ceux que l'hermétisme du dernier Opeth aura laissé de marbre.

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