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The Brian Jonestown Massacre
Strung Out In Heaven
Produit par
1- Going to Hell / 2- Let's Pretend It's Summer / 3- Wasting Away / 4- Jennifer / 5- Got My Eye on You / 6- Nothing to Lose / 7- Love / 8- Maybe Tomorrow / 9- Spun / 10- I've Been Waiting / 11- Dawn / 12- Lantern / 13- Wisdom
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"Strung Out In Heaven" n'est certainement même pas le meilleur album du Brian Jonestown Massacre, image brumeuse entourant Anton Newcombe, version réussie et antérieure de Pete Doherty. Nous ne nous perdrons pas dans cette sorte de hype "junkie-déséquilibrée" portée par le long-métrage "Dig!", et qui ne peut refléter que partiellement et partialement la personne devenue personnage.
Pourquoi alors "Strung Out In Heaven" et pas "Take It From The Man!" par exemple ? Parce que l'album est paré de la meilleure pochette du monde ? Certainement, tant cette affiche de film noir et blanc déclinée sur le mode reflet - balle dans la crâne a sa place au panthéon. Mais aussi et surtout car la galette qui y est contenue est mésestimée, restant dans l'ombre (récente) faite par des enregistrements entendus plus souvent dans le film, devenu culte, précité.
Et pour les fans, remettons dans le contexte. 1998, l'enregistrement est déjà le septième à voir le jour, après l'insensée trilogie "Their Satanic Majesties' Second Request" – "Take It From The Man!" – "Thank God For Mental Illness" en 1996, et "Give It Back!" l'année suivante. La crème est encore réunie, bien que dans l'ensemble le "Dr." Newcombe sache s'entourer bien. On retrouve donc Matt Hollywood et Joel Gion, faux frères prenant le psychédélisme sans doute trop au sérieux, Jeffrey Davies, Dean Taylor, ou encore le très mignon magnétisme de Miranda Lee Richards.
Comme la quasi-totalité des albums de la formation, l'ensemble des morceaux utilise le spectre psychédélique exploré dans les années 1960, et redécouvert vingt ans plus tard. Tout s'écoute très bien; certaines pistes sont superbement nacrées et dépolies, d'autres sont agréables bien que paraissant faciles après écoute de la discographie du groupe ("Spun" par exemple).
Le disque, comme la bande de San Francisco nous y a habitué, possède sa personnalité propre, qualité faisant défaut à bien des albums, et ses différentes écoutes ouvrent des perspectives différentes selon l'humeur du moment. On n'a de cesse de découvrir tel petit détail capital, au milieu du pont de tel morceau par exemple. Et puis, bien sûr, il y a LES morceaux qui rentrent dans la tête et n'en sortent plus. Façon tempête insolente pour "Got My Eye On You" (chef d'œuvre mésestimé dans la carrière de la formation), ou démesurément lente montée dans la stratosphère pour "Wisdom". Une fermeture qui nous rappelle d'une part que les années 1980 ont apporté une marque indélébile au psychédélisme, et d'autre part que si, contrairement au cochon, chez Anton Newcombe tout n'est pas fondamentalement merveilleux, l'homme aura apporté une pierre considérable à l'édifice rock des années 1990, même s'il aura fallu attendre la décennie suivante pour le remarquer.