
Feu! Chatterton
Labyrinthe
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1- Allons Voir / 2- Le Labyrinthe / 3- Ce qu'on devient / 4- À cause ou grâce / 5- Baisse les armes / 6- Cosmos song / 7- Mon frère / 8- Mille Vagues / 9- L'étranger / 10- L'Alcazar / 11- Le carrousel / 12- Monolithe / 13- Sous la pyramide


Il était attendu ce nouvel album de Feu ! Chatterton ! Déjà parce que dès Ici le jour (a tout enseveli), le groupe est apparu comme une figure majeure du rock français, en mêlant habilement influences anglo-saxonne et héritage de la chanson à texte francophone. Ensuite parce qu’avec leur précédent album Palais d’argile, les parisiens nous avaient tout particulièrement touché avec de nombreux textes qui faisaient écho à nos préoccupations suite à la crise du COVID. Enfin parce qu’il s’est écoulé 4 années depuis ce dernier, ce qui représente la plus longue attente entre deux disques du groupe.
Alors on s’est jeté sur le premier single, "Allons voir", dès sa parution en juin. Et forcément, on a été déçu, les attentes étaient trop grandes, le morceau paraissait trop simple, trop peu innovant. On a désormais toute la galette entre les mains et il s’agit du titre d’ouverture. On se rend alors compte que c’est un tube, que simplicité égal efficacité, qu’il suffisait de le faire un peu tourner en boucle sur la durée d’un album pour l’adorer et le chanter à tue tête. Mais malgré ce sursaut, la déception est là dès les morceaux suivants. Le titre éponyme tente de coller aux modes du moment avec des sonorités electro-samba. Cette envie d’être au goût du jour n’est pas forcément une première, sur L’Oiseleur, Teboul s’était essayé à la trap ("L’ivresse"). On ne sait pas si ces titres réussissent à leur ramener un public plus jeune, mais les amateurs de rock n’y trouveront pas probablement pas leur compte. Mais à choisir, on préfère encore cette tentative de mélanger leur univers aux tendances actuelles à l’horreur qui nous attend après : "Ce qu’on devient" semble vouloir retrouver les sonorités de "Voyage voyage" de Desireless ou encore "Ouragan" de Stéphanie de Monaco. Le pire c’est que le morceau est interminable, il nous fait même une fausse joie en donnant l’illusion de s’arrêter à 4 minutes… Pour revenir avec un séquence rap, un troisième refrain et 2 minutes supplémentaires ! Suit une ballade, plus traditionnellement chanson à texte, malheureusement affreusement cliché sur la nostalgie de l’enfance. On ne parvient pas à être touché non plus par "Mille vagues" malgré son sujet tragique, le décès soudain d’un proche. C’est d’ailleurs là une des plus grosses désillusions de cet album. Car une des forces de Feu ! Chatterton, ce sont les textes poétiques d’Arthur Teboul. On le trouve ici moins inspiré qu’à son habitude, entre sens un peu trop obscur et formules cliché ou peu recherchées. Prenez par exemple cette phrase issue de "Mon frère" : "Je t’ai tant cherché / où étais tu ? / je ne t’ai pas trouvé / où étais tu ?". On ne va pas multiplier les exemples, mais on trouve pas mal des tournures aussi peu inspirées sur l’ensemble du disque.
Passé un début laborieux, on retrouve enfin le Feu ! Chatterton qu’on aime, capable de marier électro moderne, rock et chant incarné. Las, sur une composition particulièrement intense qui fait enfin décoller l’album ("Cosmos song"), un gros fade out sur le chant refroidit aussitôt notre enthousiasme ! Comment peuvent-ils donc choisir de rendre interminable la chanson la moins inspirée et à côté de ça couper court lors des sommets d’intensité ? Car on aurait bien vu durer un peu plus "Monolithe" également, le morceau le plus rock, avec une ambiance pesante et un souffle épique, où Raphaël de Pressigny est particulièrement à l’honneur à la batterie et à la clarinette. On finit en beauté avec "Sous la pyramide", titre majoritairement instrumental avec des sonorités de synthétiseurs chaleureuses qui rappellent Pink Floyd.
Cet album tant attendu s’avère au final être le moins réussi de la discographie de Feu ! Chatterton. Pourtant, malgré ses faiblesses, difficile de dire que Labyrinthe est mauvais, tellement on a plaisir à écouter les deux tiers de son contenu. Et si le choix avait été fait de se contenter d’une durée de vinyle simple en écartant les titres les plus faibles, on serait dans les standards habituels d’un groupe dont on vous recommande chaudement la discographie complète si vous ne la connaissez pas déjà !