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Critique d'album

Iceage


Seek Shelter


(07/05/2021 - Mexican Summer - Punk danois - Genre : Ska / Punk)
Produit par Iceage, Sonic Boom, Nis Bysted

1- Shelter Song / 2- High & Hurt / 3- Love Kills Slowly / 4- Vendetta / 5- Drink Rain / 6- Gold City / 7- Dear Saint Cecilia / 8- The Wider Powder Blue / 9- The Holding Hand
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Ressortez les doudounes ! Vague de grand froid sur le rock !"
Diego, le 14/06/2021
( mots)

Quelques accords saturés nous font lever un sourcil : a-t-on par inadvertance placé la galette de Definitely Maybe sur le phonographe ? Le riff qui suit ne permet pas vraiment au muscle corrugateur de se reposer, c’est réellement le chant qui sera finalement discriminant. La voix d’Elias Bender Rønnenfelt n’a pas grand chose à voir avec celle du cadet Gallagher, et on peut finalement se plonger sereinement dans ce nouvel opus des danois d’Iceage.

Apprécions tout d’abord l’occasion que les scandinaves nous offrent : celle d’utiliser des “ø” dans une chronique. Plus sérieusement, c’est à grands coups de singles plus convaincants les uns que les autres que Seek Shelter, cinquième production du groupe, a été teasé. Contrairement à ce que le titre pourrait suggérer, l’album a été en grande partie composé avant le confinement mondial du printemps 2020. Pour autant, la pandémie aura tout de même inspiré les nordiques, avec le titre entraînant et direct “Lockdown Blues”, instantané musical de cette période hors du temps (voir sous la chronique).

Premier single issu de Seek Shelter, le morceau “Vendetta” annonce un changement de style pour des musiciens qui ont fait de la transformation une vraie identité. Bien loin du noise-punk des débuts ou du le nihilisme du second opus (intitulé You’re Nothing), le titre tire clairement ses inspirations du côté du Madchester des Stones Roses. Rythmique mécanique, riff imparable (en particulier le jeu sur les harmonies), et chant habité, “Vendetta” fait mouche d’entrée, en combinant l’agressivité caractéristique du groupe avec ces nouvelles dispositions.

Les Danois enchaînent avec la sortie du single “Shelter Song”, qui ouvre l’album et cause les confusions évoquées en début de chronique. Sur la thématique de la résilience de la nature, Rønnenfelt, par ailleurs poète confirmé, met en valeur avec gouaille la capacité de la terre à continuer de tourner malgré les coups durs (“so then you keep turning, keep turning around, keep turning till it all spin off somehow”/"et tu continues de tourner, de tourner, de tourner jusqu'à ce, d'une manière ou d'une autre, tout dérive"). La progression d’accord très britpop confirme le changement de style annoncé plus tôt. L’ajout des chœurs sur les refrains enfoncent le clou dans le cercueil du punk-rock prôné par le groupe par le passé. Il leur confère même une filiation avec les Stones période Let It Bleed. Cette évolution se fait en revanche sans jamais renier le côté brut et edgy du chant et de la production, qui restent suffisamment authentiques pour ne pas perdre l’auditoire et la fanbase du groupe. Avec “Gold City”, dernier single du groupe, c’est même le fantôme de Springsteen qui débarque tout harmonica dehors. Belle réussite de rock alternatif et illustration de la qualité de l’écriture du frontman du groupe, le titre nous mène sur un terrain taciturne aux ambiances americana inattendues.

En complément de ces évolutions sonores, Iceage ne lésine pas sur les expérimentations, notamment avec le baroque et tellement britannique “Drink Rain”, ou encore “Love Kills Slowly”, qui lie la thématique de la rupture douloureuse au style volontairement laborieux. Ces titres ne sont pas les plus réussis de l’album, mais ils dénotent une certaine maîtrise du quintet dans les différents genres explorés.

Au rang des franches réussites, on compte le banger “Dear Saint Cecilia”. “Rock N Roll Star” n’est pas loin, et les gars d’Iceage se lâchent complètement sur un refrain réjouissant et envolé. Même punition sur “High & Hurt”, qui démarre par une ligne de basse digne d’une vignette de film d’espionnage des années 60 pour s’élever en hymne à festival. On imagine parfaitement Knebworth en feu sur les ponts parsemés de bongos et de chœurs, en particulier après le deuxième couplet, où les fûts entrent en fusion avec la mélodie et emportent tout sur leur passage. Reni et Mani (duo rythmique infernal des Stone Roses) seraient fiers ! La porte ouverte par des morceaux comme “Pain Killer” (en duo avec Sky Ferreira) sur le précédent effort Beyondless est désormais totalement enfoncée par un grand coup de savate !

L’album se termine sur un quasi retro-pédalage stylistique, tant “The Holding Hand” revendique l’héritage de Plowing into the Field of Love (troisième opus du groupe), parfait exemple de l’émigration intercontinentale des mauvaises graines accompagnant Nick Cave depuis plusieurs décennies. De l’Australie à l’Europe du Nord il y a certes du chemin, et cela permet à Iceage de colorer ces influences avec brio. Le noirceur de ce titre (“we row(...) through these murky water bodies, little known, litlle shown, just a distant call”/"nous ramons au travers de ces eaux ténébreuses, inconnues, invisibles, juste un écho distant") conclut l’album sur la probable absence d’abri (de shelter donc) et de happy ending. L’outro musicale est d’ailleurs particulièrement apocalyptique.

A l’image de l’excellent “The Wider Powder Blue”, les compositions des 5 jeunes scandinaves se sont relativement assagies et franchement affinées sur ce Seek Shelter inspiré et rafraîchissant. Ce n’est pas rien dire lorsque l’on s’appelle Iceage… Blague à part, cet album vient, en l’espace de 40 minutes efficaces, garnir une discographie tout autant variée que qualitative, ce qui n’est tout bonnement remarquable. Une des (très) belles réussites de cette année.


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