
Deep Purple
Come Taste the Band
Produit par
1- Comin' Home / 2- Lady Luck / 3- Gettin' Tighter / 4- Dealer / 5- I Need Love / 6- Drifter / 7- Love Child / 8- This Time Around / Owed To / 9- You Keep On Moving


Un arc en ciel et une étoile filante - ou vie et mort (dans un sens très littéral) du Mark IV. Pour ceux qui n’auraient pas obtenu un master en Deep Purple, les différents "Mark(s)" renvoient aux formations successives du groupe, la plus fameuse étant celle dite "Mark II", dissoute en 1973 avec le départ de Ian Gillan et de Roger Glover, remplacés par Glenn Hughes et David Coverdale. Le Mark III avait permis de montrer que le groupe pouvait se relever dans une toute autre formation, Burn et Stormbringer, sortis en 1974, étant deux albums d’une grande qualité. Malgré tout, Ritchie Blackmore quitte le groupe sur fond de désaccord esthétique, et d’ambition personnelle, qui l’amène à fonder Rainbow dès 1975. Deep Purple a donc besoin d’un nouveau guitariste, or remplacer le virtuose Blackmore n’est pas une mince affaire, au point qu’il aurait été question de mettre fin au groupe. Heureusement, la scène rock ne manquait pas de candidats remplaçants prestigieux, mais c’est finalement un jeune prodige issu de la scène jazz-rock qui intègre le combo : l’Américain Tommy Bolin. De ce Mark IV naquit Come Taste the Band, unique album d’une formation au destin tragique – en 1976, Bolin est retrouvé mort d’une overdose à Miami, avant même d’intégrer le club des 27.
Tommy Bolin aura néanmoins eu le temps de laisser sa pate virtuose et jazzy qui se marie parfaitement au registre funk-rock de Hugues, au profit d’un album original à défaut d’avoir su convaincre le public. Pourtant, comment ne pas succomber au tube "Gettin’ Tighter", mis en relief par le tropisme funk et le chant chaleureux de Glenn Hughes ? Tout aussi exaltante, la soul tamisée de "You Keep On Moving" noue la rencontre stylistique de Deep Purple avec Grand Funk Railroad, solo de claviers jazz-prog’ en plus. Très entraînant, "I Need Love" parvient à associer la nouvelle direction funky du combo avec le "son" de Deep Purple.
Il est vrai que l’esthétique de Deep Purple demeure bien présente, comme en témoigne le fabuleux "Love Child", un des grands moments de Come Taste the Band. De même, "Comin’ Home" est certes un boogie-rock très américain, mais Bolin a compris comment s’associer à John Lord pour apporter la touche Purpl-ienne du hard rock à claviers. Ce style est également bien revisité sur le sautillant "Lady Luck" et sur "Dealer", deux compositions assez classiques tout comme l’est le hard-rock "Drifter" : l’imperfection de cet opus vient surtout du nombre important de morceaux tout juste bons, sans grande qualité capable de les rendre mémorables. En outre, l’insondable "This Time Around / Owed to 'G'" est une étrangeté tantôt prog’, tantôt pop qui laisse dubitatif.
La mort de Bolin met non seulement fin au Mark IV, mais plus encore, elle met un terme au groupe qui se sépare en 1976. Hughes tente alors de relancer Trapeze puis poursuit sa carrière en solo, Corverdale commence la sienne, seul et avec Whitesnake, que rejoindra John Lord après une expérience en trio avec Ian Paice, Tony Ashton et Bernie Marsden. Sans compter Blackmore qui brille aux côtés de Rainbow, et les projets annexes de Ian Gillan et de Roger Glover, la famille Deep Purple multiplie ses ramifications, tandis que le groupe plonge dans un long sommeil jusqu’en 1984.
À écouter : "Love Child", "Gettin’ Tighter", "You Keep On Moving", "I Need Love"