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The Rakes
Capture / Release
Produit par
1- Strasbourg / 2- Retreat / 3- 22 Grand Job / 4- Open Book / 5- The Guilt / 6- Binary Love / 7- We are all Animals / 8- Violent / 9- T Bone / 10- Terror ! / 11- Work Work Work / 12- All Too Human


Un groupe british à mèches, un de plus. Les quatre compères londoniens de The Rakes se sont -ô surprise- rencontrés sur les bancs de l'école et ont gagné l'estime du public en assurant -ô nouveauté- les premières parties du groupe tendance du moment (Bloc Party en 2004). Du post-punk en bonne et due forme, certes, mais qui a su très justement capter le climat d'urgence fébrile du début du 21ème siècle. Difficile cependant d’avoir un avis définitif sur cet album aux mille épithètes potentielles. Expéditif, hagard, anguleux, rapide, anxiogène, survolté sont au hasard les adjectifs qui bourdonnent dans notre tête tout au long de l’écoute de la galette, alors que les titres se succèdent quasi sans pause.
Les textes se confrontent peu ou prou aux problèmes et aux perspectives de l'existence humaine, dans un quotidien dont les activités se résument à: "Work Work Work (Pub, Club, Sleep)". Au fil des morceaux, le quatuor brosse par touches impressionnistes le portrait de l'humain type des années 2000 : tour à tour animal ("We Are All Animals"), gamin qui s’ennuie ("Work, Work, Work") et citoyen apeuré par les récents attentats ("Terror"), il tente désespérément de reprendre le contrôle d’un rythme de vie qui lui échappe. La lassitude et l'indécision viennent achever ce tableau dans "Retreat" et "Open Book": “Pick up a book/ Put down a book/ Turn on the TV/ It's two AM/ There's nothing on/ I just need something to focus on". Assez ironique, par ailleurs, qu’une critique sur la vacuité des programmes TV devienne la musique -casse-bonbons à la longue- d’une célèbre marque de chaînes câblées.
Musicalement, les copains londoniens n’ont évidemment pas innové. Les mélodies sont catchy, les paroles restent facilement en tête et peuvent être aussi bien chantées par le hooligan anglais que par la midinette pré pubère. Sur tous les morceaux on retrouve un jeu de guitare incisif et hypnotique, un chant halluciné et une basse en pizzicato, le tout embarqué par une batterie en mode "ticking clock". Mais que prennent-ils à l'heure du thé ? Du Guronsan ? Fort possible, car durant 35 minutes le rythme pulse sans faiblir et atteint son paroxysme sur l'hystérique "Violent". Le jeu hypertonique des musiciens est palpable. On a presque mal pour eux.
Capture/Release, c'est donc l'histoire d'un type paumé qui empeste l'anxiété et qui tente désespérément d'échapper à une menaçante robotisation ("Despite the metal and wires/ I still have human desire" dans "Binary Love"). La confusion du deuxième millénaire, en somme. En tous cas, après tant d’urgence et de tracas, une petite sieste s’impose.