Quel étrange groupe que
The Phantom Band. Ils nous livrent une
pépite discrète mais de haute volée, puis une
deuxième accompagnée de quelques lives confidentiels, poussant leur public à l’incompréhension. La nôtre aussi : comment livrer des morceaux de veine pop, rock qui soient mélodiques, progressifs, intelligents, sans en avoir le succès attendu ? C’est donc comme une troisième tentative vers la reconnaissance qu’ils sont de retour, respectant ce même processus de fabrication : on ne parle pas beaucoup d’eux, mais ils tapent fort. La preuve aujourd’hui avec
Strange friend, un album à nouveau mémorable, à nouveau réussi. Alors même si on apprécie le fait de connaître le groupe écossais de manière exclusive, on partage, ici, les raisons d’un succès qui devrait être mérité.
Toujours dans cet esprit indé,
The Phantom Band joue aussi facilement les alchimistes, adjoignant rock, pop et électro, de manière plus ou moins équitable, dans des compositions souvent justes. Les grosses guitares stoner prennent parfois le dessus ("Doom patrol") pour aussitôt calmer le jeu dans une ambiance folk ténébreuse ("Atacama", "No shues blues").
Strange friend représente un large éventail de ce que le groupe sait faire, confirmant leur virtuosité dans leur propre style. Un style cohérent d’un album à l’autre, rassurant pour leur public qui y trouvera ainsi tout ce qui fait le charme du groupe : jolies compositions, interprétation sans faute, renforcée par le chant de Rick Anthony, si particulière et attachante. Se prenant parfois au sérieux ("Galápagos", "(Invisible) friends"), d’autres fois non ("Clapshot"),
The Phantom Band compile dans ce nouveau disque un ensemble de titres variés pour des plaisirs qui le sont autant.
On est alors en présence d’un album complet et admirable sur de nombreux points. Mais plus que ça, Strange friend parvient à se rendre davantage accessible que ces deux prédécesseurs : moins de longs titres, pas de titre instrumental, moins de dissonances. L’un des groupes les plus inventifs du moment en outre-manche vulgarise son univers pour le rendre plus accessible, leur musique plus pop. Pas de quoi non plus rabaisser le niveau d’exigence, à l’image de "The wind that cried the world" ou "(Invisible) Friends" qui touchent là où The wants et Checkmate savage avait plus globalement plu.
Strange friend paraît alors beaucoup moins ambitieux que les deux premiers disques du groupe glaswégien. Il se trouve peut-être même être un peu moins prenant, moins captivant.
The Phantom Band parvient tout de même à faire opérer cette même magie qui a animé le groupe jusqu’ici, en respectant leur personnalité qui a su séduire par leur simplicité. Accessibilité de la musique et accessibilité du groupe, sans doute s’agit-t’il ici du cocktail gagnant pour enfin avoir la reconnaissance que les Ecossais sont en droit d’attendre depuis cinq années passées à s’offrir au public.