Graveyard
Peace
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1- It Ain't Over Yet / 2- Cold Love / 3- See The Day / 4- Please Don't / 5- The Fox / 6- Walk On / 7- Del Manic / 8- Bird Of Paradise / 9- A Sign Of Peace / 10- Low (I Wouldn't Mind)
En 2015, Innocence & Decadence, quatrième album de Graveyard, avait été reçu de façon mitigée. Alors qu’avec le recul, il puisse être considéré comme l’album le plus diversifié du combo, le public et la critique avaient ressenti une forme de frustration, de redite, un manque d’inspiration, un groupe en pilote automatique. Bref, Graveyard, formation suédoise qui suscitait de nombreux espoirs pour la scène revival, semblait être au bout d’un cycle. Cela se confirma en 2016, avec la séparation du groupe … avant que la machine ne se relance quelques mois plus tard, avec un nouveau batteur, Oskar Bergenheim. Comme pour certaines tournées d’adieu qui se rallongent ad vitam aeternam, les membres du groupe avaient annoncé un peu trop vite la mort (pour ne pas dire l’enterrement au risque du jeu de mots poussif) de Graveyard.
Un an plus tard, Peace naît de cette nouvelle incarnation du groupe, à savoir si celle-ci a décidé de donner à Graveyard une mue esthétique ... ou non.
En guise de mise en bouche, "It Ain’t Over Yet" semble indiquer une direction un peu plus robuste et Heavy qui revient sur le très bon mid-tempo "Please Don’t", utilisé pour promouvoir l’album … Il y a quelque chose de Motörhead-ien sur ce nouvel opus, du moins sur ces titres, et une rage presque punk (mais plus intelligente) sur "A Sign of Peace", qui réveille le monstre en fin d’opus.
Pour le reste par contre, on demeure dans des eaux connues pour qui a déjà navigué aux côté de Graveyard. Des ambiances bluesy de "Bird of Paradise" (entre Hendrix et Gallagher) ou "Cold Love" (et ses quelques longueurs), à l’approche presque grunge de "The Fox", sans oublier les pièces plus tamisées et envoutantes que sont "See the Day" ou "Del Manic" au chant incarné, on appréciera autant de retrouver la touche du groupe qu’on regrettera le peu de prises de risque, contrairement à ce que pouvait laisser espérer l’entame. Ainsi, "Walk On" aurait gagné à être écourté (malgré un bon solo), alors que la longueur de "Low (I Wouldn’t Mind)" (six minutes) est beaucoup mieux gérée tant le titre est entêtant et assez malin dans ses variations – un choix pertinent pour clore l’album voire un concert tant il est taillé pour la scène. Dans tous les cas, titre après titre, Graveyard veut nous rassurer et nous rappelle qu’il est en vie, au point de nous proposer un objet finalement moins entreprenant qu’Innocence & Decadence.
Graveyard est donc ressuscité, mais face à l’opulence de la scène retro suédoise, le combo peine à se renouveler ou plutôt, à rester sur le devant de la scène nationale, même s’il peut continuer à capitaliser sur son répertoire et son succès. Ironie du sort, c’est depuis la sortie de Peace que Graveyard a finalement connu sa plus longue période de silence discographique, qui pourrait néanmoins prendre bientôt fin, si les signaux envoyés ne sont pas contradictoires.
À écouter : "Please Don’t", "Bird of Paradise", "Low (I Wouldn’t Mind)"