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Arctic Monkeys
Favourite Worst Nightmare
Produit par James Ford, Mike Crossey
1- Brianstorm / 2- Teddy Picker / 3- D Is for Dangerous / 4- Balaclava / 5- Fluorescent Adolescent / 6- Only Ones Who Know / 7- Do Me a Favour / 8- This House Is a Circus / 9- If You Were There, Beware / 10- The Bad Thing / 11- Old Yellow Bricks / 12- 505

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Une première chanson qui résonne comme une déflagration. Un coup de semonce d'excellent augure. "Brianstorm" est un de ces tubes définitifs, de ceux dont on a l'impression après deux écoutes et demi, qu'ils ont toujours existé. Ces morceaux imparables, dont les riffs sont taillés sur mesure pour se loger une bonne fois pour toutes dans l'hémisphère gauche, quelquepart entre Know Your Ennemy de RATM et Satisfaction des Pierres Roulantes.
La recherche du riff qui tue, c'est justement ce qui avait pu plaire en premier lieu sur le précédent opus des Arctic Monkeys. Certes, il y avait plus que ça. Il y avait aussi le chant sur le fil du rasoir, les constructions parfois improbables, et les tableaux quasi-naturalistes de la jeunesse mancunienne. Mais on en revenait toujours à l'essentiel : des perles rock inoubliables, sèches et musclées comme un Iggy au régime, et plus efficaces qu'un discours de Sarkozy.
"Brianstorm", en ce sens, ne déçoit pas. Sauf que l'album ne s'arrête pas là. Et dès la deuxième piste, on est obligé de se rendre à l'évidence : les Arctic Monkeys ont voulu alors voir ailleurs si ils y étaient. Avec plus ou moins de bonheur. On nous avait promis un album plus lourd, plus fort, plus dangereux. On se retrouve avec un truc arty et hype, du sous-Klaxons au mieux amusant, au pire gonflant et ronflant. Si on était méchant, on dirait qu'on pense même fugitivement au rock vulgos des Red Hot ("The Bad Thing").
Dans le genre, l'exercice est parfois réussi ("Teddy Picker"). Parfois moins. Mais le mal est fait : ce qui était sec et nerveux est désormais bouffi par ces véléités émancipatrices mal digérées. Mais ce ne serait pas si grave si le tout n'était pas lié par quelques balades britpop molles du genou.
Difficile de leur en vouloir. Trop jeunes pour vouloir se contenter de dévider la même pelote rock à l'envie (laissons ça aux vieux héros gateux et radoteurs), les Anglais ont bien légitimement envie de s'amuser et de montrer qu'ils savent faire autre chose. Sauf que cet "autre chose", c'est un peu de la soupe. Une sorte de magma d'influences peu intéressant, même pas réjouissant. Parions (pas plus de quelques shillings néanmoins) que dans l'avenir, ils sauront se reconcentrer sur une ligne plus pertinente, en comprenant que vouloir avancer ne doit pas être un prétexte pour partir dans tous les sens, sans pour autant en donner, de sens (vous suivez?).
En attendant, le fan obtu de gros rock qui tâche sera déçu. Pour s'injecter sa dose de guitares abrasives, il devra se résoudre à se remonter les manches, pour chercher dans cette bouillie improbable les quelques pépites qui récèlent tout de même l'album. Sans casser trois pattes à un singe, fut-il arctique, "D Is For Dangerous" se laisse écouter. "This House Is A Circus" ravira sans doute les pavillons du fan obtu susnommé. A la rigueur, "If You Were There, Beware" connaît quelques moments de bravitude. "Balaclava" et "Old Yellow Bricks" itou.
Oui mais bon. Il sort quand, déjà, le prochain Hives?