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Nazareth
Hair of the Dog
Produit par
1- Hair of the Dog / 2- Miss Misery / 3- Love Hurts / 4- Changin' Times / 5- Beggars Day / 6- Rose in the Heather / 7- Whiskey Drinkin' Woman / 8- Please Don't Judas Me

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En 1975, Nazareth parvient à réaliser ce que peu de groupes de hard-rock, mis à part Scorpions peut-être, ont réussi à faire : atteindre, au sein d’un seul album, des sommets sur les deux faces de ce genre musical, soit celle du morceau électrique au riff mémorable ("Hair of the Dog") et celle du slow langoureux ("Love Hurts"). Le premier leur vaut l’intervention d’Anastasie, qui vient faire jouer ses ciseaux sur le titre de l’album (et donc du morceau) : il devait initialement s’intituler "Son of a Bitch", en référence au refrain, mais devient "Heir of the Dog" (fils de chien) déformé en "Hair of the Dog" (plus sûrement pour adoucir encore le propos selon nous, que pour tirer profit d’un jeu de mots avec une expression britannique faisant référence aux cures alcoolisées contre la gueule de bois). Le deuxième, une reprise des très ringards Everly Brothers, sonne un peu comme du pré-Guns N’Roses et aura fait danser plus d’un slow, au point de s’installer petit-à-petit comme une référence en la matière.
C’est principalement grâce à ces deux titres que Nazareth obtient enfin la gloire et entre dans la grande histoire du rock, après une longue série d’albums d’une belle qualité n’ayant pas obtenu le succès mérité, bien que Razamanaz leur ait permis d’effectuer un premier décollage.
En 1975, le groupe prend ainsi la tête de la scène hard-rock du Royaume-Uni et vient même taquiner les limites du genre avec une puissance Heavy telle que les nouveaux venus de Rainbow peineront à égaler dans un premier temps ("Miss Misery"). Le potentiel tubesque est partout présent, notamment quand s’élance le zeppelinien "Changin' Times", au long final instrumental hymnique, ou quand arrive la reprise (passage obligé dans chaque album) du Crazy Horse "Beggars Day", supérieure à l’originale, d’autant plus qu’elle se voit augmenter du mélodique "Rose in the Heather".
Pour ne rien gâcher, la magnifique pochette signée David Fairbrother-Roe, octroie un registre fantastique à l’opus assez proche du rock progressif : sur le plan musical, "Please Don't Judas Me" en sera un écho, un mid-tempo à l’esthétique orientale-bluesy psychédélique, à la fois hypnotique dans son déroulé et épique dans les développements solistes à la guitare. Dans un tout autre registre, "Whiskey Drinkin' Woman" est bluesy et bien cadencé, affirmant une touche américaine plus pertinente que celle invoquée sur "Guilty", un titre soul et gospel aux chœurs envahissants – qui est le seul léger bémol de l’album.
Les États-Unis étaient moins un horizon musical que commercial, et le groupe parvient enfin à percer le marché américain qui le boudait jusqu’alors. Ce sera un chant de sirène car hélas, le groupe tentera de rebondir sur ce succès de la pire des façons, en proposant une musique plus apaisée et inspirée par des musiques aseptisés, soft-rock. Le résultat : deux albums assez faibles en 1976 – avant de rebondir à la fin de la décennie.
À écouter : "Hair of the Dog", "Please Don't Judas Me", "Changin' Times"